lundi 8 juillet 2019

Homélie 14ème dimanche TOC 2019


Homélie 14ème  dimanche TOC 2019
Carmel de St Maur - Père Maurice BOISSON

Is 66,10-14c; Ga 6, 14-18; Lc 10,1-12.17-20.

Ils n'y arrivent pas, les 12! La tâche qui leur est confiée est immense : faire connaître le Christ et l'Evangile à toutes les nations! "C'est un gros chantier", dit Jésus, "et les ouvriers sont peu nombreux..." .C'est pareil chez nous aujourd'hui. On devra bien se faire à l'idée de recommencer l'annonce de l'Evangile à une société qui, peu à peu, perd les bases, les références, les pratiques chrétiennes...

Alors Jésus en désigna encore 72. 72, dans le livre de la Genèse correspondait aux peuples connus en ce temps. C'est aussi 6 fois 12, le groupe des apôtres correspondant aux 12 tribus d'Israël. En résumé, les 72 : c'est tous, c'est nous. Nous avons reçu, à notre Baptême et Confirmation, l'Esprit Saint pour vivre et témoigner du Christ et de l'Evangile.
"Je vous envoie" dit Jésus. Envoyé mais où?... "Envoyé" évoque partir, aller au loin...
Comme notre voisin de Bornay Saint Pierre-François Néron parti au Tonkin, notre ami Gaby Maire au Brésil, actuellement le Père Popon de Dole au Japon, le Père Nachon dans une Île de Guadeloupe, les religieuses parties des Philippines, d'Afrique et d'autres Carmels pour venir chez nous etc... Et nous? Nous sommes là,  dans notre famille, notre village ou notre ville, dans ce monastère, avec notre métier, nos relations, nos activités... Et nous sommes envoyés! Sur place, là où nous sommes plantés, pour faire fleurir des fleurs et mûrir les fruits de l'Evangile et de la présence du Christ. "Je vous envoie... là où vous êtes...". "Là" est le lieu de votre témoignage...

Ensuite, Jésus ne cache pas à ceux qu'il envoie, loin ou ici, les difficultés qui les attendent. Il les prépare à ne pas toujours recevoir un bon accueil... Là-bas où ici. Bien sûr on n'est pas ici, comme dit Jésus, "comme des agneaux au milieu des loups". (Entre-parenthèse nous pouvons être nous-même aussi des loups pour les autres). Aujourd'hui, la difficulté de témoigner, de communiquer et de transmettre notre foi et nos convictions, nos valeurs, se heurte à l'indifférence, à une mentalité utilisatrice et à une perte de la dimension humaine et spirituelle de l'existence.

"A quoi ça sert d'aller à la messe? De faire baptiser le petit? De passer des heures à prier? À quoi ça sert de se marier à l'Eglise et d'aller au caté?... Il vaut mieux aller à la danse, à la musique, etc. Vous connaissez mieux que moi ces difficultés... Malgré tout, on essaie de partager nos convictions... Et nos convictions, si elles sont vécues, elles marquent toujours.

Envoyé, ici ou là-bas, dans une société pas facile d'accueil de la foi chrétienne, pour dire et faire quoi? "Dites d'abord : Paix à cette maison et guérissez les malades qui s'y trouvent". Dans votre propre maison, ayez cette attitude de Paix intérieure sans laquelle on ne peut rien entendre, ni accueillir, parce qu'on est bloqué dans le refus. Comme Jésus "l'envoyé", le témoin, ne  s'impose pas. Il est proposition et, si possible, proposition crédible, en vivant lui-même ce qu'il propose. Dites : "Paix à cette maison". Soyez vous-même la Paix. Soyez vous-même pacifié" pour créer les conditions d'écoute, d'annonce, de ce que vous voulez transmettre. Cela suppose, c'est la dernière consigne de Jésus : de s'alléger! Gardons l'esprit de ce que nous demande Jésus, plus fort que la lettre que nous ne pouvons appliquer aujourd'hui : On a besoin d'un peu de monnaie dans son sac, de chaussures ou de vêtements. C'est l'esprit qui est plus difficile : nous alléger de nos habitudes, de nos certitudes, de nos vérités toutes faites, de nos paraîtres, de nos carapaces... 
"Voici que je vous envoie". "Envoyés" nous le sommes - nous y sommes- dans le quotidien de notre existence de chaque jour. C'est là que nos noms s'inscrivent chaque jour, pour toujours, dans le cœur de Dieu.

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