Les sanctuaires du Diocèse de Saint-Claude
Leur histoire
et leurs pèlerinages en 1873
par un curé du Diocèse
Saint-Claude
(extraits p. 374-380)
Le monastère, l'église et la ville de Saint-Oyend prendront, au XIIe siècle, un autre nom qui leur restera définitivement : ce sera celui de Saint-Claude.
Leur histoire
et leurs pèlerinages en 1873
par un curé du Diocèse
Saint-Claude
(extraits p. 374-380)
Le monastère, l'église et la ville de Saint-Oyend prendront, au XIIe siècle, un autre nom qui leur restera définitivement : ce sera celui de Saint-Claude.
Il semble que Claude, patrice de Scodingue, fut le père du saint qui a donné son nom à la ville de Saint-Oyend, et c’est une tradition constante à Salins que celui-ci, né au château de Bracon, dont on voit encore les ruines, eut pour parents les illustres gouverneurs de cette ville, dont les soins le formèrent à la piété et à la vertu. D’ailleurs le temps où vécut le patrice Claude s’accorde parfaitement avec l’année où naquit notre saint (607). Le nom de Claude est romain, et l’ancienne coutume des nobles familles chez les Romains était de transmettre leurs noms à leurs enfants. Ainsi, tout est ici d'accord, le lieu, le temps, le nom, la condition, les vertus. Cependant, il faut avouer que ce n'est qu'une conjecture, et qu'aucun auteur n'en parle.
L'historien Gollut, interprète au XVI° siècle de la tradition, raconte que de son temps, on montrait encore le lieu où était né saint Claude ? « La ville de Salins, dit-il, peut méritoirement se glorifier en la naissance de ce très sainct prélat, puisqu'il nasquit (ainsi que l’on tient pour vray) dedans le chasteau de Bracon, qui est tout auprèz de la vile, et dedans lequel, jusques à maintenant, l'on montre une chambre, autrefois belle et bien dorée, dedans laquelle ce sainct prélat nasquit et fut premièrement esleué et nourry. »
L'historien Gollut, interprète au XVI° siècle de la tradition, raconte que de son temps, on montrait encore le lieu où était né saint Claude ? « La ville de Salins, dit-il, peut méritoirement se glorifier en la naissance de ce très sainct prélat, puisqu'il nasquit (ainsi que l’on tient pour vray) dedans le chasteau de Bracon, qui est tout auprèz de la vile, et dedans lequel, jusques à maintenant, l'on montre une chambre, autrefois belle et bien dorée, dedans laquelle ce sainct prélat nasquit et fut premièrement esleué et nourry. »
Pour ne rien omettre sur ce point, nous ajouterons que, suivant M. Rousset, « les comtes de Salins, pas plus que les patrices de Scodingue, n’ont dû habiter le château de Bracon, car il appartenait à l'abbaye d'Agaune. Chatel-Guyon, situé dans la partie supérieure de l'oppidum, et le château dit de Rans, au pied du mont Salomon, qui tous deux jouissaient au moyen âge du droit d’asile, durent, servir de séjour aux patrices et aux comtes pendant l'époque mérovingienne . »
Cette remarque critique n’enlève point à Salins la gloire d’avoir donné le jour à Saint-Claude, et cela nous suffit.
Saint Claude fut instruit au foyer de son illustre famille jusqu'à l'âge de sept ans. Il fut ensuite confié à des maitres habiles. Ses progrès dans les lettres humaines furent rapides, et Dieu lui donna la grâce de faire également d'admirables progrès dans la pratique des vertus chrétiennes. Il aimait à étudier les divines Ecritures, les ouvrages des Pères de l'Eglise, la vie des Saints. On le voyait souvent aux pieds des autels, assistant avec ferveur à la messe et aux offices religieux. Il recherchait la société des personnes pieuses et fuyait la compagnie des méchants. Modeste dans son maintien, circonspect dans ses paroles, malgré son extrême jeunesse, II s'efforçait d'éviter tout ce qui pouvait être un prétexte ou un sujet de blâme. En fin, la pureté de son âme se reflétait jusque dans les traits de son visage: Claude avait l'angélique regard d'un séraphin.
Gollut dit qu'il porta les armes jusqu'à l'âge de vingt ans; mais, destiné par une sincère vocation à la milice sainte, Claude embrassa à cette époque l’état ecclésiastique et fut reçu au chapitre de l’église cathédrale de Besançon, qui vivait dans la plus édifiante régularité, suivant les institutions et les exemples de l’ archevêque saint Donat. Il y fut chargé d'enseigner la science sacrée aux jeunes clercs, et remplit cette fonction avec un brillant succès.
