26ème dimanche T.O.C. 25 septembre 2022
Homélie P. Maurice BOISSON, Carmel de Saint Maur
Am 6,1a 4-7; 1 Tm 6,11-16; Lc 16,19-31.
Ce dimanche, l’Église universelle célèbre la 108ème journée du migrant et du réfugié. Ces situations sont sujet de débats, d'oppositions, d'affrontements... mais elles sont aussi le terrain de beaucoup d'actions d'accueil, d'accompagnement, de soutien, de solidarité par des associations et des personnes. Être migrant ou réfugié est une situation qui existe depuis le début de l'humanité. Nos ancêtres dans la foi étaient des immigrés : "Mon père était un Araméen errant, il est descendu en Égypte où il a vécu en immigré" (Dt 26,5).
Quelles que soient nos opinions diverses sur ces situations, les migrants et les réfugiés ne sont pas d'abord des problèmes. Ils sont des personnes concrètes, des familles, des enfants, des personnes âgées. Ils ont quitté leur pays, leur maison, leur terre, leurs amis etc... Ce sont des personnes humaines, des frères et sœurs en humanité et dans le Christ. "Rien de ce qui est humain n'est étranger aux chrétiens" ( Vatican II). Nous pouvons exprimer légitimement nos façons et nos raisons de réagir devant ces situations, un chrétien ne peut pas rester indifférent ni insensible devant ces personnes.
C'est le message de l’Évangile de ce matin :
- Un riche dont on ne dit pas le nom, mais qui est désigné par ses richesses, ses beaux habits, ses repas somptueux...
- Un pauvre, il a un nom : "Lazare" (Dieu aide"), malade, indigent, il est allongé devant le portail de la maison du riche. Il ne demande rien, il est là. Le riche ne lui fait pas de mal, il n'appelle pas la police pour le déloger. Il ne le voit pas. Même s'il le voit avec ses yeux de chair sont coeur est aveugle, indifférent. L'indifférence ne porte pas d'attention à l'autre, sauf à lui-même.
Le bon samaritain a vu l'homme blessé, il s'est fait proche, son prochain. Savons-nous nous rendre proches, attentifs, quand nous voyons celles et ceux qui sont dans le besoin ou en difficulté?... "On ne voit bien qu'avec le coeur" dit le Petit Prince. L'attitude d'indifférence ou d'attention engage notre avenir éternel nous dit Jésus. Les fossés nés des indifférences, des aveuglements, peuvent devenir des abîmes infranchissables où la communication devient impossible. Dieu ne met pas le riche en enfer, il ne met personne en enfer. Le riche s'y met lui-même par son indifférence, son aveuglement, son repli derrière son portail. L'enfer est la coupure de la relation avec les autres et avec Dieu, l'enfermement sur soi ; Dans enfermement il y a le mot enfer.
La situation de ces deux hommes se retourne et s'inverse. Ils meurent tous les deux. C'est déjà une égalité de destin.
- Le riche est en proie à la torture, non pas la torture physique mais la torture morale de son isolement, de son regret de n'avoir pas ouvert les yeux sur la situation de Lazare.
- Lazare se retrouve dans un lieu de bonheur. C'est une illustration des Béatitudes ("Heureux vous qui pleurez, vous serez consolés") et des paroles de Jésus en Saint Matthieu que nous connaissons : "J'avais faim, vous m'avez donné à manger. Venez les bénis de mon Père..." et inversement "Vous ne m'avez pas donné à manger...".
"L'indifférence", dit le Pape François, "est la grande maladie de notre époque. C'est un virus qui rend insensible et provoque un nouveau paganisme, le paganisme de l'indifférence".
Prions avec la prière que nous donne le Pape François pour cette journée du migrant et du réfugié :
"Seigneur fais de nous des porteurs d'espoir,
afin que, là où sont les ténèbres, règne ta lumière,
et que, là où il y a résignation, renaisse la confiance dans l'avenir.
Seigneur, fais de nous des instruments de ta justice,
afin que, là où il y a exclusion, fleurisse la fraternité,
et que, là où il y a de la cupidité, prospère le partage.
Seigneur, fais de nous des bâtisseurs de ton Royaume
ensemble avec les migrants et les réfugiés et avec tous les habitants des périphéries.
Seigneur, fais-nous apprendre combien il est beau
de vivre tous comme des frères et sœurs. Amen."
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