Homélie
8 décembre 2009 Immaculée Conception
L’Immaculée Conception ! Un dogme !!! Pour comprendre quelque chose à ce que l’on appelle les dogmes de la foi chrétienne, souvent exprimés par des mots difficiles à comprendre, il convient souvent de regarder en deux directions différentes, ce qu’en dit l’Evangile et la manière dont les artistes ont su le traduire concrètement, l’exprimer… et ces deux directions, bien entendu, soutenues par notre expérience concrète de tous les jours.
Il faut reconnaître que les mots de l’Evangile sont bien plus clairs que ceux de la théologie. La preuve ? Si on met à part les carmélites, probablement 9 chrétiens sur 10 confondent la fête de l’Immaculée Conception et la virginité de Marie ! Si par contre, on remet l’Evangile en premier, ça va déjà mieux : Je te salue, comblée de grâce. Le Seigneur est avec toi. Même quelqu’un qui n’a pas fait de grandes Ecoles Universitaires comprend déjà un petit peu ! Marie est toute animée de gratuit, de gracieux, de grâce ! Sa vie est un cadeau qui n’a pas de prix, offerte sans que rien ne soit demandé en échange, sans contrepartie, sans qu’il n’y ait rien d’obligatoire et échappant à toute idée de logique, sinon celle de l’amour qui justement dépasse toute logique, surtout marchande ! Quand on se laisse embarquer par ce mot de “grâce”, qu’est-ce que Noël prend sens ! La fête de l’Immaculée Conception nous embarque dans le don... dans la plénitude du don… rien que du don… Exister, c’est se donner parce que c’est se recevoir… (mais comme le numéro de septembre de la revue Carmel était tout entier consacré à “Gratuité et vie spirituelle”, je ne rajouterai rien sur ce point !)…
De fait, les mots évangéliques “pleine de grâce” sont plus faciles à comprendre que les mots “immaculée conception”. Cependant entre l’intelligence qui comprend au moins un peu, et la vie qu’il nous faut mener quotidiennement, comme il y a tension et craquement ! Les artistes l’ont bien senti, eux qui depuis des siècles, mais surtout depuis le 19° siècle, ont tenu à représenter l’Immaculée Conception à travers la statue traditionnelle de cette femme écrasant tranquillement de son talon, la tête d’un serpent ! Bien sûr, pour nous qui sommes formés à l’Ecriture, cette représentation évoque le texte de la Genèse que la liturgie a choisi comme première lecture de ce jour. Du coup, on ne s’étonne plus que Marie marche sur un serpent. Ce qui est de fait étonnant, ce n’est pas que Marie marche sur un serpent, c’est que Marie marche tranquillement sur un serpent. Essayez de vous imaginer, vous, en train de marcher sur un serpent. Il m’étonnerait que votre tête soit aussi gracieuse, pleine de grâce que celle de Marie ! Celle de Marie l’est !
Aujourd’hui, nous disent les artistes, la parole de l’Ecriture dite au serpent s’accomplit d’une manière encore plus extraordinaire que ne le dit la Genèse. “ Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon !” disait la Genèse. “N’ayez pas peur !” ajoutent les artistes. Marie n’a pas cette peur qui paralysait le couple de la Genèse quand Dieu cherchait l’homme au paradis terrestre, ne trouvant comme seule réponse de l’homme que “Je t’ai entendu dans le jardin, mais j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché”. A la peur d’Adam ayant voulu s’accaparer la création au lieu de lui garder son caractère gratuit, Marie répond par son sourire écrasant un serpent ! L’aide, le secours, l’alliée que Dieu a offert gratuitement à l’humain pour qu’il ne soit pas seul, lui donne de retrouver ce que Dieu avait choisi pour lui avant la création du monde : être saints et irréprochables sous son regard !
Désormais, le poids de l’humanité sans peur est en train de faire craquer la tête du serpent ! Ah si les journalistes pouvaient nous faire entendre davantage les craquements du crâne du serpent sous le talon des humains et non seulement ses soubresauts d’une bête en agonie. Si on nous disait comment telle association dans tel quartier difficile avait réussi à faire mal au mal, au racisme, à la détresse, à la désespérance… Si on se disait combien les humains savent aussi se laver les pieds les uns aux autres, là où le serpent a encore un peu de prise parce que c’est lui qui a peur ! Le serpent continue de mordre, mais son venin est périmé… Les vipères deviennent aussi inoffensives que les orvets et les enfants finiront bien par jouer sur le nid du cobra.
Avec l’Immaculée Conception, c’est déjà Pâques qui est annoncée, non seulement celle du Christ, mais celle de tout l’humanité en Lui. L’humanité est capable désormais d’écraser la tête de la bête, et la tête de la bête, c’est la mort… la mort est blessée à mort, cette mort qu’Adam avait peur de recevoir de Dieu à cause de son péché. Il s’aperçoit, dans la nouvelle Eve, en Eglise, qu’il est encore et qu’il sera toujours regardé avec amour et que c’est ce regard qui sanctifie : Bien sûr que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu. C’est lui qui nous a aimés quelle que soit notre culpabilité. Il nous a choisis pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard… Alors à la gratuité, répondons déjà par la gratitude… Rendons grâce !
