«Les pas du plus audacieux des missionnaires …» (3)
La conversion :
Nous avions laissé Saul sur la route de Damas là où a lieu ce qu’on appelle sa conversion, et que nous venons de fêter en Eglise le 25 janvier dernier. Nous avons eu l’occasion d’entendre un des trois récits que Saint Luc a développés dans les Actes des Apôtres. Sans nous arrêter à tous les détails parfois légèrement différents, retenons ce qui semble essentiel dans cet épisode. On peut souligner trois points principaux :
D’abord ce qui est à la source même de l’événement : une lumière éclatante venue du ciel. C’est dire qu’avec notre entendement humain limité nous ne pouvons prétendre rendre compte vraiment de tout ce qui s’est passé.
Ensuite l’intervention de Jésus en personne qui dit être la véritable victime des persécutions conduites par Saul et donne des consignes pour la suite. Il faut aller à Damas et là c’est Ananie qui a reçu mission d’apporter les précisions nécessaires : le persécuteur tant redouté a été désigné par Dieu pour être “ l’instrument choisi pour porter son nom aux nations païennes, aux rois et aux fils d’Israël ” (Actes, 9,15)
Enfin le baptême de Saul qui retrouve la lumière au bout de trois jours comme le Christ au matin de Pâques. Désormais c’est un regard neuf qu’il va porter sur le monde.
Les premiers pas du converti :
Saul est un passionné et son baptême n’a pas changé son tempérament. Dès qu’il a repris des forces, le voilà qui, fidèle à sa foi nouvelle, proclame dans les synagogues de Damas que “ Jésus est le Fils de Dieu ”. Quelle audace ! Les rabbis de la ville en restent stupéfaits et projettent aussitôt de mettre fin à ce qui, pour eux, est un scandale. Peut-être est-ce pour cette raison que Saul quitte Damas et gagne le désert d’Arabie, sans doute pour réfléchir et prier comme l’avaient fait avant lui Moïse, Jean-Baptiste et Jésus lui-même. Sur ces mois passés en Arabie Pétrée, nous sommes très peu renseignés. Luc n’en dit rien et c’est Paul lui-même qui y fera des allusions dans ses lettres (Galates 1,17 et 2 Corinthiens 11, 33). Il semble que sa présence ait porté atteinte à l’ordre public puisque le roi des Nabatéens, Aretas, qui contrôle la région cherche à le faire arrêter. Saul revient donc à Damas, poursuivi par les sbires d’Aretas et c’est là que se place un épisode rocambolesque : on le fait descendre dans une corbeille le long des murs de la ville… que faire après cette évasion ?
Nous sommes en 39 et trois années déjà se sont écoulées depuis la écoulées depuis la conversion, Saul décide alors de gagner Jérusalem.
Le premier face à face avec Pierre :
S’il a fait déjà l’expérience de la prédication et celle du désert, il sait qu’il a encore beaucoup à apprendre sur la personne même de Jésus. Le mieux est donc de rencontrer ceux qui ont vécu avec lui et l’ont entendu. Saul arrive donc pour la troisième fois à Jérusalem, mais le contact n’est pas facile car sa réputation de persécuteur était bien établie et il a fallu toute la diplomatie de Barnabé pour que Saul parvienne à voir Pierre. C’est la première rencontre entre les deux piliers de l’Eglise, deux hommes très dissemblables, mais qui l’un et l’autre ont été choisis et destinés à une seule et même tâche :
faire connaître, par des voies différentes certes, le message évangélique. Saul ne reste que deux semaines à Jérusalem, car la volonté de Dieu se manifeste à lui dans une vision au Temple qu’il fréquente donc encore. Le Seigneur lui dit en effet : “ Va, quitte Jérusalem sans tarder … c’est au loin vers les nations païennes que je vais t’envoyer ”. (Actes, 22, 18-21)
A nouveau des années silencieuses :
On ne trouve pas un mot dans les Actes ni dans les Epitres sur les quatre années qui s’écoulent de 39 à 43. On sait seulement qu’il a regagné Tarse, sa ville natale puisque c’est là que Barnabé ira le chercher. On aimerait pourtant savoir ce qu’a fait Saul à Tarse. Comment sa famille, des pharisiens stricts, a-t-elle accueilli celui qui s’est engagé dans la nouvelle voie ?
