Homélie 15ème dimanche B - 11 juillet 2021

Homélie 15ème dimanche B - 11 juillet 2021

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur

 Am 7,12-15 ; Ep 1, 3-14 ; Mc 6,7-13

« Dieu a besoin des hommes ». C’était le titre d’un beau film au temps de notre jeunesse ! C’est surtout une réalité de tous les temps, comme nous le montre l’Evangile de ce matin. « Dieu veut avoir besoin de nous... ».

Jésus n’est pas quelqu’un qui veut exercer seul sa mission. Dès le début de sa prédication, il appelle des hommes pour être avec lui et collaborer à son œuvre : il les envoie en mission.

 Chacune, chacun de nous, nous faisons partie de ceux que Jésus appelle et envoie pour participer à sa mission, réaliser avec lui un monde d’Amour, de Justice et de Paix pour lequel il a donné sa vie : le Royaume de Dieu. « Toutes celles et ceux qui croient en Christ, quelle que soient leur situation ou leur état de vie, sont appelés à collaborer à l’œuvre du Christ » rappelle le Pape François dans « La joie de l’Evangile ». Chacun à sa place.

Comme le Prophète Amos, dans la 1^ère lecture : « Je n’étais pas prophète, j’étais bouvier. Je soignais les bœufs et les arbres. Mais le Seigneur m’a saisi derrière le troupeau et il m’a dit : « Vas, tu seras prophète. ».

Le Seigneur nous parle à chacun au cœur dans la réalité de nos vies : là où tu es, fais le peu ou le beaucoup que tu peux pour qu’avec moi, ce monde soit meilleur, selon le désir de Dieu. C’est une belle tâche à laquelle nous sommes appelés. Ça ne nous prend pas un temps complet, ni temporaire... Ça prend toute notre manière d’être, de vivre, d’être en relation, notre manière d’exister dans le quotidien et les choses simples, ou compliquées, de la vie.

 Quelqu’un me racontait ces jours, ceci : il avait pris quelqu’un dans sa voiture pour un trajet moyennement long, laissant le temps de parler. Au fil des kilomètres, la conversation aborde des choses importantes. A la fin du trajet, le passager dit à celui qui le conduisait – et ils ne se connaissaient pas - : « Vous faites honneur aux chrétiens ». Ça nous rappelle l’Oraison de l’entrée de cette messe « qui fait demander à ceux qui se déclarent chrétiens de rechercher ce qui fait honneur à ce Nom ».

Quelque chose du témoignage de la Bonne Nouvelle du Christ était passée entre ces deux hommes, tout simplement, par quelques paroles...

Jésus appelle à collaborer avec lui. Les chrétiens ne sont pas les seuls à le faire, heureusement ; Mais nous sommes davantage responsables de répondre à ces appels du Christ. Nous le connaissons, nous sommes de ses amis, des siens... Les liens de notre Baptême, de l’Eucharistie, de la prière, nous unissent plus fortement à Lui : c’est vital de participer à sa mission.

 

Jésus appelle et envoie. Certains répondent à un appel à partir loin, très loin, pour annoncer l’Evangile. Nous ne sommes pas tous appelés pour la mission lointaine. Mais tous, nous sommes appelés pour la mission de proximité. Les bouts du monde sont aussi tout près de nous, il sont en nous, c’est notre quotidien, nos lieux de vie, d’activités, de relations, ce sont les proches dont nous sommes parfois loin. Être envoyé, où que l’on soit, c’est être appelé à sortir de soi-même, de nos petits territoires intérieurs.

 Aussi Jésus nous demande-t-il d’être « désencombrés » : « Ne prenez rien pour la route... ». Soyez légers ! C’est une façon de dire : aujourd’hui, comme hier, « Soyez disponibles, pour être réceptifs, accueillant, écoutant... allégez-vous d’un peu de vous-mêmes ».

On ne rencontre pas l’autre, on n’est pas témoin de l’Evangile et du Christ avec des sacs de certitudes, de réponses et de théories. L’hospitalité dont parle Jésus, dans cet Evangile, n’est pas seulement d’offrir toit et repas : c’est déjà bien ! C’est surtout offrir l’hospitalité de son cœur, de son esprit, où quelqu’un peut se sentir écouté, accueilli dans ses questions, ses soucis, ses joies. Et, peut-être touché intérieurement par une étincelle de paroles, de gestes de bonté, de présences, par lesquelles l’Esprit Saint pourra « faire prendre » et se développer un peu de la grâce de Dieu.

 Dieu veut avoir besoin de nous pour réaliser son chantier de « re-construction » d’un monde d’Amour, de Justice et de Paix, ce pourquoi ce monde est fait.

Dieu nous invite à ce chantier, comme il l’a fait pour le prophète Amos, derrière ses bœufs : dans le plus quotidien de notre quotidien.