Homélie Dimanche de la Sainte Trinité. Année B. 30 mai 2021

Homélie Dimanche de la Sainte Trinité. Année B. 30 mai 2021

 Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON

 Dt 4, 32-34.39-40 ;  Rm 8, 14-17 ;  Mt 28, 16-20

  Est-ce que vous avez des souvenirs de votre catéchisme à propos de la Sainte Trinité ? C’est peut-être loin ! Et compliqué ! 1 + 1 + 1 ça fait 1 ! Et ça fait 3 en 1 !…

En fait, c’est plus simple. La Trinité est la réponse à la question : “Qui est Dieu ?”.

Qui est-il, le Dieu en qui nous croyons ? Est-ce que ça a à voir avec notre vie ? Est-il “le grand solitaire des mondes et le grand horloger”, comme disait Voltaire ? Est-il ce vieillard barbu qui tient le cahier des punitions, et des entrées ?

 Sainte Bernadette de Lourdes ne savait pas lire, ni écrire, et avait du mal à retenir son catéchisme. A la question : “Qu’est-ce que Dieu ?”, elle répondait : “C’est quelqu’un qui nous aime”. Voilà la vraie définition de la Sainte Trinité. Sans le savoir, elle redisait à sa manière l’identité de Dieu donnée par Saint Jean : “Dieu est Amour”. La Trinité est la carte d’identité de Dieu : “Quelqu’un qui aime”.

“Je crois en un seul Dieu”, disons-nous dans le credo, ce qui ne veut pas dire : croire en un Dieu qui est seul. Dieu est relation, partage, amour, c’est son être. Je crois en Dieu le Père, en son Fils Jésus, en l’Esprit Saint. Ils sont tellement unis qu’ils ne font qu’un ! Cet Amour, il nous le communique, nous sommes faits sur ce modèle d’origine : nous sommes des êtres de relations pour nous aimer les uns les autres - c’est aussi notre identité et notre appel pour ressembler au modèle ; à l’image de Dieu nous sommes faits. Nous le rappelons chaque fois que nous traçons sur nous le signe de la croix. Nous sommes habités de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Nous sommes baptisés sous cette appellation. L’Evangile de ce jour nous le rappelle.

Le signe de la croix peut devenir un geste machinal. C’est le signe de l’identité de Dieu, c’est notre signe d’appartenance. Il nous engage. Ce geste enveloppe tout entier notre corps, notre être ; il nous relie à Dieu Trinité et il nous relie aux autres. Le point de rencontre des dimensions verticale et horizontale du signe de la croix, c’est le coeur, où se rejoignent l’accueil de l’Amour de Dieu et la source de l’amour à redonner pour les autres.

La Trinité n’est pas un problème pour étudiant ou professeur en théologie. C’est notre vie, au quotidien. Saint Augustin l’exprime simplement : “Quand tu vois la charité, tu vois la Trinité”. Ce que dit aussi simplement Paul Claudel : “La charité, c’est la pratique de la Trinité”. Dieu est Trinité pour que nous soyons nous-mêmes Trinité : des personnes en relations, en fraternité, à l’image de Dieu.

“Nous sommes appelés, dit le Pape François, à vivre non pas les uns sans les autres ou les uns contre les autres, mais les uns avec les autres, les uns pour les autres”. “Nul n’est une île”, écrit un moine contemplatif, Thomas Merton. L’ermite le plus isolé est toujours relié à d’autres.

Dieu Trinité n’est pas un raisonnement d’idées. C’est ce que nous avons à essayer de vivre dans nos quotidiens.

C’est bien que la fête des mamans tombe le dimanche de la Sainte Trinité : la fête du don, du soin, du partage, de la vie, de l’amour, de l’accompagnement, ce qui ressemble à Dieu Trinité, comme une maman. La preuve, c’est qu’il a voulu avoir une maman. Et il y a tellement de manières, pas seulement physiques, d’aider la vie, de faire grandir, de prendre soin, de servir les trésors du coeur humain…

Je laisse les derniers mots à une soeur carmélite de Dijon dont le nom est tout un programme, Sainte Elisabeth de la Trinité : “Ce qui fait ma vie, écrit-elle, c’est de croire qu’un Etre qui s’appelle l’Amour, habite en nous et qu’il nous demande de vivre en relation avec lui, en partage”, avec lui et avec les autres. Pour que nous soyons Trinité les uns pour les autres, à la ressemblance de Dieu Amour, Père, Fils et Saint Esprit.