lundi 30 décembre 2019

Homélie de la fête de la Sainte Famille Année À 2019


Homélie de la fête de la Sainte Famille Année À 2019 
Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON

Si 3,2-6. 12-14; Col 3,12-21; Mt 2,13-15. 19-23

Les fêtes de Noël et la famille, ça va bien ensemble. Noël nous rassemble, quand c'est possible. C'est un peu le "point rencontre" familiale. La douceur, la tendresse, la paix de la crèche se transmettent, tant bien que mal, dans la vie du monde, au moins pour un temps, ou plus exactement elles essaient de s'y frayer un chemin.
Ce n'est pas étonnant que nous fêtions la Sainte Famille de Joseph, Marie, Jésus. Ce qui est le plus étonnant c'est que nous l'appelions la "Sainte Famille"! Cette famille serait-elle sans problème, sans histoire, où tout baigne dans l'eau de rose?

Ce n'est pas le cas de la famille de Jésus, ni de celles de ses ancêtres, où certaines situations n'étaient pas très dans les normes, parfois scandaleuses et violentes. Ce n'est pas non plus toujours le cas de nos familles. Dans la famille de Jésus, les difficultés ont commencées avant la naissance, au cœur même de l'amour -fort- de Joseph et de Marie et au cœur des choix à faire. Les évènements autour de la naissance ont été plutôt compliqués, comme le récit de cet Evangile.
Jésus grandissant, vous, parents, vous connaissez! Jésus grandissant fausse compagnie à ses parents qui se font un souci fou et ne comprennent rien à ses explications. Il répond sèchement à sa mère, à Cana, il quitte l'atelier et la maison... Devant tout le monde, il prend de la distance avec sa famille pour une "autre famille" : celle de ceux qui écoutent et pratiquent la Parole de Dieu. Mais, sa famille de sang vient le chercher pour le ramener à la maison et à la raison : "Il perd la tête". On dit toutes sortes de mal sur lui où il habite maintenant: "C'est un buveur, un glouton, il fréquente n'importe qui, il cause avec les prostituées etc..." Et, surtout, la fin des complications : une condamnation à mort comme un bandit. Sainte Famille!...
Et pourtant oui, Sainte Famille! Au cœur même des épreuves, des soucis, des joies, des incompréhensions, chacun, à sa manière, a su écouter une voix intérieure lui soufflant quel était le désir de Dieu sur lui. Marie s'est rendu disponible à ce désir de Dieu, non sans question ni sans souffrance, mais non sans joie intérieure. Joseph n'a rien dit, mais il a fait ce que la voix intérieure de l'ange lui avait dit : "Il prit chez lui Marie", "Il prit l'enfant et sa mère et partit". C'est le récit de ce matin. Jésus dit et redit qu'il est là pour faire la volonté de son Père qui l'a envoyé. La Sainteté est justement dans l'ajustement à la voix intérieure exprimant quelque chose du désir de Dieu, dans les situations concrètes de la vie, parfois et souvent imprévues. Marie, Joseph, Jésus ont écouté une voix intérieure autre que leur propre désir. "Comment cela va-t-il se faire?" dit Marie. Joseph était décidé de renvoyer Marie. "Si ces moments pouvaient passer à côté de moi" dit Jésus, "mais non pas ce que je veux mais ce que tu veux". Ce que vivent, ou "ce que à quoi" sont appelées à vivre nos familles de sang est vrai pour les familles religieuses. Si l'on s'appelle : soeur, frère, mon père, ma mère... ce ne sont pas d'abord des titres. C'est une réalité : des relations à vivre, à réaliser dans ces familles où, dit Jésus, "ses frères et sœurs, pères, mères, sont celles et ceux qui pratiquent la Parole de Dieu et en vivent fraternellement".
La Sainteté de nos familles se développe par l'amour, la confiance et le soutien dans les situations difficiles, dans l'écoute et le respect de l'autre dans ce qu'il est et la propre parole de chacun pour que grandisse en tous ce qu'il y a de meilleur en lui. On serait bien démuni de ne compter que sur nous-mêmes pour prendre soin de ces liens charnels et spirituels qui demandent le plus grand soin, parfois guérison des blessures et toujours la force d'aimer et de recommencer à aimer. La famille, qu'elle soit charnelle ou religieuse, ou d'affection amicale est toujours le lieu où l'on apprend à aimer (ça peut parfois être le contraire). C'est dans ces relations humaines que Jésus a appris à aimer aussi bien, et plus particulièrement, dans la relation à son Père : "Dieu est Amour".

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