Dimanche 13
mars 2022.
Père Maurice BOISSON – Carmel de Saint Maur
Gn 15,5-12.17-18 ; Ps 26 ; Ph 3,17- 4,1 ; Lc 9,28b-36
Jésus venait de confier à ses proches amis ce qui l'attendait bientôt : être arrêté, souffrir une passion, mourir crucifié. Il aurait le visage défiguré et, avait-il ajouté, "le troisième jour je ressusciterai". Ses amis, tellement abasourdis, n'avaient pas entendu ou compris la fin : "je ressusciterai". Pierre, alors, s'était révolté : Non, pas ça ! Pas toi ! Jamais ! - on sait aussi comment une mauvaise nouvelle peut bouleverser.
Sur la
route, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène sur un mont.
Dans ces moments, il est bon de prendre un peu de hauteur, de trouver le calme,
de respirer. Arrivé en haut, Jésus se met à prier. Devant ses trois amis, il
n'est plus le même, apparemment. Son visage devient autre, rayonnant de
lumière...Même son
habit est d'une blancheur éblouissante. Il est transfiguré.
Il vit une expérience intérieure très intense. Nous connaissons bien, en nous-mêmes et par d'autres, ces expériences. Un jeune est venu me dire récemment qu'il avait retrouvé un emploi après des mois de galère ; son visage était lumineux, rayonnant,
transfiguré. J'ai rencontré aussi Viviane, les traits tirés, le visage creusé et marqué par la peine ; elle m'apprenait le décès d'un de ses enfants. Et on peut voir, ces jours à la télé, tous les visages en pleurs, défigurés de souffrance, de ces gens quittant leur
pays.
Devant Jésus, Pierre en perd la tête, dit Luc. "Il ne savait pas ce qu'il disait".
Les trois apôtres entendent l'explication de ce dont ils sont les témoins : Dieu parle. Il atteste que ce Jésus, c'est bien son Fils. Ecoutez-le, faites-lui confiance. Oui, il va
souffrir et être mis à mort. Mais comment moi, son Père, je pourrais le laisser dans la mort ? Je lui donnerai raison. Je le relèverai de la mort. Je lui rendrai la vie.
La lumière qui rayonne de Jésus, et ces paroles de Dieu, son Père, donnent sens à l'événement qu'ils vivent. Cet événement ouvre vers une fin qui n'est pas la mort, ni la haine, ni la souffrance et le mal, mais le terme sera la vie, l'amour, la lumière rayonnante. Jésus, ainsi, redonne courage à ses amis pour traverser les épreuves annoncées. Il leur montre l'espérance. Ce visage de leur ami Jésus transfiguré, ils le
verront défiguré à la passion, ils le reverront ressuscité.
Tels seront les visages de nos vies, et ceux de notre monde. La transfiguration
de Jésus est l'anticipation de notre avenir : la lumière de la résurrection.
Jésus nous donne, à tous, la garantie que c'est possible d'espérer. Nos
traversées d'épreuves ne
sont pas la fatalité. La lumière nous attend. Nous pouvons prendre à notre
compte la prière des croyants dans le psaume que nous avons chanté : "Le
Seigneur est ma lumière et mon salut. De qui aurais-je peur ?". Nous
pouvons dire avec Saint Paul dans la 2e lecture : "Nous sommes citoyens
des cieux". Le Seigneur transforme nos pauves corps, les
"défigurations de notre monde", en son corps glorieux de lumière.
Déjà ici et maintenant, nous pouvons donner des signes de transfiguration
dans le quotidien, petitement mais vraiment : tout geste d'amour, de charité,
est un geste et un signe d'espérance. Passons de la ténèbre à la lumière. C'est
ce qui nous guide en cette 2e semaine de Carême (voir le panneau de la
chapelle).
La vie est un étirement vers la lumière, un étirement dans les engourdissements
de nos obscurités, un étirement dans les courbatures de nos égoïsmes. Un
étirement qui coûte des efforts, mais qui peu à peu nous déplie vers la lumière
de la résurrection, vers la vie, vers une transfiguration et une re-création de
notre quotidien.
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