Homélie 6ème dimanche de Pâques année B. 09 mai 2021

Homélie 6ème dimanche de Pâques année B. 09 mai 2021

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint-Maur

 Ac 10,25-26.34-35.44-48; 1 Jn 4,7-10; Jn 15,9-17

 "Aimez-vous les uns les autres!". Vous connaissez cette Parole! Oui, bien sûr, tout le monde la connaît, on la cite de temps en temps en oubliant généralement la suite : "Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés".

Il y a plus de 2000 ans, Jésus a fait de cette Parole son Testament, le signe distinctif auquel on peut reconnaître ses fidèles, il en a fait LE Commandement, SON Commandement : "Voici ce que je vous commande, vous aimer les uns les autres". Ce n'est pas une matière à option. C'est le grand désir de Dieu, pour lequel Jésus a donné sa vie.

Récemment, le Pape François a réactualisé pour aujourd'hui ce désir de Dieu et ce Commandement de Jésus, par une Lettre adressée au monde : "Tous frères".

Actualité et urgence de ces Paroles de Jésus, alors que cette semaine la "une" des évènements et des informations était remplie par des violences, des meurtres, des divisions, des haines... En nous, chez nous aussi, nos cœurs sont durs, nos relations parfois difficiles, nos esprits fermés...

Pourtant, tous, chrétiens ou non, nous désirons aimer, être aimé, vivre en paix, en bonne relation. Que de fois on entend, peut-être le disons-nous aussi : "Qu'est-ce que je donnerais pour qu'on se reparle, pour qu'on s'entende, se comprenne, pour qu'on arrête non seulement les guerres mais les "guéguerres" qui détruisent et pourrissent la vie". Nous désirons vraiment aimer, nous aimer. C'est inscrit au plus profond de notre être par le Créateur, et pas par le démon, pour être la base de l'existence.

 Pourtant, dans le quotidien de nos vies, nous faisons l'expérience des difficultés de nous aimer et parfois, de l'échec. Les difficultés et les échecs en ces domaines ne se traitent pas à coup de jugements. "Je ne suis pas venu pour juger le monde, dit Jésus, mais pour le libérer", pour ouvrir des chemins et du sens à l'existence, à l'Amour, à la vie ensemble.

Un chemin pour avancer dans la difficulté d'aimer se trouve précisément dans ce petit mot : COMME. "Aimez-vous COMME je vous ai aimés, COMME Dieu vous aime".

La nouveauté du Commandement de Jésus n'est pas dans "Aimez-vous", cet appel existe dès l'origine de l'humanité, la nouveauté est dans le "COMME je vous ai aimés". On n'aime pas les autres, ses proches, ses amis, comme on aime, ou comme on adore disons-nous maintenant, le chocolat, le cinéma ou le ski etc..... "Comme je vous ai aimés", pas pour posséder, pas pour utiliser ni pour dominer, ni pour son soi à soi! Mais, aimer pour l'autre, pour les autres, pour que la vie ensemble soit plus belle et meilleure. Si il n'y a pas de gratuité dans l'Amour, ce n'est pas aimer c'est marchander.

Aimer comme le Christ, comme Dieu, est une affaire de don de soi "se donner soi-même" selon la belle et forte expression de Sainte Thérèse de Lisieux, donner de soi, de ce qu'on est, du meilleur de nous-mêmes et aussi de nos pauvretés. C'est ça qui rend heureux, ceux qui donnent et ceux qui reçoivent, et ce sont les mêmes. Chacun reçoit et donne. C'est cet échange de don qui donne sens, vérité et solidité à l'Amour. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". C'est ce que Jésus a fait. C'est le résumé de cet Evangile. Donner sa vie n'est pas seulement se faire tuer, c'est donner de soi gratuitement, simplement, parce qu'on aime.

 Saint Jean, dans la première lecture, fait une très belle homélie sur cet Evangile."Aimons-nous les uns les autres puisque l'Amour vient de Dieu". Continuons quelques instants en accueillant dans notre cœur ces Paroles de Saint Jean sur quelques notes de kora: "Dieu est Amour... Celui qui aime est né de Dieu. Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu... Car Dieu est Amour... Dieu notre Père... Source de tout Amour."