vendredi 22 octobre 2010

Thérèse d'Avila, vie 34, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 34, extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Malgré mes soins pour tenir la chose secrète, tout ne put se faire avec tant de mystère que quelques personnes n'en eussent connaissance; les unes y croyaient, les autres refusaient d'y croire. Je craignais beaucoup que mon provincial, à la moindre parole qu'on lui en dirait à son arrivée, ne me défendit de poursuivre mon dessein; car, à l'instant même, j'aurais tout abandonné. Voici de quelle manière Notre Seigneur y pourvut.
Dans une grande ville (Tolède), distante de plus de vingt lieues de celle où j'étais, une dame de qualité venait de perdre son mari, et son extrême affliction l'avait réduite en tel état, que l'on craignait pour sa santé…
Soudain elle fit toutes les démarches possibles pour m'avoir chez elle, et en écrivit au provincial qui était alors fort éloigné d'elle. Celui-ci m'envoya un ordre, en vertu de la sainte obéissance, de partir sans retard avec une religieuse de mes compagnes…
Tandis que je me recommandais instamment à Dieu, je fus saisie d'un grand ravissement, qui dura tout le temps ou presque tout le temps des matines. Notre Seigneur me dit de partir… il convenait pour l'affaire du monastère que je fusse absente jusqu'à la réception du bref, parce que le démon avait ourdi une grande trame pour l'arrivée du provincial, mais je ne devais rien craindre, car il m'aiderait… Il plut à Notre Seigneur de faire éprouver à cette dame tant de consolation auprès de moi, qu'elle commença aussitôt à se porter beaucoup mieux. Son âme se dilatait de jour en jour...
Il arriva alors en cette ville un religieux de haute naissance, avec lequel j'avais traité un certain nombre de fois plusieurs années auparavant (Père Garcia de Tolède). Comme j'entendais un jour la messe dans un monastère de son ordre, voisin de la maison où j'étais, l'ardeur avec laquelle je souhaitais qu'il fût un grand serviteur de Dieu, m'inspira le désir de connaître la disposition intérieure de son âme. Ainsi, étant déjà recueillie dans l'oraison, je me levai pour aller lui parler…


En le quittant, je me retirai dans l'endroit solitaire où j’avais coutume de faire oraison… je me souviens qu'après avoir demandé au divin Maître, avec beaucoup de larmes, d'enchaîner sans réserve à son service ce religieux que j'avais toujours estimé bon, mais que je voulais voir parfait, je lui dis sans détour: Seigneur, vous ne devez point me refuser cette grâce; considérez que c'est là un excellent sujet pour être de nos amis.
O bonté, ô condescendance infinie de Dieu! Il parait bien qu'il ne prend pas garde aux paroles, mais qu'il considère seulement les désirs et l'amour qui les dictent. Et il souffre qu'une pécheresse comme moi parle avec tant de hardiesse à sa Majesté! Qu'il en soit à jamais béni!
Quant à la grâce que j'avais demandée pour ce religieux, j'avais la confiance qu'elle lui serait accordée…il résolut de s'adonner désormais à l'oraison de la manière la plus sérieuse, sans toutefois en venir à l'exécution à l'instant même…
Toutes les fois qu'à partir de cette époque ce religieux s'est entretenu avec moi, sa parole m'a laissée comme ravie; si je n'avais vu de mes yeux ses admirables progrès, j'hésiterais à croire que Dieu lui ait fait en si peu de temps de si grandes grâces. Il est habituellement si absorbé en Dieu, qu'il parait mort à toutes les choses de la terre. Je prie la divine Majesté de le soutenir toujours de sa main. S'il travaille à se perfectionner de plus en plus, comme la profonde connaissance qu'il a de lui-même me donne sujet de l'espérer, il sera un des plus remarquables serviteurs de Dieu, et il rendra des services signalés aux âmes, par l'expérience qu'il a si promptement acquise des choses spirituelles.
Cette expérience est un don du Seigneur, qu'il accorde quand il lui plait et comme il lui plaît; le temps et les services n'y font rien. Je ne nie pas qu'ils ne puissent y contribuer beaucoup, mais je dis que souvent Dieu, dans l'espace d'un an, élève certaines âmes à une plus haute contemplation que d'autres en vingt années. Lui seul en sait la raison…Je ne dis pas qu'un savant qui n'est pas dans ces voies ne puisse conduire les âmes qui y sont, pourvu que dans les choses ordinaires, tant intérieures qu'extérieures, il se règle d'après les lumières de la raison, et que pour les surnaturelles, il se conforme à l'Écriture sainte. Pour le reste, qu'il ne se mette pas la tête à la torture, et ne se flatte pas d'entendre ce qu'il n'entend point…
O mon Jésus! qu'elle est puissante l'action qu'exerce une âme embrasée de votre amour! Quelle estime ne devons-nous pas faire d'elle! et avec quelles instances ne devrions-nous pas vous supplier de la laisser longtemps en cette vie! Quiconque brûle du même amour devrait, s'il le pouvait, s'en aller à la suite de ces âmes. Quel avantage immense pour un malade du divin amour, d'en trouver un autre atteint du même mal! Quelle consolation pour lui de n'être plus seul! Comme ils s'excitent l’un l'autre à souffrir et à mériter! Comme ils se fortifient dans la résolution d'exposer pour Dieu mille vies, et dans le désir de trouver l'occasion de la perdre effectivement pour son amour !… Souffrir, voilà le métier de ces âmes. Oh! quelle grande chose que de recevoir de Dieu la lumière, pour comprendre ce que l'on gagne à souffrir pour lui!...


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