Homélie 6ème Dimanche T.O.A. 12 février 2023
P. Maurice BOISSON, Carmel de Saint Maur
Si 15,15-20 ; 1 Co 21,6-10 ; Mt 5,17-37
« Il vous a été dit dans la Loi de Moïse... Moi je vous dis... ».
Jésus affirme la nouveauté qu’il apporte. Serait-il venu pour supprimer les Commandements de Dieu donnés à Moïse ? « Je ne suis pas venu abolir » dit-il mais inviter à aller plus loin que l’attitude consistant à être en règle.
Nous entendons, parfois sous forme de plaisanterie : « J’ai pas tué, j’ai pas volé », tout va bien, je suis en règle avec ma conscience, avec Dieu... Est-ce bien vrai ? nous demande Jésus dans l’Evangile de ce dimanche. Jésus nous pousse à la lucidité : « On vous a dit : tu ne tueras pas. Moi je vous dis : si quelqu’un se met en colère contre un autre, s’il l’insulte, s’il le traite de « tête vide », de fou, il sera passible de l’enfer ! ». Jésus pousse un peu ! C’est vrai ! Il nous pousse à aller plus loin que l’attitude d’être en règle. Ce n’est pas rien, déjà, que d’être en règle, de ne pas tuer physiquement, de tenir parole, de ne pas trahir l’amour, mais ce n’est pas suffisant pour s’ajuster au désir de Dieu qui nous appelle à lui ressembler.
La nouveauté de Jésus nous emmène, dans nos attitudes et notre cœur, plus loin que la Loi. Tu n’as pas tué ? C’est bien. Mais est-ce bien vrai ? Est-ce que tu as aimé l’autre, ton frère et ta sœur en humanité ? Qu’as-tu dans le cœur, dans tes paroles, tes attitudes, vis-à-vis de l’autre ? Je n’ai pas tué physiquement ! C’est bien ! Mais le meurtre est une destruction et une négation de l’autre. Il y a plusieurs manières de détruire et de nier l’autre.
On parle de paroles assassines qui peuvent détruire l’autre...
Le Pape François revient souvent sur le sujet. Je le cite, il parle du « Cancer diabolique de la calomnie, de la médisance, du ragotage, de l’insulte ; la solution la plus mesquine pour détruire un être humain, dit-il, c’est la calomnie, le faux témoignage... ». La calomnie tue, la médisance tue, la langue peut tuer.
A propos de Mgr Romero, évêque de San Salvador assassiné en pleine messe pour être un défenseur des pauvres, le Pape François avait écrit : « Ils l’ont lapidé avec la pierre la plus coupante qui soit, la langue ! ».
Dans ce qu’il y a dans le cœur peut naître la volonté de détruire une personne. On peut tuer l’autre dans son cœur. La nouveauté de Jésus et de l’Evangile c’est d’aller plus loin que « Tu ne tueras pas » : « Tu aimeras ! ». C’est le Commandement nouveau qui résume toute la Loi et la Parole de Dieu, le Commandement de l’Amour pour lequel Jésus a donné sa vie. Il ne s’agit pas de tout bénir, de tout accepter. Jésus veut faire réfléchir : « Qu’est-ce qu’on a dans le cœur et dans la tête : pour détruire l’autre et lui nuire ? Ou bien chercher un chemin de vérité dans le respect mutuel ?
On pourrait continuer avec les autres Commandements cités par Jésus dans cet Evangile : tenir parole, ne pas trahir l’amour, agir dans la vérité,« Que votre oui soit oui si c’est oui, et non si c’est non. Ce qui est en plus vient du mauvais ». Non seulement Jésus nous apprend a ne pas nous contenter de ne pas faire ce qu’il ne faut pas, mais il nous pousse plus loin : à faire le bien, c’est-à-dire à aimer et on n’a jamais fini ; selon l’expression connue : « La mesure d’aimer et d’aimer sans mesure ».
« J’ai pas tué, j’ai pas volé... » : c’est le service minimum !
Nous sommes appelés au maximum : aimer de l’Amour de Dieu qui demeure en nous.
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