jeudi 3 novembre 2011

Homélie du 2 Novembre, P Philippe Adellon

Homélie du 2 novembre 2011 Carmel
Père Philippe Adellon

Lectures : Sagesse : 4, 7-15 ; Romains : 14,7-12 ; Jean 6,37-40

« JESUS, nous le croyons est mort et ressuscité : de même ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les prendra avec lui. C’est en Adam que meurent tous les hommes, c’est dans le Christ que tous revivront. »

Cette mort et cette résurrection, nous sommes là rassemblés pour en faire mémoire, c’est-à-dire l’actualiser, la rendre active. Par elles nous rejoignons tous nos morts et tous les morts dans une même communion, une même présence : celle du Christ .C’est aussi une ouverture à la vie pour chacun de nous. Nous sommes déjà présents dans cette mort et cette résurrection du Christ. Faisons en sorte que notre prière ce jour ne soit pas simplement complainte, mais ESPERANCE : Dieu accorde à son Eglise Grâce et Espérance.

Deux remarques pour situer cette célébration du 2 Novembre.

- Il serait préférable que la Commémoration des défunts soit placée avant la fête de Tous les Saints. Cela pour mieux mettre en valeur les chemins du Royaume comme chemins de Sainteté : aboutissement parfait de la sainteté, de l’harmonie retrouvée entre Dieu et les hommes.

- Il est intéressant de percevoir l’évolution de la mort, de son sens, de son rôle durant l’histoire biblique : celle de l’Ancien et celle du Nouveau Testament jusqu’à la clarté de la mort du Christ sur la Croix, qui fait percevoir et découvrir la mort comme une transition, un passage vers la vie. Ce qui donne une importance fondamentale à notre vie terrestre comme temps de découverte de notre lien essentiel avec le Dieu créateur qui poursuit son oeuvre de création dans le don de son amour filial.
Depuis la rupture de l’homme au paradis, Dieu a toujours continué de donner aux hommes l’Espérance lui permettant ainsi de revenir puiser à la source de la vie et du bonheur. Les traces dans l’A.T. en sont nombreuse, jetées comme des jalons traçant un chemin…
Le livre de la Sagesse que nous venons d’entendre rassemble les réflexions des sages, de ceux qui cherchent l’Absolu « Même s’il meurt- avant l’âge, le Juste trouvera le repos. »
Il rappelle ainsi que la durée des années n’est pas essentielle. Il est clair que même s’il meurt
jeune, le juste trouvera le repos. Le livre n’en dit pas plus sur le Repos. Nous l’appelons maintenant le Royaume des Cieux (celui des Béatitudes) dont nous parlions hier avec St. Matthieu.

Il est clair ainsi que ce repos est donné à celui qui est JUSTE, qui pratique la justice, la dignité : deux caractéristiques de Dieu. Donc la Vie, la vraie vie est une grâce de dignité et non de grand âge. Elle est vie de sagesse.

Cette sagesse énumère ce qui empêche l’homme de plaire à Dieu…. !

« - Vivre dans le monde pécheur » : formule large qui vise celui qui se laisse corrompre par le mal et s’y complait avec une conscience trouble qui mêle tout, envahir par le mensonge qui égare et qui voudrait tromper Dieu et les autres, par les séductions faciles, les tentation qui font fuir le bien, et par les passions qui noircissent le cœur.

Et le livre de la Sagesse pointe du doigt notre aveuglement quand elle dit :

« Les gens voient sans comprendre. » C’est-à-dire qu’ils refusent de saisir dans leur tête et leur cœur que la mort est ce passage vers le REPOS, que Dieu accorde avec grâce et miséricorde et que lui-même est présent dans ce passage avec nous.
Il y a bien à partir de ce texte de la Sagesse, quelques questions à nous poser pour notre propre vie terrestre et pour notre mort, pour considérer la mort de nos proches et de tout homme, car la mort ne concerne pas que celle de nos proches et de ceux que l’on aime.

- Ne brûlons-nous pas notre propre vie dans ce « monde pécheur » en croyant nous accomplir, nous épanouir tout en nous disant : « nous verrons bien »

- Prenons-nous le temps de nous arrêter sur notre vie terrestre, dont nous ne savons pas la durée, pour nous dire qu’elle est une route qui se dessine entre les mains de Dieu avec tout ce que nous faisons

Voilà déjà tout ce que Dieu dans l’A.T. faisait entrevoir par sa grâce et sa miséricorde à ceux qui vivaient la sagesse.
Avec le N.T. Jésus devient la grâce et la miséricorde visibles et en œuvre. St. Jean, nous venons de l’entendre, rappelle les paroles même de Jésus, que le Père a envoyé auprès des hommes. : « Tous ceux que le Père me donne viendront- à moi et Celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. » « la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. »

Avec le Christ envoyé chez les hommes, l’œuvre de Dieu retrouve toute sa finalité : l’homme , tout homme fait partie de l’œuvre de Dieu , non seulement durant le temps terrestre, mais pour l’éternité, la vie éternelle.

Cette vie éternelle donne à l’homme une autre dimension, une autre valeur que celle d’un temps contenu dans un espace … Il ne s’agit plus de temps mais d’éternité. Nous ne sommes plus des êtres mortels, mais des êtres éternels.

Le couple: MORT –RESURRECTION est le maître mot de cette nouvelle réalité de l’homme, qui s’ouvre sur la vie éternelle.
La mort à vue humaine et il ne faut pas se distendre de la vie humaine et terrestre, est un souvent un arrachement brutal , celui là même du Christ sur la croix . « Pourquoi m’abandonnes-tu ? »

Cette mort résurrection fait jaillir une réalité nouvelle de la vie terrestre. Elle redonne tout le sens à la création de l’homme : Elle devient expérience de foi, donc cheminement et confiance quotidiens ; Elle devient Espérance, transcendant le quotidien ; elle devient charité, c’est-à-dire visiblement image de Dieu.

Les apôtres abattus, les femmes apeurées, les pèlerins fuyants, les premiers croyants désespérés ont retrouvé la vie, celle qui accompagne Dieu en suivant les pas de Jésus.

- comment recevons-nous la mort de nos proches, y compris la violence de la rupture ? Dans quelle espérance ? C’est une question à nous poser. Comment recevons-nous notre propre mort ? illusion de pieux dévots qui ont peur ou réelle espérance en Christ Sauveur et amour ?
- En cette journée de la commémoration de nos fidèles défunts, nous pouvons nous poser la question : Qu’elle est notre foi ? En qui je crois ? en qui j’espère ? et comment j’aime Dieu et Jésus ?
- Et il nous fait nous en poser une autre qui est corrélative : Avec quelle prière nous accompagnons nos défunts. Celle du regret, des pleurs ? ou celle de l’espérance et de la vie. Sommes-nous venus aujourd’hui prier avec des morts ou des vivants ? Quelle prière je fais monter vers Dieu : simplement une supplication impuissante, et qui se veut consolatrice ? ou une prière qui ouvre mon cœur et tout mon être a déjà vivre de Jésus-Christ et de son amour ?

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