dimanche 12 décembre 2021

Homélie 3ème dimanche de l’Avent C

Homélie 3ème dimanche de l’Avent C. 12 décembre 2021

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur

 So 3,14-18a ; Ph 4,4-7 ; Lc 3,10-18

 « Y’a de la joie ! Y’a de la joie ! » chantait Charles Trenet.

« C’est pas la joie !» répond le refrain d’aujourd’hui devant les évènements et les situations actuelles.

 « Soyez toujours dans la joie ! » ce sont les premiers mots de la messe de ce 3ème dimanche de l’Avent où, par 13 fois dans la Parole de Dieu il est question de se réjouir.

N’est-ce pas inconvenant, même déplacé, d’être joyeux alors qu’il il y a tant de raisons, ces temps, d’être tristes et de nous lamenter ?

Les chrétiens ne sont pas sur une autre planète que les autres.

« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, sont aussi ceux des disciples du Christ » nous rappelle le Concile Vatican II. Nous sommes aussi atteints par les causes des tristesses de ce temps.

Alors, quelle est cette joie à laquelle nous invite la Parole de Dieu de ce dimanche ? Quelles sont les raisons qui peuvent nous rendre joyeux ?

Le chrétien est quelqu’un qui a un secret dans le cœur. Notre joie vient de ce secret intérieur. Cette joie se manifeste de bien des manières : pas d’abord, ni principalement, de façon extérieure, bruyante et superficielle, bien que cette joie puisse aussi se dire et se communiquer par des expressions festives.

Notre joie prend sa source dans le terrain de notre foi au Christ et de sa présence. Jésus, le Christ, au Mont des Oliviers, a laissé jaillir de son cœur abattu : « Mon âme est triste à en mourir ! », comme ça peut aussi nous arriver dans les moments d’échec, de nuit, d’abandon. Ce même Jésus est relevé, rendu à la vie, à l’aube de ce jour où se lève la lumière, où la vie reprend, où les espoirs renaissent avec la joie parce que la nuit les ténèbres sont vaincues.

 « Je vous dis cela », dit Jésus, « pour que vous ayez en vous la joie, que cette joie soit complète. Cette joie, personne ne pourra vous la voler ».

La joie des chrétiens dont nous avons à témoigner, n’est ni une naïveté, ni un déni de la réalité, ni une évasion des soucis. Cette joie est comme une source d’eau vive, comme un parfum de vie et d’avenir. Elle est la signature de Dieu sur nos vies, un secret à partager, comme une petite lumière, au fond de nous-mêmes. Cette joie ne s’éteint pas au premier courant d’air, au premier claquement de porte ni au premier vacillement d’une flamme fragile. Cette petite lumière de la joie, parfois comme une veilleuse, parfois comme un spot, s’allume quand un peu d’espoir se fait jour dans les mauvaises nouvelles, quand il fait bon se rencontrer, quand on se sent en accord avec soi-même malgré les jugements extérieurs, quand ce qui est beau, ce qui est bon, vrai, juste, nous fait du bien à nous et autour de nous. Cette joie discrète, joie profonde, se fait un passage à travers les terres arides, les pierres inhospitalières de nos cœurs et des autres. Cette joie du Christ et de l’Evangile surgit quand des paroles, des gestes, des actes aimants, dégagent ce qui empêche cette joie de sortir au jour et d’irriguer nos vies.

 L’invitation à la joie de ce 3ème dimanche de l’Avent, loin d’être déconnectée de la vie est au contraire une bonne vitamine, une vitamine « J » comme Joie, comme c’est indiqué sur la 3ème bougie que nous avons allumé tout à l’heure... 

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur » demande Saint Paul dans la 2ème lecture. Nous devons à notre temps ce témoignage joyeux, celui de la présence aimante du Christ. Il est avec nous, au cœur de nos vies et au cœur du monde : ouvrons lui grand nos cœurs, en ce Noël bientôt. Cette joie d’une présence, personne ne pourra nous la voler.

 

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