dimanche 25 octobre 2015

Homélie 30e dimanche TO B 2015

Homélie 30e dimanche TO B 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Jérémie 31,7-9 ; Psaume 125 ; Hébreux 5,1-6 ; Marc 10,46b-52

« Avec cette heure d’hiver, on est toujours dans la nuit ! La nuit vient tôt. »

Les réflexions ne manquent pas ! On n’aime pas être dans la nuit ! On a peur de la nuit ! Ce n’est pas notre milieu naturel. On est fait pour la lumière. La lumière est source de vie.

Bartiméee, lui aussi, aspirait à la lumière.

Non-voyant, mendiant, assis au bord du chemin, enveloppé des ténèbres et de son vieux par-dessus râpé… « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » - lui demandera Jésus (v.51). « Que je retrouve la vue ! » … « Que je voie la lumière ! Que je te voie ! »

Comme Bartimée, nous ne désirons pas seulement la lumière extérieure, mais ce qui peut nous éclairer intérieurement sur notre vie, nos choix, sur nous-mêmes, sur ce qui arrive, sur les événements du monde : « Je n’y vois plus clair ! Je suis dans le brouillard ! – ou dans la nuit. » Mais aussi : « Telle rencontre, telle personne, m’ont éclairé. »

On pourrait tous s’appeler Bartimée : des chercheurs de lumière, des mendiants de lumière.

Si Bartimée était non-voyant, il avait l’oreille fine ! C’est souvent comme ça ! Dans le brouhaha d’une foule, il entend que c’est Jésus de Nazareth qui passe. Il avait entendu parler de lui, bien sûr, et un grand désir s’était fait jour dans son cœur : le voir en vrai, ce charpentier de Nazareth, le voir de ses yeux de chair. Alors il crie, pour se faire entendre au milieu de cette foule – non pas : « Rends-moi la vue ! » - mais : « Prends pitié de moi ! » (v.47) « Arrête-toi – regarde-moi – écoute-moi ! »

Ces appels qui précisément sont en pleine consonance avec le cœur de Dieu, ces appels que beaucoup de suiveurs de Jésus voulaient étouffer, ils gênent : « Faites-le taire ! »

Jésus, lui, s’arrête – il a entendu. Il fait appeler le gêneur, malgré ceux qui veulent empêcher cet homme d’accéder à la lumière. Bartimée est la priorité.

Quelle belle leçon d’attention, d’écoute, de compassion, vis-à-vis de cet empêcheur d’être bien entre nous, tout près de Jésus ! 

« Appelez-le ! » (v.49) Cette attitude de Jésus fait réagir.

« Confiance, lève-toi, il t’appelle. »

Trois mots qui se propagent à travers une foule auparavant fermée, jusqu’à Bartimée.

Jésus fait bouger, changer.

Un appel pour nous à être de ceux qui encouragent, qui redonnent confiance et espérance ; un appel à être relai de l’attention, de l’écoute et du regard du Christ, lui-même à contre-courant.

Nous pouvons relayer ce regard aimant et attentionné de Jésus, ou relayer celui de la foule qui veut faire taire et laisser dans les ténèbres.

Parce qu’il se sait entendu, vu, reconnu, notre Bartimée bondit à la rencontre de Jésus, après avoir jeté son vieux manteau – signe d’un passé, d’un rejet, d’un repli. Il court sans encore voir, mais les yeux du cœur sont plus voyant, qui vont à la source : la confiance, la foi, met en route, fait se relever, quitter ses vieux habits de ténèbres pour laisser jaillir le désir du cœur, de l’être tout entier.

« Rabbouni, que je retrouve la vue ! » - « Va, ta foi t’a sauvé »  – dit Jésus (v.52).

Notre ami, assis au bord de la route, cette fois il prend la route : il suit Jésus sur le chemin, les yeux grands ouverts, les yeux du corps et les yeux du cœur.

Il est regardé avec amour, il peut voir du même regard.

Nous sommes tous des Bartimée, chercheurs, mendiants de la lumière : « Aie pitié de moi ! Que je retrouve la vue ! »

« Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas la nuit m’habiter, ni me parler. Aide-moi à ne pas être un obstacle pour ceux qui cherchent la lumière, mais un relai de ton regard, de ton écoute, de ta parole, de ton geste qui relève, appelle, encourage et éclaire.

Jésus le Christ, lumière intérieure, donne-nous d’accueillir la lumière de ton cœur pour en renvoyer quelques rayons. »

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