Homélie 4ème dimanche de l’Avent C. 19 décembre 2021

Homélie 4ème dimanche de l’Avent C. 19 décembre 2021

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur

 Ml 5,1-4a; Hé 10,5-10; Lc 1,39-45

 Noël approche. Les préparatifs s'accélèrent, les inquiétudes aussi sur les conditions de bien passer cette belle fête. Préparons, non seulement les extérieurs, les menus et les guirlandes mais aussi et surtout l'intérieur : "Habillons-nous le cœur" dit le Petit Prince. Habillons-nous de Lumière intérieure, de la Lumière de Dieu venu habiter chez nous, dans notre humanité en son fils Jésus. Habillons-nous surtout d'Espérance.

 La Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth, que nous venons d'entendre, conduit sur un chemin de foi, de confiance et d'intériorité. C'est une démarche toute simple : une visite, un accueil, une joie partagée. C'est une visite qui se fait rencontre, une rencontre qui se fait Visitation : un partage de vie, d'espérance, d'entraide. Partage de ce qui arrive, mystérieusement inattendu, partage du soutien et de l'aide mutuelle devant des évènements qui bousculent. "L'évènement est notre maître intérieur" disait le philosophe chrétien Emmanuel Mounier.

Le chemin de Marie vers la région montagneuse pour se rendre à la maison d'Elisabeth, c'est celui de nos vies où se mêlent la crainte et la confiance, l'incompréhension et l'espérance, la fatigue et le découragement et le désir de les vaincre. C'est un chemin de foi et de confiance qui conduit Marie, portant son bébé, vers une autre maman portant elle aussi son bébé. Ces deux bébés sont des enfants de l'impossible, humainement.  La jeune Marie le sait : "Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d'homme?". "Comment cela se fera-t-il ?" dit le vieux Zacharie. "Ma femme, Elisabeth, est trop âgée, même qu'on l'appelle la stérile".

Cette rencontre révèle la réalisation d'un possible dans nos impossibles humains, par l'intervention de Dieu bien-sûr, mais aussi par la foi et le confiance de Marie et d'Elisabeth.

"Que cela se fasse comme tu l'as dit" répond Marie à l'ange.

Elisabeth accueille Marie à son arrivée par cette manifestation de joie : "Heureuse celle qui a cru à la réalisation des Paroles qui lui furent dites de la part de Dieu". C'est une invitation à la confiance active en l'action de Dieu. Il est notre Berger, notre Paix, dit la 1ère lecture, et en même temps c'est un appel à mettre du nôtre pour participer à la réalisation d'un possible.

 "On n'y croyait pas", "On n'y croyait plus", et pourtant "ça arrive!..." Nous avons peut-être souvent entendu, ou dit, ces réflexions. Qui croyait encore à cette main redonnée qui, un jour de disputes, s'était refermée? Qui espérait une issue, quand tout paraissait bouché? Qui pensait possible qu'une visite, un geste, une parole, puissent redonner courage et confiance à qui était dans la solitude ou le désespoir? Chacun de nous a vécu des situations où l'humainement impossible est devenu possible. Il y a en nous-mêmes des possibles, si petits soient-ils, qui ouvrent sur un plus de nous-mêmes et des autres, qui fécondent nos stérilités intérieures, pour donner naissance à plus de lumière, de bonté, de fraternité, d'amour, les plus beaux cadeaux de Noël, parce qu'ils sont cadeaux de Dieu.

N'oublions pas de préparer, d'éclairer la véritable crèche : celle de nos cœurs, pour y accueillir la présence de Dieu venant demeurer au plus intime de nous-mêmes et de l'humanité, par Jésus, le Christ.

Quelles que soient les circonstances, Noël sera Noël : la présence aimante de Dieu, au cœur de nos vies et au cœur de l'humanité, comme un ferment d'espérance dont nous-mêmes et notre monde ont besoin. Bonne préparation à Noël.