2ème Dimanche de Pâques. Dimanche de la Divine Miséricorde.
Année C. 24 avril 2022
Homélie Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur
Ac 5,12-16 ; Ap 1,9-11a12-13 ;17-39 ; Jn 20,19-31.
Saint Thomas, surnommé le jumeau, a beaucoup de jumeaux ! Surtout à notre époque, où on veut tout vérifier, avoir des preuves, faire des expertises etc.
Saint Thomas est beaucoup cité : « Je suis comme St Thomas, je crois qu’à ce que je vois !... ». Et, en même temps, ces mêmes jumeaux dont nous sommes peut-être, se laissent prendre – ou avoir - par toutes sortes de fausses nouvelles, de rumeurs, de « on dit ! » etc... En tout cas, la mentalité actuelle est davantage du côté de la méfiance que de la confiance.
C’était un peu l’état d’esprit de Thomas et des autres apôtres, devant l’événement de la Résurrection. Aujourd’hui encore la résurrection du Christ et notre propre résurrection sont sujettes à des doutes, des refus, des questions. Saint Thomas est bien de notre temps, il a douté, il n’a pas cru ses collègues quand ceux-ci lui ont dit qu’ils avaient vu Jésus Ressuscité. Thomas se verrouille dans ses doutes : « Si je ne vois pas dans ses mains les cicatrices des clous... Non, je ne croirai pas ».
Thomas est dans le doute. Le doute comporte toujours une certaine méfiance, on connaît bien ce sentiment ! Thomas ne doute pas pour faire le malin ou la forte tête, c’est plus profond. Thomas est blessé dans son cœur, son esprit, son espérance... Thomas, comme les autres apôtres, avait tout misé sur Jésus et l’espérance qu’il apportait. Ils avaient quitté leur métier, leur famille, leurs relations et, au final, c’est l’échec apparent : la souffrance, la mort, les espoirs déçus. Qui n’a pas connu cette expérience intérieure, quand les appuis cèdent, quand des évènements cassent quelque chose en nous qui « nous cassent la brasse » comme disaient les anciens, quand on a envie de tout laisser tomber et de nous refermer dans notre coquille.
Thomas avait raté la première rencontre où Jésus s’était montré à ses apôtres. La deuxième fois, il était là. S’il était revenu, tout n’était pas perdu en lui : des petites lueurs d’espérance ne s’étaient pas éteintes en lui, il restait un peu de braises. Quand nous pensons être découragés, pris d’une envie d’abandonner, n’éteignons pas les petites braises. Redonnons-leur de notre souffle, même faible, le feu peut reprendre. Oui, Thomas était revenu avec ses collègues amis, dans cette salle aux portes verrouillées par la peur. C’est surtout le cœur de Thomas et d’autres qui étaient verrouillés. C’est pire ! Une porte verrouillée, on peut la forcer et l’ouvrir, pas les cœurs. Jésus a trouvé les clefs : les portes qui ferment les cœurs et les esprits s’ouvrent par la douceur, la paix, la présence aimante, rassurante.
« La Paix soit avec vous ! ». Trois fois Jésus leur offre ce cadeau du Ressuscité. Ils en avaient besoin, et Thomas le premier, de cette paix qui apaise les peurs et les doutes. Jésus montre à Thomas ce que celui-ci désirait voir : ses mains, son côté, ses plaies cicatrisées par la Résurrection... Thomas peut déposer ses propres plaies intérieures, elles seront ressuscitées : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Thomas retrouve la confiance, l’amitié, la joie du premier appel. Il est prêt, avec ses amis, à accueillir le deuxième appel : « Allez, soyez mes témoins ». C’est ça la Miséricorde que nous célébrons ce dimanche : l’action de Dieu réalisée en Jésus, le Christ, ressuscité.
« Dieu n’est qu’Amour et Miséricorde » dit Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Jésus a confié à sœur Faustine : « La Miséricorde est issue de mes entrailles ».
Comme Saint Thomas, déposons nos propres blessures intérieures dans les plaies cicatrisées du Christ Ressuscité : « Dans tes blessures cache-moi » dit une prière de Saint Ignace. La Miséricorde est ni faiblesse ni démission. Elle est la force d’aimer. La Miséricorde brise les carapaces de nos suffisances pour nous rendre poreux à la tendresse de Dieu et aux besoins de nos frères et sœurs.
Jumeaux de Saint Thomas, laissons-nous rejoindre par celui qui détient les clefs pour déverrouiller les cœurs et nous rendre miséricordieux : « Thomas, cesse d’être incrédule. Sois croyant ! ».
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