lundi 7 mai 2012

Thérèse d'Avila Fondations 8, extraits

Thérèse d'Avila

Fondations, 8 (traduction Marcelle Auclair), extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte du Livre des Fondations

De quelques avis pour les révélations et visions.


1 Il semble que les seuls mots de vision ou révélation épouvantent certaines personnes. Je ne comprends pas pourquoi elles tiennent pour si dangereux ce chemin par lequel Dieu conduit quelques âmes, ni d'où vient cette stupeur. Je ne ferai pas ici la distinction entre les bonnes et les mauvaises visions, je ne donnerai pas les signes d'après lesquels de très doctes personnes m'ont appris à les distinguer; je m'occuperai seulement de ce que doit faire celle qui se trouverait dans ce cas…

3 … Le bien ou le mal ne sont pas dans la vision, mais en celui qui reçoit sans humilité ce qu'il voit; là où il y a de l'humilité, nul ne peut nuire, même pas le démon; mais lorsqu'elle fait défaut, rien ne profite, la vision fût-elle de Dieu. Si la conscience de ne pas mériter cette grâce, qui devrait être prétexte à s'humilier, donne au contraire de l'orgueil, il en sera comme dans le cas de l'araignée qui change en venin tout ce qu'elle mange, alors que l'abeille le change en miel.

4 J'irai plus loin: si Notre-Seigneur, dans sa bonté, veut se montrer à une âme pour qu'elle le connaisse ou l'aime mieux, lui transmettre un de ses secrets, lui prodiguer des faveurs ou la choyer particulièrement, et si croyant mériter cette faveur par ses services, elle se prend pour une sainte (au lieu d'être confondue de son indignité), il est clair qu'elle change en mal le grand bien qu'elle pourrait en tirer, telle l'araignée. Supposons maintenant que le démon suscite ces apparitions pour inciter à la superbe: si l'âme qui les croit d'origine divine s'humilie, reconnaît ne pas mériter une telle faveur, et s'efforce seulement de mieux servir Notre-Seigneur, si, se voyant riche, elle qui pourrait ne pas se contenter des miettes que laissent tomber les personnes qui ont reçu les mêmes faveurs de Dieu et n'être plus la servante de quiconque, elle s'humilie pourtant, s'efforce de renchérir sur la pénitence et l'oraison, se gardant plus que jamais d'offenser ce Seigneur dont elle croit avoir reçu une si grande faveur, si enfin elle obéit plus parfaitement, j'affirme que non seulement le démon ne reviendra pas, mais qu'il s'enfuira, honteux, sans laisser dans cette âme le moindre mal.

5 Quand l'apparition ordonne ou prédit quelque chose, il convient d'en parler à un confesseur docte et prudent, et ne faire rien d'autre, ne croire rien d'autre que ce qu'il dira… Même si le confesseur ne voit pas juste, elle agira plus justement en ne s'écartant pas de ses conseils, quand bien même celui qui lui parle serait un Ange de Dieu; Sa Majesté l'éclairera ou y pourvoira; c'est sans danger, alors qu'il peut y avoir grand danger, grand dommage, à agir autrement.

6 Sachons que la faiblesse naturelle est très faible, spécialement chez les femmes, et qu'elle se manifeste en particulier dans ces voies de l'oraison; il faut donc ne pas prendre pour une vision chacune des petites choses qui nous passent par la tête; croyez-le bien: lorsque c'en est une, elle se fait bien connaître. La prudence est encore plus nécessaire lorsqu'il y a un peu de mélancolie; j'ai entendu faire de cette sorte de caprices des récits effrayants, car une mélancolique peut vraiment croire voir ce qu'elle ne voit pas






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