samedi 25 février 2012

Thérèse d'Avila, Chemin 71, extraits

Thérèse d'Avila

Chemin de perfection 71,
extraits (Escorial)

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas du Chemin de Perfection

Il faut se garder des péchés véniels.


1 … s’il est savoureux de parler de l’amour de Dieu, que sera-ce donc de le posséder ? O mon Seigneur, donnez-le-moi, vous ! Que je ne quitte cette vie que lorsque je n’y désirerai plus rien, lorsque je ne saurai plus aimer que vous, et lorsque je ne pourrai donner ce mot d’amour à personne, puisqu’en dehors de vous, tout est faux ! Si les fondements sont mensongers, comment l’édifice pourrait-il durer ? … Venons-en maintenant à la crainte de Dieu, bien que je sois désolée de ne pouvoir parler davantage de cet amour du monde car, pour mes péchés, je le connais bien, et je voudrais vous le faire connaître afin que vous vous en libériez pour toujours … Mais l’amour et la crainte de Dieu ne manquent pas de se manifester d’autant plus fortement que cet amour et cette crainte gagnent en excellence, car l’âme qui les possède s’éloigne du péché, des occasions et des mauvaises compagnies ; d’autres signes apparaissent aussi. Quand l’âme a atteint le haut degré d’oraison dont nous parlons maintenant, la crainte de Dieu ne passe pas inaperçue, elle devient au contraire très évidente car extérieurement vous ne verrez pas cette âme manquer de vigilance, et vous aurez beau l’observer de très près, vous constaterez que Dieu la garde de telle manière qu’il ressort clairement que son unique préoccupation est de ne pas l’offenser. Pour tout l’or du monde elle ne commettrait pas volontairement un péché véniel ; quant aux mortels, elle les craint comme le feu…

3 Veillez intérieurement à garder votre conscience pure jusqu’à ce que vous voyiez en vous une si grande résolution de ne pas offenser le Seigneur que vous soyez prêtes à perdre mille vies plutôt que de commettre un péché véniel, et à vous laisser attaquer par le monde entier.

4 Pour l’amour de Dieu, mes filles, ne soyez jamais négligentes sur ce point… considérez que l’habitude compte pour beaucoup, ainsi que le fait de commencer à comprendre ce qu’est offenser Dieu, et combien c’est grave. Efforcez-vous d’y réfléchir, et pensez-y très souvent, afin que, peu à peu, vous enraciniez fermement dans vos cœurs la crainte de Dieu. Tant que l’âme n’aura pas conscience de la posséder au plus intime d’elle-même, qu’elle fasse preuve de beaucoup, beaucoup de prudence, et qu’elle s’éloigne de toutes les occasions et compagnies qui ne l’aideront pas à se rapprocher davantage de Dieu. Qu’elle s’applique sérieusement, dans tout ce qu’elle fait, à vaincre sa volonté ; que tous ses propos servent à édifier le prochain… Sans doute, il pourra arriver que cette âme fasse encore un péché véniel, car nous sommes faibles et nous ne pouvons pas compter sur nous, mais plus nos résolutions seront fermes, moins nous devrons nous fier à nous-mêmes ; c’est en Dieu seul que doit reposer notre confiance. Quand nous nous trouverons dans l’état dont je viens de parler, nous n’aurons plus besoin d’être si timides et si craintives, car le Seigneur et l’habitude que nous avons contractée nous aideront à ne plus l’offenser. Faisons preuve d’une sainte liberté

5 Si l’âme commence à se recroqueviller, c’est une entrave à tout bien. Elle tombe parfois dans le scrupule, et elle devient inutile à elle-même et aux autres ; et si elle ne tombe pas dans le scrupule, elle pourra parvenir à se sanctifier, mais elle n’amènera pas beaucoup d’âmes à Dieu, car la vue de tant de gêne et de contrainte les arrêteront. En effet, notre naturel est tel qu’il se sent immédiatement étouffé et, pour ne pas nous voir serrés dans cet étau, nous perdons le désir de nous approcher si particulièrement du chemin de la vertu.

6 Il va s’ensuivre un autre dommage : celui de juger défavorablement ceux qui ne suivent pas ce chemin, et qui sont pourtant plus saints que nous ; mais comme ils abordent les autres sans pusillanimité - afin de leur être utiles -, nous les traitons immédiatement d’imparfaits S’ils laissent paraître une sainte joie, nous n’y voyons que laisser-aller… C’est une chose très dangereuse, car on est dans une tentation continuelle, on n’y voit pas clair, et on fait tort au prochain. Enfin, il est très néfaste de croire que tous ceux qui ne suivent pas nos pas timorés ne sont pas en bon chemin. Il y a encore un autre inconvénient, c’est que, dans certains cas où vous auriez à parler et devriez parler, vous n’oserez le faire de crainte d’offenser Dieu, et vous direz du bien de ce que vous devriez avoir en horreur.

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