
Thérèse d’Avila, Vie 14, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.
L'oraison de quiétude
J'ai dit combien il est pénible d'arroser le jardin en tirant de l'eau du puits à force de bras; parlons maintenant de la seconde manière d'arroser, établie par le maître du jardin. Elle consiste à puiser l'eau à l'aide d'une noria, et à la distribuer par des conduits… Mon dessein, en ce moment, est d'appliquer cette seconde manière à l'oraison appelée de quiétude.
Ici l'âme commence à se recueillir et touche déjà au surnaturel; jamais, en effet, avec toute l'activité de ses efforts, elle ne pourrait acquérir un bien si élevé. A la vérité, elle s'est fatiguée quelques instants en travaillant avec l'esprit, ou, si l'on veut, en tournant la roue pour remplir les canaux. Mais ici l'eau est plus à fleur de terre; ainsi, on la puise avec beaucoup moins de fatigue qu'en la tirant du fond d'un puits. Je dis que l'eau est plus à fleur de terre, parce que la grâce se fait plus clairement connaître à l'âme. Ses puissances se recueillent au dedans d'elle-même, afin de savourer plus délicieusement le plaisir dont elles jouissent…Seule la volonté agit; sans savoir comment elle se rend captive, elle donne simplement à Dieu son consentement afin qu'il l'emprisonne, sûre de tomber dans les fers de Celui qu'elle aime.
L'entendement et la mémoire viennent au secours de la volonté, afin qu'elle se rende de plus en plus capable de jouir d'un si grand bien. Quelquefois néanmoins leur concours ne sert qu'à la troubler dans cette intime union avec Dieu. Mais alors la volonté, sans se mettre en peine de leur importunité, doit se maintenir dans les délices et le calme profond dont elle jouit. Vouloir fixer ces deux puissances serait s'égarer avec elles. Elles sont alors comme des colombes qui, n'étant pas contentes de la nourriture que le maître leur donne sans aucun travail de leur part, vont en chercher ailleurs, mais qui, après une vaine recherche, se hâtent de revenir au colombier…
L'entendement et la mémoire viennent au secours de la volonté, afin qu'elle se rende de plus en plus capable de jouir d'un si grand bien. Quelquefois néanmoins leur concours ne sert qu'à la troubler dans cette intime union avec Dieu. Mais alors la volonté, sans se mettre en peine de leur importunité, doit se maintenir dans les délices et le calme profond dont elle jouit. Vouloir fixer ces deux puissances serait s'égarer avec elles. Elles sont alors comme des colombes qui, n'étant pas contentes de la nourriture que le maître leur donne sans aucun travail de leur part, vont en chercher ailleurs, mais qui, après une vaine recherche, se hâtent de revenir au colombier…
Cette eau céleste est une source de biens et de faveurs inestimables aussi est-elle incomparablement plus efficace que l'oraison précédente pour faire croître les vertus. Déjà l'âme s'élève au-dessus de sa misère, et déjà Dieu lui donne quelque connaissance du bonheur de la gloire. Cette faveur, selon moi, la fait grandir davantage, et approcher de plus près de la source de toutes nos vertus, c'est-à-dire de Dieu même. Non seulement Notre Seigneur comme
nce à se communiquer à cette âme, mais il veut qu'elle sente ce mode de communication. A peine arrivée là, elle perd soudain, et, il faut en convenir, sans grand mérite, le désir des choses de cet exil. Elle voit clairement qu'un seul instant de cette joie surnaturelle ne peut venir d'ici-bas, et que ni richesses, ni puissance, ni honneurs, ni plaisirs, ne sauraient lui donner, l'espace même d'un clin d'œil, ce contentement seul vrai, et seul capable, comme elle en a conscience, d'étancher sa soif de bonheur…Ce grand Dieu veut que l'âme comprenne qu'il est près d'elle; qu'ainsi elle peut lui parler, sans envoyer des messagers et sans élever la voix, parce qu'à cause de sa proximité, il l'entend au moindre mouvement des lèvres.
L'âme goûte cette joie céleste au plus intime d'elle-même, mais sans savoir d'où ni comment elle lui est venue. Dans cet état, elle ignore souvent ce qu'elle doit faire, ou désirer, ou demander. Il lui semble avoir trouvé tout ce qu'elle pouvait désirer, mais elle ignore ce qu'elle a trouvé; et moi-même je ne sais, je l'avoue, comment en donner l'intelligence.
Je désirerais donc donner l'intelligence de ces faveurs, parce que ce sont les premières et que, au moment où Dieu commence à les accorder à une âme, celle-ci ne les comprend pas et ne sait comment se conduire. Si Dieu la mène par la voie de la crainte comme il fit à mon égard, elle aura cruellement à souffrir, à moins de trouver un maître qui comprenne son état. C'est un grand bonheur pour cette âme de voir la peinture de ce qu'elle éprouve; elle reconnaît clairement la voie où Dieu la met. Je dis plus: pour faire des progrès dans ces divers états d'oraison, il est d'un avantage immense de savoir la conduite à tenir en chacun d'eux…
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