8 décembre 2009 Immaculée Conception
L’Immaculée Conception ! Un dogme !!! Pour comprendre quelque chose à ce que l’on appelle les dogmes de la foi chrétienne, souvent exprimés par des mots difficiles à comprendre, il convient souvent de regarder en deux directions différentes, ce qu’en dit l’Evangile et la manière dont les artistes ont su le traduire concrètement, l’exprimer… et ces deux directions, bien entendu, soutenues par notre expérience concrète de tous les jours.
Il faut reconnaître que les mots de l’Evangile sont bien plus clairs que ceux de la théologie. La preuve ? Si on met à part les carmélites, probablement 9 chrétiens sur 10 confondent la fête de l’Immaculée Conception et la virginité de Marie ! Si par contre, on remet l’Evangile en premier, ça va déjà mieux : Je te salue, comblée de grâce. Le Seigneur est avec toi. Même quelqu’un qui n’a pas fait de grandes Ecoles Universitaires comprend déjà un petit peu ! Marie est toute animée de gratuit, de gracieux, de grâce ! Sa vie est un cadeau qui n’a pas de prix, offerte sans que rien ne soit demandé en échange, sans contrepartie, sans qu’il n’y ait rien d’obligatoire et échappant à toute idée de logique, sinon celle de l’amour qui justement dépasse toute logique, surtout marchande ! Quand on se laisse embarquer par ce mot de “grâce”, qu’est-ce que Noël prend sens ! La fête de l’Immaculée Conception nous embarque dans le don... dans la plénitude du don… rien que du don… Exister, c’est se donner parce que c’est se recevoir… (mais comme le numéro de septembre de la revue Carmel était tout entier consacré à “Gratuité et vie spirituelle”, je ne rajouterai rien sur ce point !)…
De fait, les mots évangéliques “pleine de grâce” sont plus faciles à comprendre que les mots “immaculée conception”. Cependant entre l’intelligence qui comprend au moins un peu, et la vie qu’il nous faut mener quotidiennement, comme il y a tension et craquement ! Les artistes l’ont bien senti, eux qui depuis des siècles, mais surtout depuis le 19° siècle, ont tenu à représenter l’Immaculée Conception à travers la statue traditionnelle de cette femme écrasant tranquillement de son talon, la tête d’un serpent ! Bien sûr, pour nous qui sommes formés à l’Ecriture, cette représentation évoque le texte de la Genèse que la liturgie a choisi comme première lecture de ce jour. Du coup, on ne s’étonne plus que Marie marche sur un serpent. Ce qui est de fait étonnant, ce n’est pas que Marie marche sur un serpent, c’est que Marie marche tranquillement sur un serpent. Essayez de vous imaginer, vous, en train de marcher sur un serpent. Il m’étonnerait que votre tête soit aussi gracieuse, pleine de grâce que celle de Marie ! Celle de Marie l’est !
Aujourd’hui, nous disent les artistes, la parole de l’Ecriture dite au serpent s’accomplit d’une manière encore plus extraordinaire que ne le dit la Genèse. “ Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon !” disait la Genèse. “N’ayez pas peur !” ajoutent les artistes. Marie n’a pas cette peur qui paralysait le couple de la Genèse quand Dieu cherchait l’homme au paradis terrestre, ne trouvant comme seule réponse de l’homme que “Je t’ai entendu dans le jardin, mais j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché”. A la peur d’Adam ayant voulu s’accaparer la création au lieu de lui garder son caractère gratuit, Marie répond par son sourire écrasant un serpent ! L’aide, le secours, l’alliée que Dieu a offert gratuitement à l’humain pour qu’il ne soit pas seul, lui donne de retrouver ce que Dieu avait choisi pour lui avant la création du monde : être saints et irréprochables sous son regard !
Désormais, le poids de l’humanité sans peur est en train de faire craquer la tête du serpent ! Ah si les journalistes pouvaient nous faire entendre davantage les craquements du crâne du serpent sous le talon des humains et non seulement ses soubresauts d’une bête en agonie. Si on nous disait comment telle association dans tel quartier difficile avait réussi à faire mal au mal, au racisme, à la détresse, à la désespérance… Si on se disait combien les humains savent aussi se laver les pieds les uns aux autres, là où le serpent a encore un peu de prise parce que c’est lui qui a peur ! Le serpent continue de mordre, mais son venin est périmé… Les vipères deviennent aussi inoffensives que les orvets et les enfants finiront bien par jouer sur le nid du cobra.
Avec l’Immaculée Conception, c’est déjà Pâques qui est annoncée, non seulement celle du Christ, mais celle de tout l’humanité en Lui. L’humanité est capable désormais d’écraser la tête de la bête, et la tête de la bête, c’est la mort… la mort est blessée à mort, cette mort qu’Adam avait peur de recevoir de Dieu à cause de son péché. Il s’aperçoit, dans la nouvelle Eve, en Eglise, qu’il est encore et qu’il sera toujours regardé avec amour et que c’est ce regard qui sanctifie : Bien sûr que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu. C’est lui qui nous a aimés quelle que soit notre culpabilité. Il nous a choisis pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard… Alors à la gratuité, répondons déjà par la gratitude… Rendons grâce !
P A. Athias
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