Comment occupait-il son temps, travail manuel, prédication ? On ne peut que faire des suppositions … Une chose certaine c’est qu’il doit se préparer pour la mission qui lui a été assignée : il réfléchit, il prie, il espère… Le Seigneur lui a dit le pourquoi, il n’a pas dit le comment. Il laisse souvent à l’homme le soin de le découvrir, Saul attend donc son heure et elle n’est- pas loin d’arriver quand Barnabé le ramène à Antioche en 43.
Antioche, un lieu marquant de l’Eglise naissante :
C’est une grande ville qui comptait sans doute 500 000 habitants de toutes les races et de toutes les religions. Les adeptes de l’Evangile y sont nombreux et c’est là nous dit St Luc (Actes, 11, 26) que pour la première fois, on leur donna le nom de chrétiens. Mais cette jeune Eglise ne regroupe pas seulement des Juifs d’origine, mais beaucoup de grecs convertis et la cohabitation des deux cultures pose des problèmes. L’écho de ces difficultés est arrivé jusqu’à l’Eglise mère de Jérusalem qui désigne Barnabé pour aller sur place examiner la situation. Celui-ci qui craint d’être débordé par l’ampleur de la tâche se souvient alors de Saul qu’il juge particulièrement apte à l’aider. Tarse n’est pas très loin (environ 200 Km) ; il s’y rend et le ramène à Antioche où “ ils passèrent une année entière à travailler ensemble ” écrit encore St Luc (Actes 11, 26).
- Deux faits marquants méritent d’être soulignés au cours de cette période. - D’abord une deuxième rencontre de Saul avec Pierre venu à Antioche peut-être y chercher refuge car, à Jérusalem, Hérode vient de faire exécuter l’apôtre Jacques. Une discussion assez vive concerne la nourriture. Paul raconte cet incident au chapitre 2 de sa lettre aux Galates. C’est là que le christianisme prend vraiment sa dimension de religion universelle.
- Puis ce qu’on peut considérer comme la première manifestation du secours catholique. En effet, si Antioche vit dans la paix et la prospérité, Jérusalem connaît une véritable famine. Barnabé et Saul prennent alors l’initiative d’un grand mouvement de solidarité et organisent une collecte dont ils portent eux-mêmes le fruit à Jérusalem. C’est le 4ème séjour de Saul dans la ville sainte car les deux compagnons regagnent Antioche d’où ils partiront dès le printemps 45 pour la grande mission à laquelle ils sont appelés.
Rémy Jobard
Nous avions laissé Saul sur la route de Damas là où a lieu ce qu’on appelle sa conversion, et que nous venons de fêter en Eglise le 25 janvier dernier. Nous avons eu l’occasion d’entendre un des trois récits que Saint Luc a développés dans les Actes des Apôtres. Sans nous arrêter à tous les détails parfois légèrement différents, retenons ce qui semble essentiel dans cet épisode. On peut souligner trois points principaux :
D’abord ce qui est à la source même de l’événement : une lumière éclatante venue du ciel. C’est dire qu’avec notre entendement humain limité nous ne pouvons prétendre rendre compte vraiment de tout ce qui s’est passé.
Ensuite l’intervention de Jésus en personne qui dit être la véritable victime des persécutions conduites par Saul et donne des consignes pour la suite. Il faut aller à Damas et là c’est Ananie qui a reçu mission d’apporter les précisions nécessaires : le persécuteur tant redouté a été désigné par Dieu pour être “ l’instrument choisi pour porter son nom aux nations païennes, aux rois et aux fils d’Israël ” (Actes, 9,15)
Enfin le baptême de Saul qui retrouve la lumière au bout de trois jours comme le Christ au matin de Pâques. Désormais c’est un regard neuf qu’il va porter sur le monde.
Les premiers pas du converti :
Saul est un passionné et son baptême n’a pas changé son tempérament. Dès qu’il a repris des forces, le voilà qui, fidèle à sa foi nouvelle, proclame dans les synagogues de Damas que “ Jésus est le Fils de Dieu ”. Quelle audace ! Les rabbis de la ville en restent stupéfaits et projettent aussitôt de mettre fin à ce qui, pour eux, est un scandale. Peut-être est-ce pour cette raison que Saul quitte Damas et gagne le désert d’Arabie, sans doute pour réfléchir et prier comme l’avaient fait avant lui Moïse, Jean-Baptiste et Jésus lui-même. Sur ces mois passés en Arabie Pétrée, nous sommes très peu renseignés. Luc n’en dit rien et c’est Paul lui-même qui y fera des allusions dans ses lettres (Galates 1,17 et 2 Corinthiens 11, 33). Il semble que sa présence ait porté atteinte à l’ordre public puisque le roi des Nabatéens, Aretas, qui contrôle la région cherche à le faire arrêter. Saul revient donc à Damas, poursuivi par les sbires d’Aretas et c’est là que se place un épisode rocambolesque : on le fait descendre dans une corbeille le long des murs de la ville… que faire après cette évasion ?
