« Sur les pas du plus audacieux
des missionnaires … » (4)
Départ pour le premier voyage missionnaire.
Il y a une année que Barnabé et Saul travaillent ensemble dans la jeune Eglise d’Antioche où ils sont parvenus à “ instruire une foule considérable ” ( Ac, 11,26) . Le moment est venu d’aller semer ailleurs … La communauté, inspirée par l’Esprit Saint, en prend conscience et, après leur avoir imposé les mains, envoie Barnabé et Saul en mission. Nous sommes au printemps de l’année 45. Ils emmènent avec eux Jean-Marc, un cousin de Barnabé (probablement l’auteur du 2ème Evangile) qui les a accompagnés à leur retour de Jérusalem où ils avaient porté le fruit de la collecte organisée à Antioche. Nos trois missionnaires descendent donc à Séleucie, le port d’Antioche, situé à une trentaine de Km de la ville et là, ils embarquent pour Chypre, l’île natale de Barnabé. En partant vers l’ouest, ils vont donc en direction des trois grands centres de l’empire à l’époque : Ephèse, Athènes et Rome.
Chypre :
La grande île est à la limite des eaux helléniques et, en y débarquant, on sort du monde juif pour entrer vraiment dans l’univers grec. Les trois compagnons commencent “ à annoncer la parole de Dieu ” à Salamine, puis ils gagnent Paphos, la capitale de l’époque. Là ils font une rencontre importante, celle du proconsul Sergius Paulus, un homme ouvert que “ la doctrine du Seigneur a vivement impressionné ” (Ac, 13,12). Il semble que ce soit ce fonctionnaire romain qui ait donné aux missionnaires des lettres de recommandation pour la Pisidie où sa famille possédait de grands domaines et avait de solides relations.
Il faut signaler aussi que c’est à ce moment-là que les Actes des Apôtres donnent à Saul le nom de Paul. Luc n’a que quatre mots pour annoncer ce changement : “ Saul ou plutôt Paul ” (Ac, 13,9) et ne donne aucune explication … Il faut donc se contenter d’hypothèses : influence du proconsul Sergius Paulus que Paul a su toucher ? C’est possible. Mais, sans doute Saul, arrivé maintenant au cœur du monde hellénique, a-t-il envie d’abandonner son nom juif qui sonne mal aux oreilles grecques (en effet Saulos en grec signifie nonchalant, efféminé…) pour choisir Paulos qui veut dire petit, modeste et correspond donc mieux à la réalité. En tout cas, après l’étape de Chypre on ne trouve plus dans les textes Barnabé et Saul, mais Paul et Barnabé.
des missionnaires … » (4)
Départ pour le premier voyage missionnaire.
Il y a une année que Barnabé et Saul travaillent ensemble dans la jeune Eglise d’Antioche où ils sont parvenus à “ instruire une foule considérable ” ( Ac, 11,26) . Le moment est venu d’aller semer ailleurs … La communauté, inspirée par l’Esprit Saint, en prend conscience et, après leur avoir imposé les mains, envoie Barnabé et Saul en mission. Nous sommes au printemps de l’année 45. Ils emmènent avec eux Jean-Marc, un cousin de Barnabé (probablement l’auteur du 2ème Evangile) qui les a accompagnés à leur retour de Jérusalem où ils avaient porté le fruit de la collecte organisée à Antioche. Nos trois missionnaires descendent donc à Séleucie, le port d’Antioche, situé à une trentaine de Km de la ville et là, ils embarquent pour Chypre, l’île natale de Barnabé. En partant vers l’ouest, ils vont donc en direction des trois grands centres de l’empire à l’époque : Ephèse, Athènes et Rome.
Chypre :
La grande île est à la limite des eaux helléniques et, en y débarquant, on sort du monde juif pour entrer vraiment dans l’univers grec. Les trois compagnons commencent “ à annoncer la parole de Dieu ” à Salamine, puis ils gagnent Paphos, la capitale de l’époque. Là ils font une rencontre importante, celle du proconsul Sergius Paulus, un homme ouvert que “ la doctrine du Seigneur a vivement impressionné ” (Ac, 13,12). Il semble que ce soit ce fonctionnaire romain qui ait donné aux missionnaires des lettres de recommandation pour la Pisidie où sa famille possédait de grands domaines et avait de solides relations.
