Homélie du Saint Sacrement. Année A.

Homélie du Saint Sacrement. Année A.

Dt 8, 2-3, 14b-16a ; 1 Co 10, 16, 17 ; Jn 6, 51-58.

Père Maurice BOISSON – Carmel de Saint Maur.

 Les repas tiennent une place importante dans la vie, pour se nourrir, les préparer, faire les achats…Mais les repas sont des moments importants de convivialité, de rencontre, de fête. Ce n’est pas pareil de manger seul un sandwich dans un hall de gare et de partager un repas en famille ou entre amis.

 Dans l’Evangile, Jésus a toujours le souci que les gens venus l’écouter, aient à manger. On se souvient de la multiplication des pains. Au cours d’un repas, le dernier qu’il prenait avec ses amis avant d ‘être arrêté et condamné, Jésus leur livre son testament et leur donne la signification de sa mort. Son testament : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Le sens de sa mort : c’est le « comme je vous ai aimés », jusqu’au bout, jusqu’à donner ma vie par amour pour tous. Ce pain, ce vin, c’est ma vie donnée, c’est moi, dit Jésus. Je me donne à vous en nourriture pour que vous aimiez comme je vous ai aimés. L’Amour est don ou il n’est pas. Le don de l’amour devient nourriture.

 La fête d’aujourd’hui, du corps livré, du sang versé de Jésus, est la fête de l’amour donné. Elle nous rappelle qu’on ne vit pas seulement de nourriture et de biens matériels, ceux-ci sont nécessaires, mais nous avons besoin aussi de nourrir tout ce que nous sommes : notre vie intérieure, notre cœur, notre esprit, nos sentiments, nos pensées, nos choix de vie, notre amour mutuel…Tout notre être a besoin d’être nourri, fortifié, vitaminé parfois, sinon une part de nous-mêmes, souvent la meilleure, s’affaiblit et peut s’éteindre.

C’était une ruse du démon, quand au désert il s’est approché de Jésus qui avait faim, pour le tenter : « Tu vois toutes ces pierres, tu peux en faire des pains ! ». « On ne vit pas seulement de pain », lui répond Jésus. Et comme on dit, on ne vit pas seulement d’amour et d’eau fraîche.

N’oublions pas que nous sommes un : corps, chair, esprit, âme, relation…Tout notre être a besoin d’être nourri.

 La nourriture que Jésus nous donne est celle de la source de l’Amour. La source donne l’eau vive, irrigue les terres desséchées, se faufile à travers les rochers, et jaillit en eau vive pour nourrir nos vies. Cette source, c’est le cœur de Dieu qui est Amour.

Une source n’est pas faite pour stagner mais pour donner. Jésus nous donne sa vie en nourriture pour que nous devenions nourriture pour les autres. On ne peut pas donner sa vie tous les jours comme un héros mais on peut le faire par des petits gestes quotidiens. C’est important de donner un morceau de pain à celui qui a faim, c’est important aussi de donner de ce que nous sommes, du meilleur de nous-mêmes, de ce qu’il y a de richesses en nous, de nos richesses, de nos beautés intérieures, nous en avons tous : un regard aimant, un sourire, un temps donné à écouter, à encourager, à faire un geste bienveillant,…

 « Devenez ce que vous recevez », dit Saint Augustin. Nous recevons de Dieu le don de l’Amour pour le redonner à notre tour. Le pain non partagé rassit et…moisit.

Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, Carmélite morte en déportation à Auschwitz, voyait dans l’hostie de la messe : « le cœur de Dieu qui bat pour tous les humains », pour que notre cœur batte au rythme de l’Amour de Dieu.

« Faites cela en mémoire de moi » nous dit Jésus. Faisons-le maintenant dans cette Eucharistie.