lundi 24 août 2020

21ème dimanche A Homélie Père Maurice BOISSON

21ème  dimanche A

Carmel de Saint Maur - Homélie Père Maurice BOISSON

 Is 22,19-23 ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20.

 C’est la mode des sondages ! Ce n’est pas nouveau...

Jésus pose 2 questions à ses amis, il nous les pose à nous ce matin : «Au dire des gens, je suis qui ? ». Et vous, que dites-vous ? « Pour vous, qui suis-je ? »

La réponse à la 1ère question est assez facile, elle n’est guère compromettante. Il s’agit de répéter ce qu’on entend, de répéter notre catéchisme (si on s’en souvient !) ou quelques idées apprises au cours de formations... Les Apôtres répètent ce qu’ils entendent : « Tu es Jean-Baptiste, tu es un prophète, y’en a qui disent aussi que tu es un buveur et un glouton, que tu fréquentes n’importe qui, et aussi y’en a qui t’admirent parce que tu fais des choses extraordinaires, des guérisons, entre autres, etc... ».

La 2ème question nous interroge nous-mêmes, il ne s’agit plus de ce que racontent les gens : « Mais toi, pour toi, je suis qui ? ».

 C’est une prise de position personnelle sur son identité que nous demande Jésus. Il ne nous demande pas notre avis sur ce qu’il a dit ou fait, mais sur qu’il est pour nous, dans notre vie de chrétiens. Dans cette question, Jésus ne nous demande pas non plus de définitions, de théologie. Pierre ne répond pas par des théories : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant... Tu es quelqu’un venu de Dieu, tu es son Fils ». Connaître quelqu’un, ce n’est pas seulement connaître sa date de naissance, son domicile, son métier, son histoire, ce qu’on dit de lui ou d’elle... L’être humain, et Jésus à plus forte raison, ne se réduisent pas à leurs traits extérieurs et à leurs apparences. On n’accède pas à la connaissance de quelqu’un en le regardant depuis son balcon, ni en forçant sa porte, mais en lui permettant dans la délicatesse et le respect d’ouvrir son cœur, s’il y consent.

C’est vrai pour Jésus comme pour nous. Dire qui est Jésus pour moi suppose une fréquentation, une relation personnelle, un tâtonnement dans l’expression, une part d’inconnu. C’est souvent par notre façon de vivre, plus que par des paroles, que  nous pouvons dire qui est Jésus. Il s’agit de la vie, de la relation, de l’affection. Pierre, toujours prêt à prendre la parole et à répondre le premier dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ». Mais que savait Pierre de Jésus ? Pauvre Simon devenu Pierre !  Dimanche prochain l’Evangile nous montrera  qu’il se révoltera contre Jésus annonçant sa Passion. Pierre dira : « Pas ça, jamais ».  Jésus lui répondra: « Arrière Satan !... etc...  Pierre avait été un témoin de la Transfiguration, ça l’avait marqué. Ce Jésus charpentier c’est plus que Jésus, c’est le Christ, le Fils de Dieu.  Pierre n’a pas trouvé ça tout seul mais il s’est laissé défaire, déposséder d’une connaissance extérieure, superficielle, pour accueillir un secret révélé par un souffleur, Dieu lui-même, le Père. Ce que tu as dit sur mon identité, tu ne le dis pas seulement de toi-même mais mon Père qui est aux Cieux te l’a soufflé dans ton désir, ta recherche, ta fréquentation, ton amitié avec moi. Il en est de même dans nos relations.

Pour toi, qui suis-je ? Ce qu’on raconte ? Les apparences ? « Tu es le Christ, tu viens, tu es de Dieu ». La réponse vient du plus profond de notre relation au Christ. Tout dialogue qui touche la profondeur de l’être, au-delà des apparences, est toujours d’une grande intensité.

Simon et Jésus se donnent l’un à l’autre leur vrai nom, ce qu’ils sont en réalité, dans le cœur de Dieu : « Tu es le Christ ». « Tu es Pierre ». Ça n’empêchera pas Pierre de renier quelque temps après. Peu importe, la confiance s’était soudée... Pierre pleurera amèrement, Jésus, le Christ, essuiera ses larmes... : « Tu es Pierre, sur ta générosité et sur ta faiblesse je bâtirai mon Eglise... ». « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Ce n’est pas la fin du dialogue et de la réponse à l’interrogation « Pour vous qui suis-je ? », il nous faut aussi répondre à la question « Pierre, m’aimes-tu ? »... Là se trouve la vraie réponse : « Qui est le Christ pour moi ? M’aimes-tu ? ».

 

 

 

 

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