Après avoir vécu pendant douze ans au milieu des prêtres qui faisaient l'ornement de l'Eglise de Besançon, et se sentant pressé par un ardent désir de servir Dieu d'une manière plus parfaite encore, Claude se retira dans la solitude.
"Les monastères de la Haute Bourgogne étaient encore très florissants. Luxeuil et Condat surtout, aux deux extrémités de la province, ouvraient un sûr asile à ceux que l'amour de l’étude et l’amour de la vertu embrasaient de leurs ardeurs. Là s'étaient formés de grands saints; de là étaient déjà sortis d’illustres pontifes que l'histoire nous montre comme les docteurs et les bienfaiteurs de leur siècle, et que l’Eglise honore comme les élus du Seigneur.
Condat, dont l'école avait été fondée par saint Oyend et illustrée par saint Viventiole plaisait beaucoup à saint Claude; il résolut de s'y rendre pour embrasser la vie monastique (639). Il avait environ trente-deux-ans quand il accomplit son dessein. Dans le cloitre, comme dans le monde, il fut cité comme le modèle de ses frères. Malgré la noblesse de sa naissance, il voulut toujours être confondu avec les simples religieux, et ne se distinguait des autres que par son austérité, son amour pour la prière, et son application à l'étude et à la lecture. Toujours le premier à l'église pour la célébration des offices divins, il n'en sortait que le dernier, et l'exemple de sa ferveur était pour les autres moines une prédication continuelle."
Saint Ijuriose , onzième abbé de Saint-Oyend, étant mort, les religieux élurent Claude d'une voix unanime pour lui succéder, en 644. Malgré sa résistance celui-ci dut se résigner et accepter. « Sous son gouvernement, il y eut, dans le monastère, beaucoup de saints dont on vénéra plus tard les reliques. Claude obtint, en 650, du roi Clovis II, la restitution des biens enlevés à son Ordre avec de nouvelles libéralités, il embellit, orna les églises, augmenta les bâtiments, introduisit- ou du moins fit observer la Règle de Saint-Benoît. On conservait encore, au XII° siècle, un recueil de sermons dans lesquels le pieux abbé avait laissé à ses enfants sa doctrine et son esprit. »
Saint Claude avait déjà vécu bien des années dans sa chère solitude de Saint-Oyend, lorsque Dieu l'appela à gouverner l'Eglise de Besançon. A la mort de saint Gervais, qui avait occupé le siège de cette métropole de 680 à 685, le clergé et le peuple furent divisés, pendant deux ans, sur le choix du successeur qu'ils devaient donner à ce prélat. Après bien des contestations, on finit par où l'on aurait du commencer,— par la prière ! Pendant que tous priaient, une voix du ciel se fit entendre et ordonna de choisir Claude pour évêque.
« Ce nom fut accueilli avec joie, et le clergé de Besançon envoya aussitôt une députation au pieux abbé pour obtenir son consentement. Saint Claude, qui se trouvait alors à Salins dans sa famille, fut le seul qui s'étonnât de cette élection et qui eût le droit de s'en plaindre ; mais la voix du Ciel qui avait parlé, les pressantes sollicitations des envoyés de Besançon et de ses parents eux-mêmes, enfin les besoins d'une Eglise où sa présence devait ramener la paix et faire refleurirla discipline, tout cela finit par le déterminer à accepter le fardeau épiscopal. Le pays de Salins vit avec une grande joie cette élévation d'un saint qui faisait déjà sa gloire, et les délégués le conduisirent à Besançon, ou il fut reçu et sacré avec les démonstrations de la plus vive allégresse. »
Claude en avertit aussitôt le pape Jean V et ne faut point s’en étonner «car bien que les Souverains-Pontifes n’intervinssent pas alors directement dans l’élection de chaque évêque les liens les plus in times unissaient l'Eglise de Besançon au Saint-Siège. »
Notre saint évêque avait conservé le titre et les fonctions d'abbé de Saint-Oyend, et gouvernait son monastère avec la même sollicitude qu'auparavant. C'était même la que tendaient ses plus tendres affections. Il s'y retira après Sept ans d'épiscopat (693), âgé d'environ quatre-vingt-six ans. Il demeura encore à la tête de son abbaye pendant plusieurs années. Tous les historiens de Franche-Comté s’accordent à dire qu’il parvint à une extrême vieillesse. Sa vie fut couronnée par une mort aussi douce que glorieuse devant Dieu. Après avoir été malade cinq jours seulement, il reçut les derniers sacrements avec une piété qui fit pleurer d'attendrissement tous ses religieux, donna à ceux-ci le baiser la paix, leur prescrivit de l’inhumer avec la plus grande simplicité possible et expira le 6 juin 699, à l’âge de 93 ans.
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