dimanche 27 mars 2022

Homélie 4ème dimanche de Carême. Année C.

4ème dimanche de Carême. Année C. Dimanche 27 mars 2022.

Homélie Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur

 

 Jos 5,9a 10-12 ;  Ps 33 ; 2 Co 5,17-21 ; Lc 15,1-3.11-32

 

Ce récit du Père, accueillant son fils parti et qui revient, est très émouvant, rempli d’accueil, de tendresse et de pardon. Il a inspiré de grands peintres. Ce tableau placé devant l’autel, vous l’avez reconnu, est une reproduction d’une œuvre de Rembrandt, regardons-le, c’est notre propre histoire.

Les pharisiens trouvaient à redire à Jésus de faire bon accueil aux pécheurs, de manger avec eux. Jésus leur raconte simplement cette histoire qui vaut mieux que tous les sermons. Ce récit rejoint chacune, chacun et chaque être humain au plus profond de nous-mêmes, dans nos errances, nos ruptures, nos repentirs, nos retours, nos fragilités et nos capacités à accepter d’être aimés. Il s’agit aussi dans ce récit, de l’être même de Dieu et de ses mœurs divines : Amour, Miséricorde, Tendresse.

 Qui ne se reconnaît pas dans l’un et l’autre des deux fils ?

C’est assez facile de nous reconnaître dans le plus jeune, parti, repenti, revenu, accueilli. On n’a pas fait les 400 coups ! Il peut nous arriver de nous éloigner de Dieu, des autres et de nous-mêmes. Nous pouvons dilapider notre héritage, non pas matériel mais intérieur. Nous pouvons nous déposséder de ce qui nous fait vivre et nous retrouver seul avec notre misère et notre faim intérieure. Alors, ce garçon « rentre en lui-même », dans sa conscience, dans cet endroit intérieur où, quoi qu’il arrive, nous nous retrouvons face à nous-mêmes. Là, où il y a toujours une petite braise prête à se rallumer et un peu de levain prêt à nous relever : « Je me lèverai et j’irai vers mon Père ». Dieu nous attend. Il vient même à notre rencontre, il court à notre rencontre.

Le Père attend son fils, sur une petite hauteur dominant la route, les yeux usés de pleurer et de guetter, au loin, une silhouette chancelante. « Son Père l’aperçut et fut ému aux entrailles, il courut se jeter à son cou et l’embrassa ». Des explications ? Des reproches ? Rien de tout cela. Le fils croyait se retrouver devant un juge, il est dans les bras d’un Père aimant, les bras de Dieu. Les larges mains du Père se posent sur les épaules frêles et déchirées du fils. Ces mains font approcher le visage du fils sur le cœur du Père, ce cœur qui n’a jamais cessé de battre pour cet enfant. Celui-ci, sans parole, « re-naît » de nouveau. Il retrouve sa dignité de fils... Son Père n’a jamais cessé d’espérer en lui, comme l’écrit le Père Baudigney dans le commentaire de ce tableau : « Les seuls, les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent ».  

Ce fils revient à la vie, il renaît. Alors ! Ça  se fête ! Commençons à festoyer ! Ce qui ne plaît guère au frère ainé, jaloux, boudeur, qui refusait d’entrer à la fête. Là encore, le Père ne veut pas le laisser à l’écart, dans son coin. Il est son fils. Mais, il se heurte à sa mauvaise tête et à ses paroles qui lui font mal : « Ton fils que voilà, il a dévoré ton bien avec des filles et tu fais la fête ! ». « Ton fils » Le Père lui répond « Ton frère est revenu à la vie, il était mort. Il était perdu et il est retrouvé ! ». Pourquoi serais-tu jaloux ? « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi ! ». L’accueil miséricordieux du Père pour le jeune fils n’enlève rien à l’amour du Père pour le fils ainé.

On aimerait bien nous retrouver dans l’attitude du Père : ne pas juger celles et ceux, dont nous sommes d’ailleurs à des degrés divers qui ont commis quelques errances. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » dira Jésus à un autre moment.

 Cette belle histoire n’est pas un conte ! C’est notre histoire, c’est la réalité de la vie et c’est la réalité des mœurs de Dieu.

Quand nous sommes comme le jeune fils, nous sommes sûrs d’être accueillis par Dieu, notre Père, si nous nous relevons et retournons vers lui.

Si nous réagissons comme le fils ainé, écoutons aussi Dieu, notre Père : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi », arrête de faire la tête,  viens participer à la fête, réjouis-toi parce que ton frère est revenu.

Ce  récit, bien émouvant, peut guider notre 4ème semaine de Carême. « De l’errance à la maison du Père »,  comme indiqué sur le panneau de cette chapelle, nous sommes tous appelés à faire ce chemin : « Oui, je me lèverai, j’irai vers mon Père ! ».

 

 

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