Nous sommes en 39 et trois années déjà se sont écoulées depuis la écoulées depuis la conversion, Saul décide alors de gagner Jérusalem.
Le premier face à face avec Pierre :
S’il a fait déjà l’expérience de la prédication et celle du désert, il sait qu’il a encore beaucoup à apprendre sur la personne même de Jésus. Le mieux est donc de rencontrer ceux qui ont vécu avec lui et l’ont entendu. Saul arrive donc pour la troisième fois à Jérusalem, mais le contact n’est pas facile car sa réputation de persécuteur était bien établie et il a fallu toute la diplomatie de Barnabé pour que Saul parvienne à voir Pierre. C’est la première rencontre entre les deux piliers de l’Eglise, deux hommes très dissemblables, mais qui l’un et l’autre ont été choisis et destinés à une seule et même tâche :
faire connaître, par des voies différentes certes, le message évangélique. Saul ne reste que deux semaines à Jérusalem, car la volonté de Dieu se manifeste à lui dans une vision au Temple qu’il fréquente donc encore. Le Seigneur lui dit en effet : “ Va, quitte Jérusalem sans tarder … c’est au loin vers les nations païennes que je vais t’envoyer ”. (Actes, 22, 18-21)
A nouveau des années silencieuses :
On ne trouve pas un mot dans les Actes ni dans les Epitres sur les quatre années qui s’écoulent de 39 à 43. On sait seulement qu’il a regagné Tarse, sa ville natale puisque c’est là que Barnabé ira le chercher. On aimerait pourtant savoir ce qu’a fait Saul à Tarse. Comment sa famille, des pharisiens stricts, a-t-elle accueilli celui qui s’est engagé dans la nouvelle voie ?
Comment occupait-il son temps, travail manuel, prédication ? On ne peut que faire des suppositions … Une chose certaine c’est qu’il doit se préparer pour la mission qui lui a été assignée : il réfléchit, il prie, il espère… Le Seigneur lui a dit le pourquoi, il n’a pas dit le comment. Il laisse souvent à l’homme le soin de le découvrir, Saul attend donc son heure et elle n’est- pas loin d’arriver quand Barnabé le ramène à Antioche en 43.
Antioche, un lieu marquant de l’Eglise naissante :
C’est une grande ville qui comptait sans doute 500 000 habitants de toutes les races et de toutes les religions. Les adeptes de l’Evangile y sont nombreux et c’est là nous dit St Luc (Actes, 11, 26) que pour la première fois, on leur donna le nom de chrétiens. Mais cette jeune Eglise ne regroupe pas seulement des Juifs d’origine, mais beaucoup de grecs convertis et la cohabitation des deux cultures pose des problèmes. L’écho de ces difficultés est arrivé jusqu’à l’Eglise mère de Jérusalem qui désigne Barnabé pour aller sur place examiner la situation. Celui-ci qui craint d’être débordé par l’ampleur de la tâche se souvient alors de Saul qu’il juge particulièrement apte à l’aider. Tarse n’est pas très loin (environ 200 Km) ; il s’y rend et le ramène à Antioche où “ ils passèrent une année entière à travailler ensemble ” écrit encore St Luc (Actes 11, 26).
- Deux faits marquants méritent d’être soulignés au cours de cette période. - D’abord une deuxième rencontre de Saul avec Pierre venu à Antioche peut-être y chercher refuge car, à Jérusalem, Hérode vient de faire exécuter l’apôtre Jacques. Une discussion assez vive concerne la nourriture. Paul raconte cet incident au chapitre 2 de sa lettre aux Galates. C’est là que le christianisme prend vraiment sa dimension de religion universelle.
- Puis ce qu’on peut considérer comme la première manifestation du secours catholique. En effet, si Antioche vit dans la paix et la prospérité, Jérusalem connaît une véritable famine. Barnabé et Saul prennent alors l’initiative d’un grand mouvement de solidarité et organisent une collecte dont ils portent eux-mêmes le fruit à Jérusalem. C’est le 4ème séjour de Saul dans la ville sainte car les deux compagnons regagnent Antioche d’où ils partiront dès le printemps 45 pour la grande mission à laquelle ils sont appelés.
Rémy Jobard
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