Il faut signaler aussi que c’est à ce moment-là que les Actes des Apôtres donnent à Saul le nom de Paul. Luc n’a que quatre mots pour annoncer ce changement : “ Saul ou plutôt Paul ” (Ac, 13,9) et ne donne aucune explication … Il faut donc se contenter d’hypothèses : influence du proconsul Sergius Paulus que Paul a su toucher ? C’est possible. Mais, sans doute Saul, arrivé maintenant au cœur du monde hellénique, a-t-il envie d’abandonner son nom juif qui sonne mal aux oreilles grecques (en effet Saulos en grec signifie nonchalant, efféminé…) pour choisir Paulos qui veut dire petit, modeste et correspond donc mieux à la réalité. En tout cas, après l’étape de Chypre on ne trouve plus dans les textes Barnabé et Saul, mais Paul et Barnabé.
Passage en Pamphylie :
C’est sur la côte sud de l’Asie Mineure que nos missionnaires débarquent, à l’automne 45. Il y a là des cités très vivantes comme Attalia et Pergé, une ville dont les ruines actuelles montrent toute l’importance, mais ils ne s’y arrêtent guère et c’est au retour qu’ils y annonceront la parole. Luc passe très vite sur ce moment du voyage et note seulement en une courte phrase que Marc abandonne le groupe pour “ retourner à Jérusalem ”. A-t-il craint d’affronter la montagne du Taurus qui culmine à plus de 2000 m et qui peut décourager des voyageurs, surtout à la mauvaise saison ? On ne le sait pas, mais il est certain que cette défection a laissé à Paul une certaine amertume et il refusera d’emmener Marc lors de son deuxième voyage, mais ils se réconcilieront plus tard…
De Pergé à Antioche de Pisidie :
260 Km séparent les deux villes : il faut donc une bonne dizaine de jours de marche dans un paysage de gorges inhospitalières, en dehors des grandes voies romaines. Partis d’Antioche de Syrie, Paul et Barnabé se dirigent vers Antioche de Pisidie : Plusieurs villes de l’Antiquité ont porté ce nom, en l’honneur du roi de Syrie Antiochus. Aujourd’hui, ce qui était la capitale de la Pisidie n’est plus qu’un cimetière de pierres, dominé par les restes d’un aqueduc, à 150 Km environ au sud d’Ankara. Il s’y trouvait alors une communauté israélite et donc une synagogue où Paul et Barnabé se sont rendus le premier sabbat qui a suivi leur arrivée. On les a invités à prendre la parole et les Actes des Apôtres nous ont conservé l’essentiel de l’homélie prononcée par Paul ce jour là et qu’il faut vraiment relire (Ac, 13, 17 - 41) si l’on veut connaître le fond même de la pensée de l’apôtre : le christianisme s’inscrit dans la filiation biblique, mais il présente un caractère original et profondément novateur.
Le grand tournant d’Antioche de Pisidie :
Le sabbat suivant il y a foule à la synagogue et en particulier des non-juifs, intéressés par le discours de Paul. Mais quand celui-ci reprend la parole, les membres les plus traditionalistes de la communauté israélite réagissent comme il avait réagi lui-même à Jérusalem au moment du martyre d’Etienne et ils se mettent à l’injurier. C’est alors qu’il leur lance hardiment : “ C’est à vous d’abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens ” (Ac, 13, 46).
Ce jour là, le christianisme naissant s’est vraiment affirmé comme un message universel. Mais si les païens devenus croyants sont “ tout joyeux ”, les notables provoquent une persécution contre les missionnaires et les chassent de la ville.
