5° dimanche - Année C. 06 février 2022

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Père Maurice BOISSON – Carmel de Saint Maur

 Is 6,1-2a 3-8 ; 1Co 15,1-11 ; Lc 5,1-11

 « Avance au large ! ». Cette Parole de Jésus à Pierre, et à nous, nous bouscule.  Elle nous provoque à la même réponse que celle de Pierre : « Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre. Mais, sur ta parole je vais jeter les filets... ».

On s’est donné de la peine, on s’est fatigué, on a passé du temps, sans toujours y voir clair !... pour telle ou telle cause... et c’est l’échec ! On n’avance pas. On arrête ! Comme Pierre et ses compagnons, fatigués, on a envie de baisser les bras !

D’une manière ou d’une autre, on connaît cette expérience ! Et voilà le moment, on ne s’y attendait pas, où Jésus nous surprend pour dire comme à Pierre : « Avance au large, jette à nouveau les filets »... Ne reste pas au bord, sur la plage, à la surface, avance en eau profonde... Avance au-delà de tes impressions, de ta lassitude, de tes déceptions...

 Dans les situations difficiles, écoutons-nous l’appel intérieur de Jésus ? Avance, ne reste pas dans l’échec... Je monte avec toi dans ta barque.

Jésus nous rejoint toujours, quand il faut, sur nos chemins, comme sur celui d’Emmaüs, il nous rejoint dans nos fatigues, nos épreuves, nos découragements. En montant dans la barque de Simon, au début de ce récit, Jésus lui demande de s’écarter un peu du rivage et de la foule...

Il nous invite à prendre un peu de distance, avec les évènements, un peu de calme pour la réflexion, un peu de force pour repartir, et, surtout, un peu de silence intérieur, pour sentir la présence de Jésus et écouter sa Parole.

 « Avance au large... ». « Puisque tu le dis, puisque tu es là, avec nous, sur ta parole je vais jeter les filets », dit Pierre. Je repars. On a entendu la suite... « Les filets étaient remplis de poissons ».

En entendant la parole de Jésus : « Avance au large ! », peut-être que ces « pros » de la pèche ont été agacés... : « Il nous dit de jeter les filets ! C’est bien beau, mais il n’y connaît rien ! Ce n’est pas son métier, il était charpentier. Nous, c’est notre métier et notre vie, la pêche ! ».

Jésus ne donne pas de conseils techniques, il fait mieux : Il ouvre dans leur cœur, dans nos cœurs, dans leur état d’impuissance, malgré leurs compétences et leur expérience il ouvre en eux un chemin de confiance, de courage et de persévérance...

« Sur ta parole, je jetterai à nouveau les  filets, en comptant non plus seulement, sur mes propres compétences, mon expérience, et mes propres forces ». Pierre reconnait sa faiblesse, c’est ce qui le rend fort. « Eloigne-toi de moi, Seigneur, je suis un homme pécheur ». Son humilité l’a fait grandir : au creux de sa faiblesse, il peut entendre un autre appel : à une autre pêche. « N’aie pas peur, ce sont des êtres humains que tu prendras. ».

Sortir les poissons de l’eau c’est les faire mourir pour les manger.

Sortir des êtres humains de l’eau - c’est une image - c’est les faire vivre, les faire respirer, les empêcher de se noyer quand ils ont la tête sous l’eau... C’est aider à vivre, pas seulement physiquement, mais pour que l’être tout entier vive (l’esprit, le cœur) ou retrouve le goût à la vie, et la vie ensemble. Il y a tellement de manières de le faire.

« Avance au large, dans l’eau profonde de notre monde : n’aie pas peur », c’est la mission des disciples et des amis du Christ Jésus.