lundi 27 novembre 2017

Homélie du 33ème dimanche - Fête du Christ Roi - Année A



Homélie du 33ème  dimanche - Fête du Christ Roi - Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

            Les maudits, la séparation les uns des autres, le feu et le châtiment éternel…
            Jésus voudrait-il nous faire peur ? Pour n’avoir pas fait quelques bons gestes que d’ailleurs, nous n’avons pas souvent l’occasion de faire, cela peut paraître un peu disproportionné et décalé aujourd’hui ! On va à la messe, on prie, on essaie de faire attention aux autres…
 
            Jésus ne veut pas nous faire peur, ce n’est pas le style de la maison de Dieu. C’est plus profond et plus important.

            Jésus nous invite à être comme Dieu, son Père et comme Lui : bons, attentifs à l’autre (dans la discrétion), présents, veillant sur, aidant intérieurement notre marche dans les labyrinthes de la vie. Ces qualités sont décrites dans la première lecture et le psaume de ce jour. Alors, nous dit Jésus, ce que chacun de nous fait ou ne fait pas aux autres influe non seulement sur une qualité de vie ensemble, agréable ou difficile mais de là dépend notre avenir final, définitif. Il s’agit de l’orientation de notre vie.
Si nous cherchons à reproduire les moeurs de Dieu, nous irons au bout du parcours, c’est la logique de la vie. Si nous nous éloignons de Dieu par nos manières d’être, pour nous rapprocher de nos égoïsmes, nous finirons sur nous-mêmes, dans notre solitude. C’est la logique de la vie.
            Dieu ne nous juge pas. Dans ces paroles de Jésus, Il ne fait pas un contrôle à la douane. Il nous alerte sur un aboutissement logique et libre de nos choix de vie. Et Il est prêt, à tout moment, à nous tendre la main, à nous montrer le bon chemin vers le but final.
            Non, Jésus ne s’amuse pas à nous faire peur.

            Jésus veut notre bien, il nous met en garde avec patience, amour et confiance. « La manière dont tu te comportes avec les autres a une portée éternelle, elle engage ton éternité. Le dernier jour se prépare chaque jour. N’attends pas la fin du monde pour me rencontrer. Tu me rencontres et me côtoies chaque jour dans l’autre, qui est mon frère, ma soeur, ton frère, ta soeur. C’est à moi que tu le fais ou ne le fais pas ! »

            Notre avenir en Dieu, c’est aujourd’hui et chaque jour qu’il se construit. Quand t’avons-nous fait ceci, cela ou pas ? Nous ne nous sommes pas aperçus que c’était Toi ! Il ne s’agit pas de choses compliquées, ni même de choses religieuses dit Saint Jean Chrysostome, mais de petites attentions que Jésus rend religieuses au point d’en faire le point de repère de notre avenir en Dieu. « C’est à moi que l’as fait, ou pas fait. » La charité est la concrétisation de notre foi en Dieu.

            « Mais, mon bon Jésus, je ne vois pas souvent des gens qui ont faim, qui manquent d’habits. Et puis, il y a des équipes qui visitent les prisonniers, les malades… Je ne vois pas comment je peux accueillir des étrangers. » C’est vrai, me dit Jésus. Mais Il m’invite à regarder, écouter : « j’avais faim d’un peu d’attention, d’amitié, d’écoute. J’avais soif d’un regard compatissant, d’un sourire qui réconforte, d’une parole bienfaisante. J’étais étranger à vos relations, à vos « entre-soi ». Tu as ouvert la porte. J’avais besoin comme d’un vêtement, pour cacher et taire ma misère intérieure. J’étais prisonnier de moi-même, dans mon histoire et mes histoires. Tu as ouvert une lucarne pour laisser passer un peu de lumière. J’étais malade dans ma tête, dans mon coeur et tu m’as apporté le meilleur remède : ta présence, même de loin. Tu t’es arrêté en me croisant, tu as posé délicatement ta main sur mon épaule. Tous ces petits - et immenses - gestes de la vie de tous les jours, c’est à moi que tu l’as fait. Ils t’ouvriront la porte du coeur de Dieu… à la fin, à l’arrivée… »

            C’est cela le Christ Roi. La Royauté du Christ n’est pas celle de la domination, du bluff, des apparences. C’est la royauté du service quotidien de l’Amour, celle que Dieu lui-même a accomplie dans et par le Christ et l’Esprit Saint. Il nous invite à coopérer avec Lui. Non seulement pour une vie plus agréable mais pour la suite logique de notre à-venir, au pays de l’Amour.

            Nous entendrons dans la Préface : « Règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’Amour et de paix ! »

            Le futur commence aujourd’hui… si nous le voulons !

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