Ascension. Année C. Jeudi 26 mai 2022.

Ascension. Année C. Jeudi 26 mai 2022.

Homélie P. Maurice Boisson.Carmel de Saint Maur.

 Ac 1, 1-11. Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9.

He 9, 24-28 ; 10, 19-23. Lc 24, 46-53.

 

Dimanche dernier, un de mes neveux me demande : “Tu fais quoi, ces jours ?

- Entre autres occupations, je vais préparer l’Ascension.

- Tu vas retourner faire des grimpés dans les Alpes ?

- Non, rassure-toi, mais jeudi, c’est la fête de l’Ascension.

- Alors tu fais le pont ?

- Mon cher neveu, tu devrais revoir tes connaissances religieuses.

- ...Et l’Assomption, c’est pareil ?”

En quelques mots, je lui ai rappelé la signification des grandes fêtes religieuses, que l’on ne connaît plus guère aujourd’hui. Je ne lui ai pas fait l’homélie de ce matin.

 Après trois ans passés avec ses amis, Jésus les quitte d’une façon visible, pour une présence plus intense et plus universelle. Lorsque Jésus était avec eux, au bord du lac, sur les routes de Palestine, il était dans tel lieu, avec telles personnes, sa présence était limitée.

En rejoignant Dieu, son Père, il est présent à tous, partout et toujours. D’une présence invisible, reconnue à des signes, mais présence réelle, dans le coeur de chacun. Il n’est plus limité par l’espace et le temps. “Il n’est pas loin de nous” dit Paul. “Plus présent à nous-mêmes que nous-mêmes” dit Saint Augustin. A l’Ascension, Jésus n’est pas parti dans le ciel comme une fusée, il a rejoint son Père et s’est enfoncé encore davantage dans notre humanité, pour l’entraîner avec lui près de Dieu.

Il disparut aux regards de ses amis, pour qu’aujourd’hui, ils le cherchent là où il est, non pas dans les nuages mais dans le cœur de chacun, dans nos lieux de vie, dans nos relations, dans nos joies et nos peines ; il est présent aujourd’hui dans les atrocités inhumaines que vivent les gens qui meurent, souffrent des séparations, des destructions, etc... de la guerre. Jésus continue de souffrir sa passion mais aussi de semer des graines de résurrection, de vie et paix.

 Jésus n’a pas quitté ses amis, et nous, pour nous laisser orphelins. “Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde”. Il nous confie d’assurer sa présence en son absence visible – “jusqu’à ce qu’il revienne”. “Pourquoi restez-vous là, à regarder vers le ciel ?”. Allez, soyez mes témoins, témoins de ma présence de vie, d’amour, de paix.

Les amis de Jésus s’imaginent qu’il les quitte, mais en fait, il reste avec eux. Seulement ils ne le voient plus. C’est une belle définition exprimée par Quentin, un garçon du catéchisme : la Présence dans l’absence. On connaît bien cette expérience : on peut être là, physiquement, tout proche de l’autre, et être absent. “Tu as l’air absent, tu n’es pas là”, dit-on... On peut être loin et être proche. La présence ou l’absence ne sont pas toujours une question de kilomètres. Il y a des présences invisibles aux yeux, plus intenses que des présences visibles ; c’est un peu l’expérience de l’Ascension.

Jésus n’a pas quitté notre condition humaine, nous l’entendrons dans la Préface. Mais comment Jésus, en n’étant plus là de manière visible, peut-il faire reconnaître sa présence aujourd’hui dans notre monde ? Il nous envoie la force d’en haut, l’Esprit Saint, pour que nous soyons ses témoins. C’est la Pentecôte que nous fêterons bientôt. L’Esprit Saint nous inspire les gestes, les paroles, les actes, les attitudes, personnelles et collectives, qui disent quelque chose du Christ, de son Amour donné pour ses frères et sœurs, qui auront peut-être envie de le connaître.

Vous serez les témoins de ma présence aimante et libératrice si vous êtes mes bras et mes mains qui prennent soin, relèvent, consolent, si vous êtes ma parole qui encourage et indique mon chemin, si vous êtes mon cœur et mon regard qui aiment et appellent. “L’homme qui prit le pain et le vin n’est plus devant nos yeux pour donner en festin l’amour de Dieu. C’est à nous de suivre sa trace aujourd’hui pour que rien de lui ne s’efface”. (Claude Duchesneau, chant D 254).