Homélie de la fête de la Sainte Famille Année À 2019
Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON
Si 3,2-6. 12-14; Col 3,12-21; Mt 2,13-15. 19-23
Les fêtes de Noël et la famille, ça va bien ensemble.
Noël nous rassemble, quand c'est possible. C'est un peu le "point
rencontre" familiale. La douceur, la tendresse, la paix de la crèche se
transmettent, tant bien que mal, dans la vie du monde, au moins pour un temps,
ou plus exactement elles essaient de s'y frayer un chemin.
Ce n'est pas étonnant que nous fêtions la Sainte Famille
de Joseph, Marie, Jésus. Ce qui est le plus étonnant c'est que nous l'appelions
la "Sainte Famille"! Cette famille serait-elle sans problème, sans
histoire, où tout baigne dans l'eau de rose?
Ce n'est pas le cas de la famille de Jésus, ni de celles
de ses ancêtres, où certaines situations n'étaient pas très dans les normes,
parfois scandaleuses et violentes. Ce n'est pas non plus toujours le cas de nos
familles. Dans la famille de Jésus, les difficultés ont commencées avant la
naissance, au cœur même de l'amour -fort- de Joseph et de Marie et au cœur des
choix à faire. Les évènements autour de la naissance ont été plutôt compliqués,
comme le récit de cet Evangile.
Jésus grandissant, vous, parents, vous
connaissez! Jésus grandissant fausse compagnie à ses parents qui se font un
souci fou et ne comprennent rien à ses explications. Il répond sèchement à sa
mère, à Cana, il quitte l'atelier et la maison... Devant tout le monde, il
prend de la distance avec sa famille pour une "autre famille" : celle
de ceux qui écoutent et pratiquent la Parole de Dieu. Mais, sa famille de sang
vient le chercher pour le ramener à la maison et à la raison : "Il perd la
tête". On dit toutes sortes de mal sur lui où il habite maintenant:
"C'est un buveur, un glouton, il fréquente n'importe qui, il cause avec
les prostituées etc..." Et, surtout, la fin des complications : une
condamnation à mort comme un bandit. Sainte Famille!...
Et pourtant oui, Sainte
Famille! Au cœur même des épreuves, des soucis, des joies, des
incompréhensions, chacun, à sa manière, a su écouter une voix intérieure lui
soufflant quel était le désir de Dieu sur lui. Marie s'est rendu disponible à
ce désir de Dieu, non sans question ni sans souffrance, mais non sans joie
intérieure. Joseph n'a rien dit, mais il a fait ce que la voix intérieure de
l'ange lui avait dit : "Il prit chez lui Marie", "Il prit
l'enfant et sa mère et partit". C'est le récit de ce matin. Jésus dit et
redit qu'il est là pour faire la volonté de son Père qui l'a envoyé. La
Sainteté est justement dans l'ajustement à la voix intérieure exprimant quelque
chose du désir de Dieu, dans les situations concrètes de la vie, parfois et
souvent imprévues. Marie, Joseph, Jésus ont écouté une voix intérieure autre
que leur propre désir. "Comment cela va-t-il se faire?" dit Marie.
Joseph était décidé de renvoyer Marie. "Si ces moments pouvaient passer à
côté de moi" dit Jésus, "mais non pas ce que je veux mais ce que tu
veux". Ce que vivent, ou "ce que à quoi" sont appelées à vivre
nos familles de sang est vrai pour les familles religieuses. Si l'on s'appelle
: soeur, frère, mon père, ma mère... ce ne sont pas d'abord des titres. C'est
une réalité : des relations à vivre, à réaliser dans ces familles où, dit
Jésus, "ses frères et sœurs, pères, mères, sont celles et ceux qui
pratiquent la Parole de Dieu et en vivent fraternellement".
La Sainteté de nos familles se développe par l'amour, la
confiance et le soutien dans les situations difficiles, dans l'écoute et le
respect de l'autre dans ce qu'il est et la propre parole de chacun pour que
grandisse en tous ce qu'il y a de meilleur en lui. On serait bien démuni de ne
compter que sur nous-mêmes pour prendre soin de ces liens charnels et
spirituels qui demandent le plus grand soin, parfois guérison des blessures et
toujours la force d'aimer et de recommencer à aimer. La famille, qu'elle soit
charnelle ou religieuse, ou d'affection amicale est toujours le lieu où l'on
apprend à aimer (ça peut parfois être le contraire). C'est dans ces relations
humaines que Jésus a appris à aimer aussi bien, et plus particulièrement, dans
la relation à son Père : "Dieu est Amour".
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