3ème
dimanche de Pâques Année A/ 26 avril 2020
Carmel
de Saint Maur - Père Maurice BOISSON
Au
soir de Pâques, 2 disciples faisaient route vers le village d'Emmaüs...
"L'un des 2, nommé Cléophas...".
Et
l'autre? Quel est son nom? Luc ne le dit pas.
Serait-ce
l'un ou l'une de nous? Nous, ensemble?....
Nous
sommes invités à relire notre propre chemin d'Emmaüs, celui de nos communautés,
celui de notre monde, en ce temps.
"De
quoi discutiez-vous en marchant?".
De
quoi discutons-nous, tous les jours?
Emmaüs
: à 2h de marche de Jérusalem.
Deux
heures au cours desquelles se pressent, pêle-mêle :
- Le désir de tourner le dos à 3 années d'espérance déçue...
- Les souvenirs heureux, avec Lui, l'Ami Crucifié : l'appel et la réponse enthousiaste au bord du Lac, les routes de Galilée, la maison de Simon, Béthanie, Jéricho, la montagne... Les Paroles et les actes d'Amour et d'Espérance redonnée...
- Et les ambitions!... Les projets , les rêves... Où est-il ce Royaume rétabli, promis? Ce monde sauvé?
Quelle
tristesse!
"Nous,
nous espérions qu'il allait délivrer Israël".
Cette
route vers Emmaüs est souvent la nôtre et celle du monde aujourd'hui : Route
chargée d'épreuves, de regrets, d'espoirs, de questions, de solidarité et de
fraternité.
A
mi-chemin, un inconnu nous rejoint. Pas tout à fait inconnu ! Mais on a du mal
à le reconnaître. Nos yeux, nos oreilles, notre esprit, même notre cœur sont habitués
à Lui. Il n'est pas le même, mais pourtant!... Une présence, cela se sent dans
le cœur, ça le réchauffe... Même si nos yeux de chair sont empêchés de
reconnaître Celui qui nous rejoint, parce qu'ils sont fixés sur l'immédiateté,
le visible des évènements, et embués de l'habitude.... Pourtant : "Notre
cœur n'était-il pas tout brûlant en nous?". Lorsque ce compagnon ouvrait
nos esprits, nos yeux, notre moral, au sens profond de l'évènement, on sentait
bien qu'Il n'était pas tout à fait un inconnu.
Sur
le chemin de nos vies, qui n'a pas aperçu, à un moment, un timide rayon de
lumière, comme celui qui ose se glisser sous une porte fermée pour indiquer le
jour ?
Jésus,
le Christ Ressuscité, nous rejoint pour marcher à nos côtés, nous réchauffer le
cœur, éclairer nos pas et nous offrir le don de son Amour.
Une
présence nous rejoint. On a envie qu'elle reste avec nous, surtout quand la
nuit approche. L'obscurité intérieure réclame toujours la discrète lumière et
la douce chaleur d'une paisible présence. "Reste avec nous, car le soir
approche!".
Dans
l'auberge, près de la grande cheminée où brûle du bois d'olivier, rappelant un
jardin de triste mémoire, avec nos 3 compagnons nous prenons place autour de la
table basse sur laquelle le patron vient de poser le repas.
L'Inconnu,
"ayant prit le pain, prononça la bénédiction, et l'ayant
rompu,
il nous le donna" : comme jeudi, au cours du dernier repas pris avec Lui!
"Ceci est mon corps livré, ressuscité!". Alors nos yeux s'ouvrirent,
surtout nos cœurs, et nous le reconnurent... C'est Lui, c'est bien Lui...
Et
nous ne le voyons plus physiquement mais il nous demeure présent à jamais.
Vite,
prenons la route inverse... Le retour vers Jérusalem, vers les frères et sœurs
qui nous accueillent dans la joie partagée : "Le Seigneur est réellement
Ressuscité!".
Nous
en serons ensemble les témoins.
Bouleversante
! aujourd'hui ! cette Rencontre du Ressuscité sur nos chemins, dans les
évènements et les situations de nos vies et de la vie du monde...
"Si
regarder en arrière nous cause du chagrin,
Si
regarder devant nous, nous fait peur.
Regardons
à côté de nous. Dieu, en Jésus Ressuscité, se fait marcheur à côté de nous.
Soyons en les témoins...".
"Reste
avec nous, Seigneur Jésus, toi le convive d'Emmaüs,
Au
long des veilles de la nuit, Ressuscité, tu nous conduis!" (Prière du
dimanche soir 1ère semaine de Pâques).
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