dimanche 10 octobre 2021

Homélie 28ème dimanche B 10 octobre 2021

Homélie 28ème  dimanche B 10 octobre 2021

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint-Maur

 

 Sg 7,7-11 ; He 4,12-13 ; Mc 10,17-30

 

« Qu’est-ce qui nous manque ?... On a tout ce qu’il faut : maison, santé, travail, enfants et couple et ça va bien. Pourtant, on sent qu’il nous manque quelque chose... On ne sait pas trop quoi ?... On se replie un peu sur notre petit train-train, le petit cercle d’amis, notre petit confort... ça ne nous suffit pas... »

C’était la lettre d’un couple dont j’avais célébré le mariage, il y a quelques années. Ils étaient à la recherche de quoi ?... On dirait, d’un plus à la vie, non pas de posséder plus, ni d’avoir plus, mais ils étaient à la recherche d’une certaine qualité intérieure de vie, d’être, d’un plus de sens, d’un meilleur. C’est souvent difficile à exprimer. Il s’agit d’un désir intérieur profond.

C’est le cas de cet homme, dans l’Evangile, courant au devant de Jésus. Apparemment, il avait tout pour être heureux. Il avait de grands biens, il pratiquait tous les Commandements de Dieu depuis sa jeunesse... Pourtant, il demande à Jésus : « Que faut-il que je fasse pour avoir la vie éternelle ? ».

La vie éternelle, c’est la vie tout court, dans les situations qui sont les nôtres et ce qui rend heureux d’exister, c’est pourquoi on voudrait que ça dure toujours, éternellement... Parce que la vie est animée, il y a une âme, un sens, une présence, un désir au fond de nous même : d’être meilleur.

Ce désir est déjà éternel, ici bas, et il sera totalement et éternellement réalisé en Dieu pour qui nous sommes créés. Nous sommes des êtres de Désir (avec un grand D), nous venons du Désir de Dieu. Un grand Désir auquel nous aspirons, sans trop le formuler, et qui se manifeste ici bas par un manque. Notre vie, ici-bas, ne comble jamais ce Désir inscrit dans notre être, celui d’une vie en plénitude, totale... et qui dure.

 

Cet homme, au pied de Jésus, était en règle. « Il faisait ce qu’il fallait », comme on dit. Il aspire à un plus. Jésus ne commence pas à lui faire la morale : « Jésus posa sur lui son regard et il l’aima! ». Un regard qui en disait long et qui contenait la réponse à sa demande. Jésus ne jette pas sur lui un coup d’œil rapide, pressé et qui colle tout de suite une étiquette sur l’autre. Jésus, délicatement, avec tendresse et respect, prenant le temps, posa son regard sur cet homme et l’aima.

Poser notre regard. Un regard qui aime appelle toujours à plus. Un regard qui juge paralyse toujours.

Ce regard de Jésus dit à cet homme : « Tu as tout ce qu’il faut, c’est vrai. Tu voudrais un plus. Une seule chose te manque : Vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et viens avec moi, tu auras un trésor » : ce que tu désires au plus profond de toi. Cet appel n’est pas à prendre à la lettre par tous, mais tous nous avons à nous débarrasser des encombrants qui étouffent notre Désir intérieur.

On peut être bien encombré de soi-même, de son orgueil, de sa susceptibilité, de sa petite personne etc...,  de tout ce qui empêche une vie pleine, totale, heureuse.  C’est peut être plus facile de se désencombrer des choses matérielles que de ce qui, à l’intérieur de nous-mêmes, ralentit ou abolit notre désir de vivre mieux et meilleur. C’est difficile de se désencombrer intérieurement. Notre homme, aux paroles de Jésus, « devint sombre et s’en alla tout triste car il avait de grands biens », pas seulement matériels.

 

La peur de perdre ou de quitter ce qu’on a peut nous empêcher d’aller vers ce qu’on est. « C’est difficile », dit Jésus, c’est la fin de cet Evangile. « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu ». Pour réaliser ce grand Désir de vivre qu’il a mis dans nos cœurs.

 

 

 

 

 

 

 

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