Les autres étapes du premier voyage :
Nos voyageurs mettent le cap vers l’est. Après une trentaine de Km dans une région montagneuse où il faut franchir des gorges sauvages, ils peuvent rejoindre la voie romaine qui les conduit plus rapidement à Iconium, à 200 Km environ d’Antioche de Pisidie. Aujourd’hui la ville s’appelle Konya et c’est une ville sainte de l’Islam.
Les Turcs y viennent nombreux se recueillir sur le tombeau de Mevlana, un sage du XIII ème siècle. A Iconium se reproduit un scénario identique à celui d’Antioche : succès au début avec de nombreuses conversions, mais au bout d’un “ certain temps ”, dit Luc, un clan hostile mené par des Juifs traditionalistes se forme et décide de lapider Paul et Barnabé qui jugent plus prudent de filer discrètement et de gagner Lystre à 30 Km au sud-ouest. Là se situent deux événements marquants :
- peu après leur arrivée, Paul guérit un paralysé et impressionne tellement la foule qu’on les prend pour des dieux et qu’ils ont bien du mal à empêcher les prêtres d’offrir un sacrifice en leur honneur (Ac, 14)
- puis c’est à Lystre que Paul fait la connaissance d’un jeune adolescent nommé Timothée qui voudrait partir avec lui. Il lui promet de revenir le chercher, ce qu’il fera au cours de son 2ème voyage (Ac, 16, 1-3).
Cependant les excités d’Antioche et d’Iconium n’ont pas désarmé. Ils ont réussi à retrouver les missionnaires et parviennent à monter la foule contre eux, à un point qu’on commence à lapider Paul qu’on laisse pour mort… Mais il n’était qu’évanoui et dès le lendemain c’est le départ pour Derbé, à une centaine de Km au sud-est de Lystre ; mais c’est en vain qu’on recherche ce lieu sur une carte, car il ne reste rien de Derbé. Saint Luc se contente de dire qu’ils ont annoncé la Bonne Nouvelle et “ ont fait d’assez nombreux disciples ”.
Le retour au point de départ.
C’est au printemps de l’année 47 que Paul et Barnabé quittent Derbé. Le plus court aurait été de rejoindre directement la côte à Tarse, la patrie de Paul, mais celui-ci choisit, malgré des risques certains, de refaire la route de l’aller parce qu’il a le souci des communautés qu’il a fondées. Or, elles ont survécu et les deux messagers vont les conforter dans leur foi et les confier à des anciens, les “ presbytres ”, terme grec dont on fera le mot “ prêtres ”. Ils repartent donc à Lystre et à Iconium, traversent la Pisidie et regagnent la Pamphylie où, après avoir prêché à Pergé, ils embarquent à Attalia pour rejoindre Antioche en Syrie.
Fin de la mission et concile de Jérusalem.
En arrivant “ ils racontèrent ce que Dieu avait accompli par leur intermédiaire et comment ils avaient ouvert aux païens les portes de la foi ” (Ac, 14, 27) Mais une querelle va éclater à propos de la circoncision : fallait-il l’imposer aux nouveaux convertis ? La controverse est assez grave pour qu’on décide de porter la question devant les responsables de l’Eglise de Jérusalem. Paul et Barnabé reprennent donc la route et s’y rendent (fin de l’année 48 ou début de 49). Il faut relire tout le chapitre 15 des Actes qui est consacré à ce qu’on a coutume d’appeler le premier concile. Luc rapporte la discussion parfois vive et le compromis auquel on est parvenu. Les conclusions sont consignées dans un document officiel rapporté à Antioche par Paul et Barnabé, accompagnés de deux émissaires dûment mandatés : sur des bases sûres et au printemps 49, Paul pourra entreprendre un deuxième voyage.
Rémy Jobard
1 commentaire:
Excellente présentation du premier voyage missionnaire de St Paul !
Je note en particulier l'importance de la rencontre avec le proconsul Segius Paulus (homme ouvert à l'Esprit Saint), l'opposition des notables qui ne veulent comprendre de peur de perdre de leurs influences !!!
Ainsi va la vie de tout temps...
Bravo et merci pour ces articles sur St Paul
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