Fête
de Sainte Thérèse d'Avila,
Carmel
de Saint Maur le 15 octobre 2020
Homélie du Père Maurice BOISSON
On a tous marché vers une source où l'on a bercé nos rêves, nos désirs, nos soifs de vivre et de goûter l'eau vive du puits de la rencontre. On a tous marché vers une source :
- comme la samaritaine allant, en plein midi, remplir sa cruche à ce puits et chercher un peu de fraîcheur dans sa vie compliquée...
- comme Thérèse, en quête d'un bonheur intérieur, tiraillée entre le désir de Dieu et un attachement aux mondanités et aux sollicitations du temps...
Lorsque "Nous abandonnons la source d'eau vive pour creuser des citernes qui ne retiennent pas l'eau ", selon la belle expression de Jérémie (Jer. 2,13), le désir de l'eau vive ne nous quitte jamais.
Sainte Thérèse de Jésus a mis du temps, des années, pour accéder au puits de la rencontre du Christ et y puiser l'eau vive, au prix d'un combat intérieur difficile et de tensions douloureuses :
- comme la samaritaine, dans ses échecs amoureux, traversée d'un désir profond d'amour vrai.
- comme d'autres...
- comme Marie-Madeleine,
- comme l'humanité,
Comme notre propre humanité nous sommes des êtres de désir... L'expérience humaine et spirituelle de Thérèse d'Avila nous rappelle que notre cœur sera toujours en désir, en recherche, qu'il peut prendre des chemins buissonniers, écartés de celui qui mène au puits, tant que nous ne sommes pas arrivés là où le voyageur nous attend pour nous offrir, près du puits de la rencontre, l'eau vive tant désirée.
Ce n'est pas étonnant que Sainte Thérèse ait été marquée et inspirée par la conversion de Saint Augustin. Saint Augustin, qui ne pouvait être en repos, tant que son cœur ne reposait pas en Dieu. Sainte Thérèse de Jésus, fondatrice et réformatrice du Carmel, a parcouru un long et onéreux chemin de conversion, ne l'oublions pas.
Aujourd'hui qui n'est pas sur un chemin de conversion? Si ce n'est pas le cas, on est mort, personnellement ou collectivement.
En cette jeune fille qui se laisse influencer - en bien et en moins bien - par les fréquentations, en cette jeune religieuse qui sent son cœur tiraillé entre l'amour de Dieu et la douceur des relations humaines : Dieu est à l'œuvre dans cette vie tissée d'ombre et de lumière. Ne fait-il pas de même dans nos propres vies? Nous voudrions tellement agir à la place de Dieu, dans l'impatience -une impatience que nous n'appliquons pas à nous-mêmes- alors que Dieu et toutes les expériences humaines et spirituelles des Saints et des autres nous apprennent que toute conversion est un itinéraire que nous ne pouvons pas faire seul. Sur ce chemin, Sainte Thérèse n'a pas trouvé que des mauvaises indications, elle a été aidée par des confesseurs et des sœurs à discerner les voies de l'oraison quand c'était difficile et à trouver la vraie direction de ses aspirations, la conduisant au puits de la rencontre.
Dans l'expérience spirituelle, personne n'avance tout seul. La samaritaine, venant remplir sa cruche, rencontre celui qui lui propose l'eau vive. Thérèse, sur son chemin, voit dans un oratoire une image de Jésus souffrant. Elle est bouleversée. Elle décide de reprendre l'oraison, un temps délaissée. Elle retrouvera le sens et l'énergie de poursuivre son chemin, son désir de vivre en vérité : "Je désirais vivre mais je ne vivais pas!" dit-elle.
La rencontre de Jésus offrant l'eau vive à la samaritaine, a fait de celle-ci l'Apôtre des gens de son pays. La rencontre de Jésus, au plus profond de l'expérience humaine de Thérèse, a fait de celle-ci la transmettrice de l'eau vive dans les canaux ensablés et empierrés des monastères qu'elle a réformés et fondés.
Le monde dans lequel vivait Thérèse a un certain nombre de points communs avec le nôtre, dans un autre temps bien sûr, autrement. N'avons-nous pas besoin, aujourd'hui, de l'eau vive jaillie du cœur aimant du Christ et de la liberté de l'Evangile? Cela a été la force de Sainte Thérèse de Jésus, enracinée solidement en Dieu, en l'humanité, dans le charisme primitif tourné vers l'avenir, vécu au présent...
Si nous savions le don de Dieu... Seigneur donne-nous de cette eau, qu'elle devienne en nous source jaillissante de vie...
Le Voyageur nous attend toujours, en permanence - "Il était environ midi" - à nos puits de la rencontre.
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