Homélie de l’Annonciation –
Année A
Carmel de Saint-Maur – Père
Maurice Boisson
« Alors,
l’ange la quitta. »
Voilà la
jeune Marie, seule avec ce qui lui arrive : l’annonce d’un enfant alors
qu’elle n’habite pas avec Joseph, le message quelque peu mystérieux de l’ange
au sujet de cet enfant, l’annonce que la vieille cousine, qu’on disait stérile,
attend, elle aussi un enfant… Tiraillée entre peur et confiance, elle dit sa
disponibilité à ce qui lui est proposé, sans savoir la suite, ni la fin. La
voilà seule, sous le poids et dans l’épaisseur de cette visite. Elle aurait
bien aimé partager, Marie, parler avec quelqu’un de ce qui lui arrivait,
surtout avec son fiancé bien-aimé… Trop tôt ! Il n’aurait pas compris,
elle-même ne comprenait déjà pas ! On a vu lundi, dans l’annonce faite à
Joseph, que ce n’était pas simple. Un vrai drame d’amour se déroulait entre les
deux fiancés.
L’ange la
quitta…
N’oublions
pas que la venue de Dieu dans notre humanité, chez nous, en nous, a commencé
dans le questionnement, l’incertitude, la peur, la souffrance… On n’a même pas
fini de lire es quelques lignes que l’on est aussitôt à l’acceptation, à la
disponibilité de Marie, au Fiat et au Magnificat, à la
Visitation… Alléluia, c’est super ! Pas de problème !
La retraite
que vous venez de vivre, mes Sœurs, a attiré votre attention sur l’humanité du
Christ, un pilier de la spiritualité de Sainte Thérèse de Jésus. Le Verbe s’est
fait chair dans l’humain de Marie, de Joseph, dans le risque, dans leurs
questions, leur incompréhension, leur peur, leur choix, leur conscience ouverte
à autre qu’eux-mêmes, à un souffleur. Celui-ci, de la part de Dieu, les
invitait à écouter ce qui les dépassait, à faire confiance, parce que ce qui se
passait, venait non pas d’eux, mais de Dieu. De Dieu qui leur demandait de
participer à une nouvelle Création, une nouvelle naissance.
Parce qu’on
connait la suite et la fin de l’histoire, ne passons pas trop vite sur ces
quelques lignes, ni sur les neuf mois, où Dieu a pris corps dans un corps
humain, dans un couple apparemment pas en règle, où Joseph prit Marie chez lui,
on sait dans quelles circonstances !
La venue de
Dieu dans notre humanité est vraiment une immersion du divin dans l’humain,
pour que l’humain devienne divin. Il en est ainsi dans notre vie : c’est
notre expérience spirituelle, inséparable de notre expérience humaine. C’est un
itinéraire de confiance, un pèlerinage de confiance pour reprendre l’expression
de Taizé, une marche. D’une annonce, faite d’incertitude et d’accueil vers une confiance,
fondée sur la Vérité de Dieu.
Nous sommes
parfois, comme Marie dans sa cuisine, quittée par l’ange, seuls avec ce qui
arrive, touchés par des turbulences intérieures, des questionnements, parfois
des révoltes ou des découragements. Dans ces moments, relisons ces quelques
lignes… sans vouloir en être à l’Assomption ou à la Résurrection. Mais, passons
un moment avec Marie, chez elle. L’ange entra chez elle et dans son cœur. Elle
nous apprend, avec Joseph, que la confiance n’est pas une naïveté aveugle, qu’elle
n’est pas un mot facile pour se consoler à bon compte. Ne séparons pas Marie et
Joseph ! Ils nous disent, ensemble, que la confiance est d’abord le fruit
d’un combat intérieur et d’un choix. C’est chaque jour que nous sommes appelés
à faire et refaire le chemin de l’inquiétude, des questions, des creux… vers la
confiance, qui reste un risque. C’est le chemin de Marie et Joseph.
Dans nos
existences, il y a toujours des annonces. Quelle annonce nous a été chuchotée,
pendant cette semaine de retraite ? Pour que le Seigneur prenne davantage
corps et habitation en nous et dans notre communauté.
« Me
voici Seigneur, je viens faire ta volonté ! » ( antienne du Ps 39)
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