dimanche 1 juillet 2018

Homélie du 13ème Dimanche année B


Homélie du 13ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson

      
            Ce n’est pas toujours très facile de croire à notre époque. Non pas que nous soyons soumis à des persécutions violentes, comme certains chrétiens dans le monde. Mais, plus sournoisement, nous sommes affrontés à l’indifférence, pris par des sollicitations nombreuses et diverses, nous rencontrons un certain nombre d’obstacles, qui tiennent de la vie, qui peuvent nous décourager ou étouffer nos convictions profondes et nous éloigner pas forcément de la foi mais de certaines pratiques.

            La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose le récit de deux personnes dont la foi a traversé les obstacles, et la Vie a repris. Ce message nous invite à la persévérance, à la confiance, inséparables de l’Espérance dont nous avons besoin aujourd’hui.
            Une femme malade, ayant entendu parler de Jésus, veut seulement toucher discrètement, par derrière, son vêtement, alors que Jésus est écrasé par la foule. « Si j’y arrive, je serai guérie ! » Elle a confiance. Son attente est grande. Elle y arrive. Et Jésus, sentant qu’il s’était passé quelque chose, veut la rencontrer.
Aux yeux de Jésus, nous ne sommes jamais des personnes anonymes. C’est un des fondements de la confiance. Par cette démarche, cette femme, craintive, malade depuis longtemps, franchit les obstacles en elle-même et autour d’elle. Elle ose. Alors, elle peut s’entendre dire : «  Ta foi t’a sauvée. Va en paix, sois guérie de ton mal. » Jésus lui donne la paix, la santé du coeur en même temps que celle du corps. Sa confiance et sa persévérance étaient grandes.
            Il ne s’agit pas pour nous de reproduire ce récit dans sa réalité. Mais de nous en inspirer pour fortifier notre foi. Saint Augustin, faisant le commentaire de cette rencontre, écrit : « Croire, c’est toucher avec le coeur. Cette femme, qui a touché un pan du manteau de Jésus, elle l’a touché par le coeur, car elle a cru.» 
            La foule presse Jésus, mais la foi, la confiance le touchent.

            Et pendant cette rencontre, un homme attend, boulversé. Sa fille de 12 ans est en train de mourir. Malgré la foule, il parvient à arriver jusqu’à Jésus : « Viens pour qu’elle vive ! » Jésus part avec cet homme: En chemin, on vient leur annoncer : « Ta fille est morte. Plus besoin de déranger le maître ! » Est-ce que l’on s’arrête ? Tu repars ? C’est fini ! A cet homme accablé, les mots de Jésus : « Ne crains pas, crois seulement ! » Faire confiance. Arrivés à la maison, c’est l’agitation, les bruits, les pleurs, les moqueries : « Il dit qu’elle dort ! » Et Jésus prend la main de l’enfant : « Talitha koum. Jeune fille, lève-toi ! » Elle se lève. Il leur dit : « Donnez-lui à manger ! »
            Là encore, il ne s’agit pas de revivre ce récit dans sa réalité. Il nous est donné pour nous dire l’essentiel : la confiance, la foi qui persévère produit un quelque chose, le plus souvent invisible mais réel : nous pouvons nous appuyer sur un Autre (avec un grand A) que nous-même pour affronter les obstacles qui barrent la confiance intérieure, la foi. Ces obstacles rencontrés par Jaïre et par cette femme malade sont semblables à ceux que nous rencontrons : la difficulté d’aborder Jésus - rendu si souvent inaccessible, les obstacles que sont l’agitation, la dispersion, les multiples sollicitations extérieures et intérieures qui étouffent les paroles et la présence, porteuses de vie et de guérisons intérieures. Les obstacles du découragement, attisé par les moqueries : « Que peut-il bien faire, elle est morte ? C’est fini ! » Le plus dur obstacle est la désespérance. On s’arrête. C’est l’arme suprême du malin, du démon : vouloir user jusqu’à l’énergie vitale la plus forte, celle de Dieu en nous !

            Avant de tendre la main à la jeune fille, Jésus met tout le monde dehors. Bien sûr, car il s’agit d’une oeuvre intérieure, du dedans. Alors, une main se tend, « lève-toi! » Cette main se tend pour nous. Pour nous faire dépasser les obstacles, pour tenir. Parce que, comme nos deux amis,  nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes. Nous n’avons pas en nous seuls la source de la vie, de la guérison intérieure, du secret de la joie. Nous pouvons seulement la recevoir de la main de Dieu.

            Le Père Charles de Foucauld, repensant à la période de sa vie mondaine priait ainsi : « Quand ma vie commençait à être une mort », « Mon Dieu, comme vous aviez la main sur moi, et comme je la sentais peu! »

            Prenons, sentons cette main, posée sur nous, que Dieu nous tend par son Fils Jésus-Christ !
            « Koum ! Lève-toi … et marche ! »

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