Homélie du 3ème dimanche de Carême, année A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Que nos coeurs
soient attentifs, pour écouter le récit d’une des plus belles rencontres de
Jésus ! Une rencontre avec nous-mêmes, d’où jaillit une source d’eau vive : le
don de Dieu-Amour.
Un puits où
jaillit une source souterraine, un lieu de rencontre.
Un homme,
voyageur, fatigué, assis au bord de ce puit.
Une femme,
venant remplir sa cruche, en plein midi.
Tout sépare ces
deux personnes : la haine mutuelle de leur peuple, la religion, la culture, les
convenances, le lieu et l’heure de la rencontre. L’eau les réunit.
« Donne-moi à boire » demande ce voyageur n’ayant rien pour puiser de
l’eau, et passant outre toutes les convenances et les barrières. Elle est venue
au puits, à l’heure de midi, la plus chaude, pour ne rencontrer personne, de
peur d’avoir à subir des regards et des paroles blessantes : elle a eu 5 maris
et l’homme qui est avec elle, est un compagnon ! « Donne-moi à
boire » le plus profond de ce qui est humain : le désir d’aimer vraiment,
et la faiblesse et les échecs et la soif de fraîcheur et de limpidité et les
expériences décevantes et l’isolement, ce terreau humain, notre
« hommerie ». Rencontre, au bord du puits, le divin : la source,
l’eau vive, la fraîcheur, la limpidité, la vie, l’amour : le coeur de Dieu.
L’eau du puits,
qui jaillit de la terre souterraine de notre humanité, devient, pour cette
femme comme pour nous, l’eau vive, jaillir du coeur de Dieu, eau tonifiante,
apaisant son désir intérieur qu’elle n’arrive pas à combler par ses amours
successifs.
Au-delà des
convenances, des barrières, des situations non conformes, Dieu, en Jésus notre
frère, prend l’initiative de nous rejoindre, pas pour jeter dans le puits, mais
pour nous donner l’eau vive qui nous relève, et nous remet sur la route, l’eau
vive qui remplit nos cruches.
« Donne-moi
à boire » pour que nous réalisions que c’est nous qui devons te demander
l’eau vive dont nous avons soif, parfois sans le savoir. Nous sommes cette samaritaine
que Jésus emmène au plus profond d’elle-même, de nous-mêmes : là où notre puits
est fermé par une pierre que nous ne pouvons plus soulevée, celle du puits de
Jacob; là où notre coeur desséché a besoin de se réhydrater; au bord du puits,
là où nous conduit intérieurement; là où comme cette femme de Samarie, comme
Marie-Madeleine, tous ceux au coeur usé, comme Pierre et les autres, au coeur
incrédule et découragé, il nous conduit à l’eau vive, fraîche, tonifiante et
claire. Voilà que ce voyageur, sur la margelle de nos puits, nous indique la
vraie source : « C’est toi qui aurais dû me demander à boire… Je t’aurais
donné l’eau vive… » « Quiconque boit l’eau que je lui donnerai,
n’aura plus jamais soif. »
Dans nos
turbulences intérieures et les vagues de notre monde, près du puits, le
voyageur réveille en nous une autre soif et une autre source. « L’eau que
je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie, la vraie,
pleine, complète, entière. C’est le don de Dieu, le don de lui-même, qui est
Amour.
« Si tu savais le don de Dieu, tu me
demanderais cette eau vive! » « Je désirais vivre et je ne vivais
pas. » Vous avez reconnu, mes Soeurs, ces mots de Thérèse de Jésus (Vie
8), ce soupir est celui d’aujourd’hui : « je désire vivre et je ne vis
pas », c’était celui de cette femme avec sa cruche. « Laissant là sa
cruche », vide de son passé et de l’eau du puits, prête à être remplie
pour sa soif d’eau vive, de l’eau de la vraie source. « Seigneur,
donne-moi de cette eau, que je n’aie plus jamais soif ! » « Moi, qui
te parle, je suis l’eau vive. » Au pays de la soif, il est une source.
Heureux l’homme assoiffé qui puise à cette eau vive !
Seigneur, nos
cruches sont vides, nos coeurs ont soif d’eau vive. Remplis-les du don de Dieu,
source de toute vie et de tout Amour.
« Si tu
savais le don de Dieu ! »
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