Jeudi Saint : La Cène du Seigneur. Année A. 06 avril 2023
Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur.
Il nous est arrivé (peut-être...) d’être près de quelqu’un au moment de sa mort. Ce n’est pas rien. C’est une expérience qui marque : recueillir les dernières paroles, les derniers gestes, les derniers regards, les graver dans notre mémoire, surtout dans notre cœur...
Ces derniers moments, souvent, nous aident à comprendre le secret de toute vie.
... Ils étaient là, les 12, autour de la table avec Jésus. Au menu : l’agneau, dont parle la 1er lecture, pour faire mémoire de la libération de l’esclavage en Egypte et de la marche vers une terre de liberté. Le nouvel agneau pascal, c’est lui, Jésus - demain il sera immolé sur la croix ... -
Dans le dernier repas, Jésus confie à ses amis, à nous aujourd’hui, son testament. Il sera signé de son sang. Ce testament n’est pas un discours mais des gestes qui parlent et disent le secret de sa vie et de sa mort : son Amour pour nous.
Deux gestes fondateurs qui vont constituer les communautés de celles et de ceux qui croiront en Jésus le Christ, deux signes distinctifs des amis de Jésus pour tous les temps... « Vous ferez cela en mémoire de moi ». :
- Jésus lave les pieds de ses amis. Un geste d’accueil des hôtes ayant marché pieds nus ou en sandales sur les chemins poussiéreux, geste effectué par le dernier esclave de la maison. Jésus, lui, le maître et Seigneur, fait ce geste de service humble, signe de la charité quotidienne, au ras du sol. « Je vous ai lavé les pieds, vous aussi devez vous lavez les pieds les uns les autres... ».
- Le 2ème geste de son testament, Jésus partage le pain : « C’est mon corps livré, prenez et mangez... Il fait passer la coupe de vin : c’est mon sang versé pour tous. Prenez et buvez. Vous ferez cela en mémoire de moi ».
Le testament de Jésus, que nous avons à réaliser, ce sont ces deux gestes inséparables. Ils signifient le don de lui-même, le secret de sa vie. Il ne s’agit pas seulement de reproduire les gestes matériels de Jésus mais de les refaire dans le même esprit, dans la même attitude intérieure qui étaient en Jésus : le don de lui-même pour ses frères et sœurs, dans l’Amour de Dieu son Père, l’humilité, le sens du service, l’amour de la charité dans les relations aux autres. Ces deux gestes inséparables rendent Dieu présent, chacun à leur manière. Ubi Caritas : où sont amour et charité Dieu est là, Dieu est « céans » (en vieux français) c’est-à-dire « Dieu est dans ces lieux ».
Ce soir, nous ne refaisons pas le geste du lavement des pieds, « c’est un exemple que je vous donne » dit Jésus...
Il y a tant et tant de manières, d’occasions, de gestes, d’attitudes, de paroles, pour « mettre tout ce que nous sommes au service des autres », écrit Sainte Thérèse d’Avila. Tant de manières de rendre Dieu présent par la charité et l’amour.
Aujourd’hui, ce geste du lavement des pieds n’est plus guère parlant. Demandons-nous pourtant à quoi il correspond aujourd’hui, pour nous, ici ?
Refaisons maintenant l’Eucharistie, signe et source de l’Amour donné en « mémoire de Lui ».
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