lundi 5 septembre 2016

Homélie, 23ème dimanche C



Homélie, 23ème dimanche  C
Père M. Boisson, Carmel de Saint-Maur

On pourrait croire que Jésus est en campagne électorale : "Préférez-moi", "venez à moi", "suivez-moi".
Non! L’Évangile n'est pas une propagande pour récupérer du monde. Il s'agit d'une proposition de façon de vivre, pour notre bien et celui des autres. On est sans cesse amenés à faire des choix, à privilégier telle décision, telle orientation plutôt que telle autre.

Choisir, c'est se priver de certaines choses dont on aurait envie, c'est renoncer à certains projets pour en faire d'autres, c'est mettre des priorités dans le budget, dans l'emploi du temps, dans le carnet de relations, dans les nombreuses sollicitations... Choisir en vue de quoi ?
Qu'est-ce qui nous guide ? Ce que nous pensons être le meilleur pour nous, ou bien nos petits (ou grands) intérêts égoïstes, ou ce qui correspond à nos convictions, à nos valeurs, au fait que nous sommes chrétiens...Nos choix peuvent être aussi conditionnés par des contraintes, des événements extérieurs; parfois, on n'a pas le choix !
C'est de cela dont nous parle Jésus aujourd'hui... de nos choix. 


"Préférez-moi, si vous voulez être des miens" dit Jésus. Préférez moi, c'est-à-dire ma personne, tout mon message et ce que révèle ma vie. Préférez moi à tout, à vos plus proches, comme à vous-mêmes. Faut-il alors renoncer à prendre soin de son prochain, de sa famille, de soi-même? Faut-il renoncer à aimer ? La jalousie serait-elle aussi dans le cœur de Dieu et du Christ ? Non. "Si quelqu'un vient à moi sans me préférer"! Préférer n'est pas mépriser, ni abandonner, ni aimer moins, c'est montrer, par nos choix, une préférence. Ce n'est pas une concurrence entre l'amour de Dieu et l'amour des autres, ce qui serait tout le contraire de Dieu lui-même et hélas, la source de comportements et de spiritualités destructeurs. Les deux commandements ne font qu'un : " Tu aimeras le Seigneur, tu aimeras ton prochain". "La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure" dit Saint Bernard. La question de Jésus dans le message d'aujourd'hui est celle-ci : "A qui, à quoi donnes-tu la préférence ? Qu'est-ce qui détermine tes choix de vie, ton style de vie? Comme dit le Pape François, non pas dans les idées et les théories mais dans le fil quotidien des jours, des événements, des activités, des relations, des décisions... La question que nous pose Jésus et qu'on a besoin de réentendre de temps en temps est celle-ci : "Est-ce que tu vis à la chrétienne, puisque tu es des miens ? À quoi donnes-tu la préférence ?" 

"Ma préférence à moi" dit une chanson. C'est quoi ma préférence ? L'opinion de tout le monde ? La pensée unique ? Mon petit ou grand intérêt ? Jésus nous invite, dans nos choix, à ne pas perdre l'essentiel, l’Évangile, nos vraies valeurs, nos convictions, notre foi. Un choix est un renoncement mais en même temps, une porte d'accès à une liberté, à une paix intérieure, à un plus d'humanité. C'est pourquoi Jésus, après avoir attiré notre attention sur notre préférence, nous parle de celui qui veut bâtir : qu'il commence par voir s'il a de quoi réaliser son projet!  On a bien compris qu'il s'agit de la construction de notre vie, de notre maison intérieure. Il s'agit de la construction de nous-mêmes. Et nous nous construisons nous-mêmes par les choix que nous faisons. Nous contribuons à construire une société, une communauté, une famille, un monde meilleur. On ne se bâtit jamais tout seul, "nul n'est une île. " Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les ouvriers." (Ps127) C'est ce bâtisseur qui peut éclairer, orienter nos choix et nous aider à les réaliser, à condition que nous soyons disposés à collaborer à cette œuvre de construction, dont la solidité, la beauté, la durée dépendent de nos préférences. 

Ma préférence à moi, notre préférence à nous, c'est quoi ?
On ne peut pas tous faire comme Mère Teresa. Mais on peut tous faire des choix, si petits soient-ils, qui signifient pour les autres l'Amour du Christ.

Aucun commentaire: