vendredi 20 juillet 2012

Thérèse d'Avila, Fondations 16, extraits


Thérèse d'Avila
Fondations, 16 (traduction Marcelle Auclair), extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte du Livre des Fondations
Où l'on traite, pour l'honneur et la gloire de Dieu, de quelques faits survenus en ce monastère de Saint-Joseph de Tolède.

1 Je crois utile de dire comment certaines religieuses s'exerçaient au service de Dieu, pour que celles qui viendront s'efforcent toujours d'imiter ces excellents débuts. Avant l'achat de la maison était entrée ici une religieuse nommée Anne de la Mère de Dieu, âgée de quarante ans, et qui n'avait vécu que pour Sa Majesté. Elle avait chez elle et par ses relations de quoi vivre agréablement, car elle était seule et possédait du bien, mais préférant notre pauvreté et l'assujettissement de l'Ordre, elle vint me parler. Bien que sa santé fût précaire, une si bonne âme, si résolue, me sembla devoir être un bon élément pour une fondation, et je l'agréai…

2 Je parle d'elle parce qu'elle m'a beaucoup édifiée en nous faisant don de tout ce qu'elle possédait, avant même d'avoir fait profession…

3 Les religieuses de ce monastère mettaient beaucoup d'ardeur à pratiquer la mortification et l'obéissance…

4 Il advint, lorsque j'étais à Tolède, que l'une des soeurs fut prise du mal de mort. Après avoir reçu les sacrements et l'Extrême-Onction, elle manifesta une joie et un contentement tels qu'on aurait pu lui demander de nous recommander au ciel à Dieu et aux saints de notre dévotion, comme s'il se fût agi d'un pays voisin. J'arrivai auprès d'elle quelques instants avant qu'elle n'expirât, car j'avais été devant le Saint-Sacrement supplier le Seigneur de lui accorder de bien mourir; en entrant dans sa chambre, je vis Sa Majesté à son chevet juste au milieu du lit. Il entrouvrait les bras, comme pour la protéger; et il me dit «de tenir pour certain qu'il protégerait ainsi toutes les religieuses qui mourraient dans ces monastères; qu'elles ne craignent donc pas d'être tentées à l'heure de la mort»…

5 … J'espère donc que Dieu dans sa bonté nous accordera cette grâce, par les mérites de son Fils et de sa glorieuse Mère dont nous portons l'habit. C'est pourquoi, mes filles, nous devons nous efforcer d'être de vraies Carmélites, car ce voyage sera bientôt fini…

6 Je me rappelle un trait que je veux vous conter, il s'agit d'un homme, parent de mes parents, je l'ai donc bien connu. Il était grand joueur, et avait fait quelques études; le démon en usa pour chercher à le tromper en lui faisant croire que le repentir à l'heure de la mort était inutile. Il en était si convaincu qu'on ne pouvait le persuader de se confesser; rien n'y faisait, bien que le pauvre fût extrêmement affligé et repentant d'avoir si mal vécu; mais, disait-il, à quoi bon se confesser puisqu'il voyait qu'il était damné. Son confesseur, un père dominicain fort docte, discutait avec lui, mais ses arguments échouaient devant les subtilités que lui enseignait le démon. Quelques jours s'écoulèrent, le confesseur ne savait plus que faire; il dut, avec d'autres, le recommander instamment au Seigneur, car il eut pitié de lui.

7 Le mal s'aggravait, il souffrait du côté, le confesseur revint le voir, prêt à lui donner de nouveaux arguments; ils n'eussent été que fort peu efficaces si le Seigneur, dans sa pitié, n'eût attendri son cœur. Le père commençait à peine à parler et à raisonner lorsqu’il s'assit sur son lit comme guéri de son mal, et il lui dit: «Vous dites, enfin, que la confession peut m'être profitable? Je me confesserai donc.» Il fit appeler un notaire et prit les personnes présentes à témoin de son serment solennel de ne plus jouer, et de réformer sa vie…

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