Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur
Dt 26,4-10 ; Rm 10,8-13 ; Lc 4,1-13
Les tentations ! On connaît ! C’est un peu notre combat intérieur quotidien, de nous sentir poussé à dire, à faire ou à penser des choses contraires à ce que nous pensons, ne pas être en accord avec nous-mêmes et avec le désir de Dieu.
Les tentations font partie de la condition humaine, dès l’origine.
Jésus lui-même a connu cette expérience, juste après son Baptême, où Dieu, son Père, le reconnaît comme son Fils bien-aimé. Juste avant de commencer sa mission, Jésus est éprouvé, il subit une épreuve, un test sur sa capacité de résister au mal.
A la charnière d’une étape de sa vie, entre son métier de charpentier et sa mission publique, d’annonce de l’Evangile et du témoignage de Dieu son Père, Jésus prend un temps de désert, dans le désert, pas très loin.
Le désert n’est pas seulement un lieu géographique d’aridité, c’est aussi ce que nous ressentons lorsque nous traversons des épreuves de vide, de sécheresse intérieure, de solitude, de manque. Des moments où nous sommes plus fragiles, plus perméables aux diverses sollicitations, nous tirant vers le bas, vers ce qui ne va pas dans le sens de ce que nous sommes et dans le sens de ce que Dieu souhaite pour nous.
Dans ce désert, Jésus est affronté au diable, appelé aussi satan ou démon – mais dont le vrai non est diable, c’est-à-dire le diviseur. « Diabolos » veut dire « ce qui divise », le contraire est « symbolos » ou symbole : « ce qui unit ». Le diable nous écartèle intérieurement, c’est ça la tentation, alors que nous sommes faits pour être unifiés en nous-mêmes, condition pour nous sentir bien, connaître un bien-être intérieur.
Jésus au désert est en désert. Il est approché par le diable qui lui inspire 3 tentations, résumant toutes les autres, et qui correspondent aux grandes tentations de toute existence, dès l’origine. Il ne s’agit pas d’être tenté par un morceau de chocolat ou d’aller me promener, par un beau soleil, alors que je dois préparer l’homélie. Non, dans les grandes tentations ce sont les puissantes tendances humaines qui sont en jeu et qui se font sentir au quotidien. Les tentations de l’avoir du pouvoir et du paraître ne sont pas mauvaises en elles mêmes, mais leur déviation et leur perversion peuvent être dangereuses, contraires à la conscience et au désir de Dieu.
- Au désert, Jésus a faim – quoi de plus normal – Le diable profite de ce manque pour lui faire miroiter que la possession démesurée des biens matériels va le nourrir : « Tous ces cailloux, tu peux en faire du pain ! Alors tu seras rassasié !... » Jésus répond : « Le pain est nécessaire, mais pas que. L’être humain ne vit pas seulement de pain », il vit aussi de paix, de fraternité, de sens de la vie, d’amour, de tendresse, de relation... . Cette tentation voudrait faire croire que plus on possède, plus on peut être heureux.
- Ensuite, Jésus, sur une suggestion du diable, voit en imagination, tous les royaumes de la terre : « Tu auras le pouvoir sur tout cela et, bien sûr, la gloire d’en être le maître, si tu te mets à genoux devant moi ». Jésus répond : « Tu n’adoreras que Dieu seul ». Nous avons, hélas!, une illustration actuelle de la compromission avec cette proposition diabolique qui conduit aux pires atrocités, destructions humaines, sociales, familiales, matérielles, vitales. Le Pape François qualifie la guerre en Ukraine de logique diabolique (du diable) et perversion du pouvoir, de la négation de l’humanité et de la domination.
- La 3ème tentation est celle de la frime, du paraître. Jésus, en pensée, se voit au sommet du temple de Jérusalem ! Il entend l’inspiration diabolique : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, tu ne risques rien. On va t’applaudir ! » Jésus répond : « Tu ne mettras pas Dieu à l’épreuve » en lui demandant des choses extraordinaire pour faire bien. Ne jouons pas avec les façades, les apparences, les vernis, les mensonges, l’orgueil.
Ces tentations subies par Jésus, nous pouvons les rencontrer dans notre vie habituelle. Ce récit, proposé au début du Carême, attire notre attention sur nos comportements qui auraient besoin de conversion :
o Quelles sont les vraies valeurs qui nous font vivre ?
o Tout pouvoir, toute responsabilité est un service des autres.
o L’extraordinaire est de faire au mieux les choses ordinaires.
Redisons notre prière : « Notre Père, ne nous laisse pas entrer en tentation ».
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