dimanche 3 avril 2016

Homélie 2e Dimanche de Pâques

Homélie 2e Dimanche de Pâques
Dimanche de la divine Miséricorde
Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Jn 20, 19-31

C’est devenu une référence, Thomas ! « Je crois ce que je vois » ! Je suis comme Thomas ! Il a traversé les siècles et il n’est pas dépaysé dans nos sociétés modernes, où on veut vérifier, prouver, faire des expertises, s’assurer de tout et sur tout, anticiper le risque, supprimer l’inconnu, etc. Mais on s’aperçoit aussi que tout cela est très fragile-pas de dessin.
Thomas, il est bien notre jumeau, c’est son nom, Didyme, Jumeau.

Si je ne vois pas la marque des clous, si je ne touche pas la plaie du côté, je ne croirai pas. On le comprend, Thomas, il nous est proche. Il avait tout misé sur Jésus, il lui avait donné toute sa confiance, et voilà que ça se termine dans l’échec, le procès, la croix, la mort, du moins provisoirement. Ce n’est pas tant qu’il veut faire le malin. Quelque chose en lui est cassé. Quand la confiance fait place à la méfiance, au doute, au refus, c’est une grosse épreuve intérieure, celle de Thomas, d’autres, la nôtre, peut-être. On comprend qu’il ait osé dire : Je ne crois pas, je ne crois plus si je n’ai pas de preuves. Il ne croit même pas ses proches qui lui disent « nous avons vu le Seigneur ». Thomas est en panne de confiance et c’est une grosse question aujourd’hui… Le déficit de confiance… il y a sans doute des raisons. La confiance n’est pas naïveté, ni facilité ; elle est un risque, parce qu’elle mise sur l’invisible, et sur la crédibilité,… mais la méfiance est peut-être pire… C’est l’expérience de Thomas : le verrouillage…
Les portes étaient verrouillées, le 1er soir, elles l’étaient aussi, huit jours après, quand Thomas était là… Leur cœur aussi… Jamais complètement. Il y a toujours un espace où peut entrer un petit rayon de lumière, sous la porte, c’est le secret de Dieu, la clef de la résurrection, la finesse de la miséricorde, essayant d’entrer dans le cœur humain, l’impossible est possible… « Alors que les portes étaient verrouillées, il était là, au milieu d’eux ; le Christ ressuscité ; la puissance de la vie, de la lumière, de l’amour, que rien ne peut enfermer. Il est là au milieu de nous, malgré nos verrous, de toutes sortes… il ouvre nos cœurs, il accueille Thomas, et nous, avec douceur ; avec le cadeau de la Résurrection : la paix intérieure… « La paix soit avec vous », paroles d’apaisement. Thomas, sois en paix, c’est bien moi ; regarde mes mains, mon côté, touche. Sois croyant, fais confiance, repars… mais Heureux ceux qui croient sans avoir vu !

Cette rencontre du Christ ressuscité avec Thomas, notre jumeau, est une très belle rencontre de miséricorde, au cœur de nos doutes, de nos blessures, de nos cassures intérieures, de nos découragements, de nos méfiances, de tout ce qui peut nous enfermer, nous verrouiller… à la rencontre et à l’accueil qui est présent dans cette sculpture.

Le Christ ressuscité vient nous rejoindre là où nous en sommes, il nous invite à déposer nos propres blessures, dans les plaies ouvertes que le Ressuscité nous tend. Il les transforme en vie, en énergie, en partage. « Mon Seigneur et mon Dieu ». Thomas est réconcilié, de l’intérieur, avec lui-même, dans ses doutes, ses questions, ses découragements, ses carapaces…comme nous. Réconcilié avec les autres, ses amis qu’il n’a pas crus, en qui il n’a pas fait confiance. Réconcilié avec l’ami Jésus, en qui il a douté.

Merci à Thomas qui a douté ; merci à Pierre qui a renié ; merci à Marie-Madeleine qui a pleuré ; et merci à toutes celles et tous ceux qui ont fait l’expérience de la miséricorde de Dieu, au creux même de leurs faiblesses, de leurs doutes, de leur fatigue, et de leur nuit.

On est plus proche du Christ et des autres avec des cicatrices qu’avec une carapace, nos blessures et nos cicatrices nous rendent plus poreux à la tendresse du Père et aux besoins des autres. Il était là au milieu d’eux, portes verrouillées : La paix soit avec vous.

 

 

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