samedi 30 mars 2024

Vendredi saint 2024 – Année B – Carmel

 Vendredi saint 2024 – Année B – Carmel

Père Patrick Gorce

Aujourd’hui, Jésus, celui que notre cœur aime, est torturé et crucifié. La violence est extrême. Le Christ vient rejoindre les abîmes de la solitude et de la souffrance de tout être humain. Il nous aime jusqu’au bout. Il épouse notre humanité jusqu’au bout.

Alors les ténèbres se font sur la terre et elles sont épaisses et profondes. Où trouver la lumière ? Jésus est la lumière du monde mais là, sur la croix, il accomplit la prophétie d’Isaïe : « Il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un homme. » Où trouver la lumière ?

Posons notre tête sur la poitrine de Jésus crucifié. Nous entendons battre son cœur de plus en plus lentement. Jésus nous offre son dernier souffle et son cœur s’arrête. Grand silence. Mais ce silence n’est pas angoissant. Pourquoi ? Parce que Jésus a eu cette dernière parole : « Tout est accompli. » Jésus a atteint le but : sa mort qui nous donne la vie. La mort devient passage. Et l’amour ne s’est pas éteint avec l’arrêt des battements du cœur de Jésus. Pour preuve, ce cœur devient source abondante de vie (Jn 10,10) une fois transpercé par la lance. Et parallèlement il y a aussi le dernier souffle de Jésus qui continue à se répandre encore aujourd’hui en nos cœurs. Ce dernier souffle nous rappelle la brise légère par laquelle Dieu se rend présent devant Elie à l’Horeb…

Quand le cœur de Jésus s’arrête de battre, nous comprenons que c’est ici que nous trouvons la vraie lumière : ce cœur silencieux nous fait entrer dans une vie plus forte que le péché et la mort, ce cœur silencieux nous fait entrer dans la douceur et la paix de la Trinité même.

Nous comprenons pourquoi certains sculpteurs ont représenté Jésus mort en croix le visage souriant. Ce n’est pas une provocation, c’est pour nous faire comprendre que le silence qui suit la mort de Jésus n’est pas un silence de mort mais un silence de vie, pas un silence d’absence mais un silence de présence. Comme l’a écrit saint Jean de la Croix : « Quel silence dans ce cœur divin ! » « Le Père n’a dit qu’une parole qui est son Fils (Jn 1,18), et il la dit toujours dans un éternel silence et c’est dans le silence que l’âme l’entend (Sg 18,15) ».

Chers frères et sœurs, reposons encore aujourd’hui sur la poitrine de Jésus. Écoutons ce cœur silencieux aux oreilles de notre corps mais bruyant de lumière aux oreilles de notre cœur. Cela est d’une grande consolation pour notre propre mort. Lorsque notre cœur s’arrêtera lentement de battre au rythme de celui de Jésus mourant, nous aurons la douceur de cette lumière silencieuse de l’amour de Dieu. Nous serons alors en paix, puisque, comme le dit encore saint Jean de la Croix, avant d’entrer pleinement dans la communion divine, nous serons jugés sur cet amour.

Amen.                       

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