Homélie 2e dimanche de Pâques 2014
Carmel de Saint-Maur - Père
Maurice Boisson
Heureusement qu’il y a eu
Thomas, notre jumeau. Il a douté, il n’a pas fait confiance à ses amis. Il nous
a laissé la plus belle profession de foi de l’Evangile : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
(Jean 20,28)
Heureusement qu’il y a eu
Pierre. Il a renié son maître et ami devant une jeune serveuse. Ce fut le
premier Pape. Ses successeurs récents, Jean XXIII et Jean Paul II sont
aujourd’hui déclarés officiellement des saints.
Heureusement qu’il y a eu
Marie Madeleine, proche amie de Jésus. Il lui avait chassé sept démons. Elle a
été la première à qui Jésus ressuscité s’est montré vivant, et la première qui
a annoncé la nouvelle aux apôtres.
Heureusement qu’il y a eu
Paul, Augustin, François d’Assise, Charles de Foucauld et les autres. Une part
de leur vie n’a pas été exemplaire. Ils ont permis à l’Eglise de tenir le cap
de l’Evangile.
Thomas, les autres,
nous-mêmes, sommes touchés par la Miséricorde de Dieu.
A nous aujourd’hui, Jésus
ressuscité continue de dire : « Mets ton doigt dans ma plaie, dans
mes mains, mon côté. » (cf. Jean 20,27) – « Pas sur mes cicatrices,
mais dans mes plaies encore ouvertes. C’est bien moi. »
Oui, on se retrouve bien dans
notre jumeau Thomas. On lui ressemble comme deux gouttes d’eau, et notre monde
aussi : « Je ne crois qu’à ce que je vois ! Il me faut des
preuves. » Il faut tout vérifier, s’assurer de tout, sans laisser de place
à l’inconnu.
En même temps, on n’a jamais
été autant balloté par toutes sortes d’opinions, non vérifiées. On gobe
aisément ce qui se dit, ce qui traîne, les rumeurs et les « on dit » :
« Mais c’est vrai, on l’a vu à la
télé et dans le journal !
« Si je ne vois pas (…), je ne croirai
pas ! » - dit Thomas (Jean
20,25). Ce Thomas, il n’avait pas cru les autres, il avait manqué le premier
rendez-vous au soir du premier dimanche. Il a dû attendre le dimanche suivant
pour en avoir le cœur net, pour que son cœur et son esprit, encore plus
verrouillés que les portes du lieu où ils étaient, s’ouvrent à une présence –
une présence qui déverrouille parce qu’elle n’a pas besoin de se prouver. La présence
se suffit : parce qu’elle est faite d’attention et d’amour, sans reproche,
à Thomas, elle le déverrouille.