dimanche 10 octobre 2010

Thérèse d'Avila Vie 31, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 31, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Après avoir parlé de quelques tentations et de quelques troubles intérieurs et secrets qui me venaient du démon, je veux en rapporter d'autres dont j'étais assaillie presque en public, et où l'action de cet esprit de ténèbres était visible…
Je me trouvais un jour dans un oratoire, lorsqu'il m’apparut, à mon côté gauche, sous une forme affreuse…
Ces attaques se renouvelaient presque toujours lorsque Dieu me faisait la grâce d'être utile à quelque âme par mes avis
Un ecclésiastique qui, depuis deux ans et demi, vivait dans un péché mortel des plus abominables dont j'aie jamais entendu parler, et qui durant ce temps, sans se faire absoudre et sans se corriger, n'avait pas laissé de dire la messe, vint me déclarer le triste état de son âme... Je fus très vivement touchée de son sort, et de la grandeur de l'offense commise envers Dieu; je lui promis de demander et de faire demander instamment au Seigneur, par des personnes meilleures que moi, qu'il lui plût d'avoir pitié de lui…
Il ne pouvait considérer sans un profond étonnement ce que j'avais enduré à son sujet, et comment il était resté affranchi de son épreuve. Je n'en étais pas moins étonnée que lui; et si, pour le voir délivré de la tentation, il m'eût fallu souffrir plusieurs années encore, je m'y serais dévouée de bon cœur…

Une autre fois, je me vis entourée d'une multitude de ces esprits ennemis, mais j'étais en même temps environnée d'une vive lumière qui les empêchait de venir jusqu'à moi. Je compris que Dieu me protégeait contre eux, et qu'ils ne pourraient m'entraîner à aucune faute… Ils ne sont forts que contre ces âmes lâches qui capitulent sans combat; celles-là, ils les traitent en despotes…
Entraînée par cette tentation, je voulus sortir du monastère où j'étais, et m'en aller avec ma dot dans un autre du même ordre. Je savais que la clôture y était beaucoup mieux gardée, et qu'on y pratiquait de très grandes austérités; de plus, il était fort éloigné, ce qui me souriait beaucoup, par l'espoir d'y vivre inconnue; mais mon confesseur ne voulut jamais me le permettre. Ces craintes m'enlevaient grandement la liberté d'esprit, et je reconnus depuis qu'une humilité qui donnait naissance à tant de trouble n'était pas la bonne…


Aujourd'hui je vois clairement que ces vaines craintes, ces peines, et cette prétendue humilité, ne sont que des imperfections qui montrent que l'on n'est pas assez mortifié. Une âme qui s'abandonne entièrement à Dieu et qui juge sainement des choses, n'est pas plus touchée du bien que du mal qu'on dit d'elle; instruite par le divin Maître, elle a trop bien compris que de son propre fonds elle n'a rien. Ainsi, qu'elle se confie à Celui de qui tout lui vient. S'il fait éclater ses dons au dehors, elle doit penser qu'il a ses raisons pour cela. Mais en même temps, qu'elle se prépare à la persécution…

J'ose le dire, il faut plus de courage pour suivre le chemin de la perfection, lorsqu'on n'est pas parfait, que pour se dévouer à un prompt martyre. En effet, à moins d'une faveur toute particulière de Dieu, l'on ne devient parfait qu'en beaucoup de temps. Les gens du monde néanmoins ne voient pas plus tôt une personne entrer dans ce chemin, qu'ils veulent qu'elle soit sans aucun défaut: de mille lieues, ils découvrent la moindre faute qui lui échappe…

Vraiment, à les entendre, l'aspirant à la perfection ne devrait plus manger, ni dormir, ni même respirer, comme l'on dit… Il leur faut donc, je le répète, un grand courage; car elles n'ont pas encore commencé à marcher, et l'on veut qu'elles volent; elles n'ont pas encore vaincu leurs passions, et l'on veut que dans les combats les plus difficiles, elles restent aussi fermes que les saints confirmés en grâce, dont on a lu la vie…


Je souhaiterais savoir bien m'expliquer, car beaucoup d'âmes, je le crois, sont ici dans l'erreur. Elles veulent voler avant que Dieu leur ait donné des ailes… Je connais plusieurs âmes qui se trouvent, à cause de cette erreur, en grande affliction. Elles commencent par de grands désirs, une grande ferveur, et une ferme résolution d'avancer dans la vertu; plusieurs même abandonnent pour Dieu toutes les choses extérieures… elles lisent dans les traités d'oraison divers moyens pour s'élever à la contemplation, et n'ayant pas encore la force de les mettre en pratique, elles s'affligent et perdent courage…que ces âmes ne s'affligent point si elles ne peuvent tout à coup s'élever si haut; qu'elles se confient sans réserve en la bonté de Dieu: un jour, il changera leurs désirs en effets, pourvu qu'elles persévèrent dans l’oraison, et fassent de leur côté tout ce qui est en leur pouvoir…


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