18ème dimanche T.O.C. Dimanche 31 juillet 2022
Homélie P. Maurice BOISSON, Carmel de Saint Maur
Qo 1,2 ; 2,21-23 ; Col 3,1-5.9-11 ; Lc 12,13-21
Les héritages et les partages sont souvent, hélas, des causes de brouilles dans les familles. Ce n’est pas nouveau.
« Quelqu’un demande à Jésus : dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». Jésus refuse de faire le juge ou le notaire : « Qui m’a donné le pouvoir d’être l’arbitre de vos partages ? ».
Jésus renvoie chacun à sa conscience et à sa responsabilité. Et, s’adressant à tous ceux qui étaient là, il donne quelques repères dans le rapport à l’argent, aux biens.
« Gardez-vous bien de toute avidité », de ce désir démesuré, exagéré, de tout posséder. La vie, sa durée, sa qualité - continue Jésus - ne dépend pas de ce que nous possédons. Une maladie, un accident, un événement, peuvent si vite arriver...
Pour bien se faire comprendre, Jésus se sert d’une comparaison de la vie courante : une année de grosse récolte et l’agriculteur agrandit son hangar à foin... Et il se repose sur ses biens. Agrandir son atelier, son usine, son entreprise, parce qu’il y a du travail ou pour donner du travail, ce n’est pas mauvais.
Dans notre rapport à l’argent, Jésus ne demande pas de jouer les misérables à notre époque où des familles, des personnes, ont du mal à boucler les fins de mois, à faire le plein de la voiture ou du caddie. En mettant en garde contre le danger de la possession démesurée des biens matériels, Jésus n’est pas naïf. Lui-même a gagné sa vie dans son atelier, il a payé des fournisseurs et fait des factures aux clients. Dans cet Evangile, il nous met en garde sur plusieurs dangers :
· Celui de nous laisser posséder par ce que nous possédons.
· N’avoir pas assez peut restreindre notre liberté.
· Avoir trop, peut rendre esclaves de nos biens.
Ce que nous possédons, ou désirons, ne concerne pas seulement les biens matériels et l’argent. On peut vouloir et croire avoir : la vérité, le pouvoir, l’influence, le savoir... Ces pouvoirs peuvent nous posséder encore plus que les biens matériels.
« Amassez, oui, pour être riches en vue de Dieu », c’est la dernière ligne de cet Evangile. Jésus nous redit la richesse des qualités du cœur qui inspirent nos comportements. Les richesses, c’est ce qui est nécessaire pour vivre décemment et c’est ce qui est bon pour l’humanité, ce qui enrichit la paix, la fraternité, la justice, l’ouverture du cœur.
La demande faite à Jésus : « Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage », ne concerne pas seulement un bout de maison, ou une part d’économie des parents... Nous avons des héritages communs : La création, « notre maison commune » dit le Pape François. La fraternité est à tous, le droit de vivre est à tous, le droit à la dignité, à la justice, à la paix, est à tous.
« Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ! », c’est le cri de tous ceux qui sont privés de biens les plus élémentaires et appartenant à tous : la nourriture (la terre est à tous), la liberté, la paix, la vie ...
Nous avons reçu un héritage en commun. Nous avons à le partager. Cet héritage est tout près de nous. : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ?» dit St Paul.
Dans les proximités de nos vies, qu’avons-nous à partager, à ne pas garder égoïstement pour nous-mêmes ou pour quelques uns ?
De quoi Jésus se mêle-t-il, peut-être pouvons nous penser? Jésus nous emmène très loin et très proche, dans la profondeur de nous-mêmes qui nous fait demander par le Psaume de cette messe :
« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours ».
Et Jésus de conclure : « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».
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