mardi 2 février 2021

Homélie 4ème dimancheB 2021 (31/01/2021)

Homélie 4ème dimancheB 2021 (31/01/2021)

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur

 Dt 18,15-20 ; 1 Co 7,32-35 ; Mc 1,21-28.

 « Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ?», me disait cette semaine une personne âgée alors qu’on parlait des difficultés actuelles. Comme si le Bon Dieu voulait se venger ! Alors qu’il nous donne les repères pour vivre au mieux. Comment nous enverrait-il le contraire de ce qu’il est car il combat le mal ? On en a un bel exemple dans l’Evangile de ce dimanche.

 Alors que Jésus fait une homélie dans la maison de prière, voici un homme sous l’emprise d’un esprit mauvais. Il s’adresse à Jésus  en disant: « Que nous veux-tu ? ». Jésus lui répond vivement, non pas en s’adressant au « nous » mais à l’esprit mauvais qui parle dans cet homme: « Tais-toi, sors de cet homme ! L’esprit mauvais sortit de l’homme ».  Celui-ci en disant : « Que nous veux-tu ? » n’était pas seul en lui-même. Un autre que lui, avait squatté la partie centrale de son être pour venir loger chez lui et agir à sa place. Jésus déloge cet esprit mauvais et rend à l’homme sa liberté, son espace intérieur personnel. Peut-être  cet homme avait-il laissé entrer cet esprit mauvais par faiblesse, par illusion d’une promesse mensongère de faux bonheur : « Si tu me laisses une place, tu sauras... tu seras... tu feras... tu verras... tu domineras... ». Ça nous rappelle, non seulement les origines de l’humanité, mais c’est aussi l’actualité de notre monde.

Il ne s’agit pas de voir le diable partout. Ses manifestations ne sont pas aussi spectaculaires que celles de notre Evangile. Le Bien est contagieux lui aussi, et surtout.

Oui, mais le mal existe. C’est souvent ce que nous voyons en premier quand nous ouvrons le journal ou la T.V. Nous en faisons aussi l’expérience en nous-mêmes. Nous sommes souvent tiraillés entre le Bien et le mal, ce que Saint Paul exprime à partir de sa propre expérience : « Je ne fais pas le bien que je voudrais et je fais le mal que je ne voudrais pas. » (Rm 7,19).

 Nous avons cependant en nous-mêmes un espace de liberté, toujours à élargir. Cet espace nous permet, avec la force du Christ et de l’Esprit de Dieu, de dire au malin, au mal : « Toi, tais-toi, tu n’es pas chez toi ». C’est la force de la liberté : même si nous avons eu la faiblesse, l’envie ou la curiosité de lui entrouvrir la porte. Il y a en chacun, chacune de nous, plus que nous-mêmes, plus que notre passé, plus que nos chutes et nos sorties de route. Ce plus de nous-mêmes n’est pas le mal, mais la grâce, la présence de Dieu. La grâce : la beauté, la bonté, l’amour, la fraternité, la paix de Dieu en nous.

Nous sommes d’abord images de Dieu et non images du mal. « Ma grâce te suffit » dit Jésus à Saint Paul, il savait à qui il parlait ! « L’être humain est beau parce qu’il vient du désir de Dieu » dit Sainte Catherine de Sienne. Nous venons du désir de Dieu et pas du désir du malin. Ce désir de Dieu sur nous, nous vaudra la victoire sur toutes formes de mal et de destructions humaines, par le don de l’Amour du Christ pour nous. N’abimons pas ce désir de Dieu en nous, dans l’humanité, dans nos relations.

 

« Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » me disait la grand-mère. Non, elle ne pensait pas que Dieu puisse se venger, puisqu’il est l’Amour. Elle avait, en Dieu, une grande foi et confiance.... Tout simplement, elle avait de la peine pour Dieu lorsqu’il voit ses enfants dans la peine et la souffrance. Avant de nous quitter, je lui ai dit : si vous regardez la messe à la T.V. dimanche (elle  m’avait dit qu’elle le faisait), lisez sur votre « Prions en Eglise » l’Evangile de ce jour : Jésus chasse le mal, il guérit, il relève, il redonne la vie. Il a fait ça toute son existence parmi nous.

Notre Baptême est un engagement à combattre toutes formes de mal avec Jésus. Dieu combat le mal. Il ne remplace pas la recherche scientifique, ni les lois de la nature, ni la responsabilité des hommes. Il peut changer nos cœurs, éclairer nos esprits, nous donner la force de vivre selon son désir, surtout celui de vivre en frères.

 

Aucun commentaire: