lundi 1 mars 2010

1873 Pélerinage à Saint-Maur (suite)


Les sanctuaires du diocèse de Saint-Claude
Leur histoire et leurs pèlerinages en 1873

Par un curé du Diocèse
CHAPITRE XXXII
Pèlerinage du 14 septembre:
SAINT-MAUR
TOMBEAU DU
PATRON DE LA PAROISSE (suite)

Les reliques du fondateur de l'abbaye de Glanfeuil, que l'on possède actuellement au village de Saint-Maur-du-Jura, sont-elles bien authentiques ?

Telle est la question posée par le docte correspondant de la Semaine Religieuse de Saint-Claude que nous venons de citer.
Voici comment il la résout :
« On conserve actuellement à Saint-Maur, dit-il dans une chasse de bois et gothique, placée sous un ciborium derrière le maitre-autel, quatre os entiers, la moitié d'un cinquième et une portion du crâne. Tout dernièrement, ces reliques ont été enfermées dans un coffre de bois, plombé, recouvert de soie et drap d'argent, et il a été constaté alors, par la lecture des authentiques, qu'elles sont bien les mêmes qui, avant la grande révolution, étaient vénérées de temps immémorial.
Seulement, depuis ce temps néfaste, deux changements étaient survenus: en 1840, on avait transféré ces reliques d'une ancienne chasse tombant de vétusté, dans la nouvelle; plus tard, on extrayait de cette chasse un os qui fut donné à dom Guéranger pour l'abbaye de Solesmes, et une moitie d'os qui fut concédé à l'abbaye de Saint-Paul-hors-les-murs à Rome. Avant ces événements, il y avait donc six ossements complets. »

Au XVIIe siècle, on trouve encore une preuve irrécusable de l'existence de ces reliques dans notre village de Saint-Maur. Cette preuve, citée par les Bollandistes, se voit dans la deuxième partie inédite d'un ouvrage sur le monastère de Saint-Claude par le P. Pierre-Francois Chifflet, savant jésuite, mort le 5 octobre 1682.





Voici comment il raconte le résultat du voyage qu'il fit à Saint-Maur: — « Ce village, dit-il, du doyenné de Lons-le-Saunier, tire son nom de saint Maur. Dans son église, je vis une chasse contenant la plupart des ossements de ce saint. Ayant demandé si l'on pouvait me montrer quelques écrits sur sa vie ou la célébration de sa fête, on m'apporta plusieurs papiers ou parchemins d'où j'ai extrait ce qui suit:
En l'an du Seigneur 1447, le 4, janvier, Jean de Fruino, doyen de Besançon et vicaire général du très-illustre et révérend seigneur Quintinus, archevêque de Besançon, chargea, deux prêtres, Jean Maillet, curé de Gevingey, et Antonin Boisselet, curé de Chilly, de disposer plus commodément et décemment les ossements de saint Maur dans une nouvelle châsse faite aux frais de Nicolas Aymonin, curé de Saint-Maur, dans laquelle, ces ossements avaient été transférés quelques jours auparavant d'une autre chasse plus petite et moins ornée. »
Comme on le voit, la relation du P. Chifflet indique qu'il y avait, en 1447, à Saint-Maur-du-Jura, deux chasses : l'une faite aux frais de Nicolas Aymonin, dans laquelle on transféra alors les reliques du saint (ce devait titre celle qui fut remplacée en 1840) ; et une autre plus petite, moins ornée et plus ancienne, de laquelle les curés de Chilly-le-Vignoble et de Gevingey tirèrent les reliques du saint par ordre de Mgr Quentin Menart.


(A suivre)

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