jeudi 12 février 2015

12 Février 2015, Quelques pistes de réflexion

12 Février 2015, Quelques pistes de réflexion
P JM Bouhans
Dans l’évangile de Marc, Jésus passe la frontière au nord de son pays pour aller dans la région de Tyr et de Sidon. Une première fois, il était parti à l’est : c’était la rencontre avec le possédé de Gérasa et l’épisode des cochons. Maintenant, Jésus veut rester discret. Et une syro phénicienne va perturber ce projet. Comme Jésus cette femme semble en déplacement. Elle se jette aux pieds de Jésus. Elle se trouve liée à deux autres personnages : sa fille qui est possédée par un esprit impur. Syro-phénicienne de naissance, elle est donc grecque et païenne totalement étrangère et donc liée à l’impur.

Et tout à coup, on parle plus des personnages (Jésus, la femme, sa fille et l’esprit impur) La conversation bifurque ; on quitte le monde de l’exorcisme pour aller du côté de la vie domestique : Jésus répète un phrase qui n’est pas de lui. « Ce n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens ».La femme dit alors ce qui lui sort du cœur : « les petits chiens sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ». Elle ne s’oppose pas à Jésus mais elle reformule à sa manière : il ne s’agit pas de prendre le pain ou de le jeter mais de manger ; elle ne parle pas des enfants mais des petits enfants. Elle parle comme Jésus de petits chiens. Elle ne raisonne pas à partir des généralisations populaires ; elle parle de son univers avec beaucoup de diminutifs : elle est venue pour sa fille et sait même ce qui se passe en dessous de la table, du côté de la discrétion, et Jésus justement voulait rester discret. Et Jésus prête attention à la parole de cette femme – il ne parle même pas de sa foi – simplement de sa parole. D’ailleurs cet épisode qui vient après un premier partage du pain en terre juive sera bientôt suivi d’un autre partage - non pas de quelques miettes – mais un partage du pain et, cette fois, en terre païenne. Tout change pour cette femme et sa fille, et aussi pour Jésus. Quelque chose nait dans la rencontre de cette femme avec Jésus

La première lecture nous présente aussi une rencontre homme/femme, un texte bien connu et riche de sens. L’auteur biblique parle avec finesse de la relation homme/femme mais peut aussi éclairer toutes nos relations humaines. L’homme n’a pas assisté à sa propre création et ne sait rien donc de son origine. Et l’auteur de la Bible nous dit qu’il n’assiste pas davantage à la création de la femme : « Dieu en effet fit tomber sur lui un sommeil mystérieux… ». Dans toute relation, nul ne sait rien de l’origine de l’autre… : ils sont un « mystère » l’un pour l’autre. L’un est l’autre ne se choisissent même pas : il leur suffit de se recevoir - l’un l’autre… - pour faire route ensemble…

 

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