20ème dimanche T.O.C. 14 août 2022
Homélie P. Maurice BOISSON, Carmel de Saint Maur
Jr 38,4-6.8-10; Hé 12,1-4; Lc 12,49-53.
Les paroles de Jésus : "Je suis venu apporter un feu sur la terre" tombe assez mal ces jours où le feu, à quelques dizaines de kilomètres d'ici, ravage des hectares de terrain et oblige des gens à quitter provisoirement leur habitation.
De même quand Jésus dit "Je ne suis pas venu mettre la paix sur la terre mais la division". Comme si la guerre actuelle et les destructions, les drames humains, ne suffisaient pas.
Non! Jésus n'est pas un pyromane venu mettre le feu, au sens où nous l'entendons ces jours. Il n'est pas venu apporter la guerre, lui qui est la Paix, il nous la donne à chaque Eucharistie.
Quel est ce feu? Si ce n'est le feu de sa Passion d'Amour pour nous et pour l'humanité.
Quelle est cette Paix? Si ne n'est la présence de Dieu-Amour en nous, d'où naissent notre fraternité et notre paix intérieure.
Les divisions, conséquences de l'adhésion à Jésus, étaient courantes chez les premiers chrétiens. La tension était grande entre ceux qui tenaient à garder la religion juive et ses pratiques et ceux qui adhéraient avec enthousiasme à la nouveauté libératrice du message de Jésus.
Dans certaines familles, quand une membre adhérait à Jésus, on le dénonçait. C'est à ces divisions que Jésus fait allusion ici. Bien que nous soyons dans un autre temps, être chrétien, adhérer au Christ et à l'Evangile, est source encore aujourd'hui de divergences, d'oppositions, de divisions...Par exemple : aborder les réalités comme l'immigration, les étrangers, les réalités et les questions touchant à la vie- en ses début et à la fin-, au mariage, de même les problèmes concernant la justice sociale, les choix politiques, économiques, etc... On peut toujours dire que ça ne regarde pas l'Evangile ou le fait d'être chrétien : l'Evangile et l'enseignement de l'Eglise ne sont pas neutres.
Une cause de conflits existe aussi dans la manière de voir et de vivre la foi et l'Eglise aujourd'hui. Faut-il revenir au passé ou tenir compte de la situation du monde d'aujourd'hui pour annoncer et vivre la Bonne Nouvelle de l'Evangile? Il ne nous est pas demandé d'avoir les mêmes idées, d'être dans un même moule, ni d'avoir une pensée unique. Pourtant, l'Evangile, nous donne des repères, des balises, pour guider nos choix. Être chrétien engage des choix, ceux-ci peuvent être à contre courant de la pensée et des pratiques communes. Il ne s'agit pas, d'abord, d'être dans le vent, c'est l'ambition des feuilles mortes, mais d'être dans le vent de l'Esprit Saint qui parle aujourd'hui.
Le feu que Jésus apporte, c'est le feu de Pentecôte qui a déverrouillé les cœurs des amis de Jésus et a chassé leur peur. Le feu est celui de l'Amour, de la Passion d'Amour de Jésus pour nous et pour l'humanité, c'est la Passion d'aimer qui brûle les cœurs. Comme sur nos routes d'Emmaüs, dans les moments de découragement et de peine, une présence marche à nos côtés et nous pouvons dire : "Notre coeur n'est-il pas tout brûlant lorsqu'Il nous écoute et nous explique les évènements à la lumière de la Parole de Dieu?".
La Paix que nous donne le Christ, et que nous nous donnons à la messe, n'est pas la division. Les divisions c'est nous-mêmes qui les créons. Jésus nous donne tout l'Amour qu'il a pour nous.
- Le feu qui détruit et ravage, combattons-le.
- Le feu de l'Amour de Dieu, ne le laissons pas mourir.
- La paix qui nous éloigne des autres n'est pas la Paix du Christ, accueillons celle qu'il nous donne.
Le Christ Ressuscité allume et dépose au plus intime de nous-même la petite flamme de l'Amour et de la Paix de Dieu : ne l'éteignons pas!
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