Homélie 3ème
dimanche Avent 2019-2020
Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON.
Is
35,1-6a10 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11
Vous arrive-t-il de douter ?
Sans doute oui ! On ne doute pas forcément de l’existence de Dieu !
Encore que ça puisse arriver ! Mais, parfois, nous pouvons douter de
nous-mêmes, des autres, du bien fondé de tel choix, de l’intérêt de tel
projet... Douter, c’est ne plus être sûr... C’est être ébranlé dans nos
certitudes – et notre confiance – « Ce n’est peut-être pas ce qu’on
croyait ? »
C’est l’expérience de Jean Baptiste
qui nous est rapportée, ce dimanche, dans l’Evangile. Il est fort de
tempérament ce Jean-Baptiste, et pourtant ! Dans sa prison, il entend
parler de Celui qu’il avait présenté comme « l’Envoyé de Dieu, le Messie » Jésus, son cousin. Il l’avait
lui-même baptisé, il l’avait recommandé à ses propres disciples, certains l’on
suivi. Et, il entend dire que ce cousin, Jésus, fréquente n’importe qui. On dit
de Lui que c’est un goinfre et un buveur, il fait des choses contraire à la
Loi : il touche des lépreux, ne respecte pas le Sabbat, ne jeûne pas, il
dit les 4 vérités aux notables... il parle de Dieu comme son Père... etc.
« Serait-ce bien Lui, le
Messie ? Me serais-je trompé ? » pense Jean-Baptiste. Il ne
correspond pas à l’idée qu’on se fait du Messie...
« Es-tu bien le même, la même,
que l’image que je me faisais de toi ? Es-tu bien le même que celui que
j’ai aimé ?» disait un jour, chez moi, une jeune femme à son mari... (J’avais
célébré leur mariage il y a 2 ans)... et les difficultés arrivaient... Les
doutes s’installaient sur leur choix.
« Es-tu Celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un Autre ? » fait demander Jean-Baptiste à Jésus.
Jésus ne répond pas par des théories, des démonstrations, des justifications. « Allez dire à Jean ce que vous voyez et
entendez » : des gestes, des actes, des Paroles, des signes qui
attestent que je suis bien « l’Envoyé
de Dieu ». « Venez et vous
verrez » avait dit Jésus à ses premiers amis.
Des gens sont guéris dans le plus
profond de leur être et de leurs infirmités, des yeux s’ouvrent à la Lumière,
des oreilles se débouchent pour entendre et surtout pour écouter, des éclopés
de la vie se tiennent debout, reprennent courage, les lèpres qui rongent les
corps et les cœurs sont cicatrisés. La Parole de l’Evangile, Bonne Nouvelle,
redonne de l’Espérance etc. « Allez
raconter tout cela à Jean-Baptiste. Il se rappellera que c’est bien ce que les
Prophètes avaient annoncé à mon sujet ». Ce sont des actes, des
attitudes, des gestes et les Paroles qui les accompagnent, qui disent la
Présence de Dieu aujourd’hui parmi nous. Nous sommes dans une culture, en ce
temps, où les belles paroles ne suffisent pas pour ôter les doutes et la
méfiance. « Dites à Jean ce que vous
voyez », « dites aux gens ce que vous voyez » : comment,
aujourd’hui, les signes de la Présence du Christ et de la force de l’Evangile
sont-ils visibles, compréhensibles, crédibles ? Ces signes ne se trouvent
pas dans l’extraordinaire, ni dans le « hors sol ». Ils sont souvent
à portée de cœur, à portée de mains, de bonté, de justice, d’attention, à
portée de nos yeux que Jésus vient ouvrir, de nos oreilles qu’il vient
déboucher, de nos lèpres qu’il vient guérir, de nos plaies qu’il vient
panser...
Chacun, chacune et ensemble, là où
nous sommes, nous sommes des signes qui peuvent ôter les doutes sur la Présence
de Dieu. Si nous nous efforçons comme dit Saint Jean « d’aimer nos frères et sœurs non pas en paroles mais en actes et en
vérité » (I Jean 3,18). « Dites
à Jean ce que vous voyez ».
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