Carmel de Saint Maur 20ème A
Homélie Père Maurice BOISSON
Lorsque nous traversons des passages difficiles, on peut être tenté de baisser les bras, de nous décourager. On a l'impression de ne pas être entendu ni aidé. Alors on peut perdre confiance en nous, dans les autres et en Dieu. "Je n'ai plus envie de prier ça ne sert à rien, Dieu ne répond pas..." me disait quelqu'un. Il nous arrive aussi de tenir bon, d'y croire, de persévérer et d'aboutir à quelque chose. C'est un peu l'expérience de cette femme dont on vient d'entendre l'aventure.
Cette femme, dans sa grande souffrance à cause de sa fille prise par un démon, rencontre Jésus de passage dans cette région païenne. "Prends pitié de moi". Elle a confiance que Jésus peut faire quelque chose pour sa fille et pour elle mais que d'obstacles elle doit franchir pour s'entendre dire : "Tu as une grande foi, ta fille est guérie".
C'est une belle illustration de l'expression de Jésus "Avoir une foi à transporter les montagnes". Un bel exemple de confiance malgré les méfiances : elle est une femme (au temps de Jésus) étrangère, païenne, un exemple d'audace malgré les refus, elle ne refuse pas le dialogue avec Jésus : "On pourrait peut-être, nous les païens, avoir quelques miettes de ton amour...". Exemple de courage malgré les traditions, le passé, la religion : "Je ne suis pas là pour elle, une païenne, mais pour les miens". Exemple de persévérance car elle dérange la tranquillité : "Renvoie-la, elle nous fatigue de ses cris!" dit l'entourage de Jésus. Exemple de foi : c'est-à-dire de confiance en Celui dont elle croit qu'il peut quelque chose pour sa fille et pour elle. Elle tient bon. Elle a entendu parler de Jésus bien que païenne. Il est de passage, Jésus.Elle ne lui demande pas une bricole, un souvenir, un autographe, un selfie: "Prends pitié de moi Seigneur, ma fille va mal, elle a un démon". Les cris de cette femme énervent les proches de Jésus, ces cris expriment une grande souffrance. Elle est démunie devant ce qui arrive, elle crie sa souffrance et son appel. Mais Jésus ne lui répondit pas un mot. Quelle douche! Quelle épreuve de butter sur le silence de l'autre mais quel coup de butter sur l'accès à la bonté de Jésus. Ce qui sauve cette femme des barrières qu'elle rencontre c'est son audace provoquée par la foi. Jusque là Jésus paraît dur, centré sur sa mission envers les siens (il n'est pas là pour les chiens, c'est le nom donné aux païens par les Juifs), Jésus se fait plus doux à mesure d'un dialogue qui le touche à l'intérieur.
En Jésus, Dieu écoute et change d'avis, comme il le fait par la Parole des Prophètes. Jésus parle des petits chiens, c'est déjà plus gentil, plus doux, ça ne sonne pas pareil : un petit chien et un chien. C'est là la finesse et l'astuce de cette maman qui touche le cœur de Jésus : nous les "petits chiens", les païens, ont peut aussi avoir part à quelques miettes de ce pain d'amour, de guérison, de réconfort que tu donnes aux tiens, on veut bien les ramasser sous la table. Jésus réalise qu'il est là pour tous et pas seulement pour les siens qui d'ailleurs ne l'accueillent pas : "Femme, tu as une grande foi, une grande confiance, ta fille est guérie".
Ainsi finit bien une rencontre qui avait mal commencé. Tout séparait Jésus et la Cananéenne, même le lieu de la rencontre : territoire païen.
Le dialogue, la confiance, le courage, la vérité, l'écoute, l'audace, la persévérance, l'attention de Jésus, on permit que des chemins s'ouvrent dans les cœurs, y compris dans le cœur de Jésus. Au début, il ne lui répondait pas un mot, à la fin: "Tu as une grande foi, ta fille est guérie". Comme l'exprimait l'Oraison d'entrée de cette messe : "Le Seigneur préparait des biens que l'œil ne peut voir", mais que le cœur peut deviner !
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