Homélie 5ème
dimanche TO année A 2020
Père Maurice BOISSON
- Carmel de Saint Maur
Is 58,7-10 ; 1Co
2,1-5 ; Mt 5,13-16.
Un savant
du temps de Jésus disait : « Rien n’est plus utile que le sel et le
soleil ». Depuis, on a un peu tempéré cette affirmation : « Ne mangez pas trop salé », « Ne vous exposez pas trop au
soleil ! ». Jésus parle en son temps. Il emploie ces deux
éléments : « Sel et Lumière »
pour définir la présence des chrétiens dans le monde, et notre identité de
chrétiens.
Jésus ne
dit pas : « Soyez le Sel de la
terre, soyez la Lumière du monde » mais « Vous êtes le Sel, vous êtes la Lumière... ». Faites ce que
vous êtes : donnez du goût, de la saveur à la vie. Eclairez la
signification et la direction de la vie, comme dit le Psaume : « Ta Parole est la Lumière de nos pas, la Lampe
de ma route » (Ps 118).
Indépendamment
des prescriptions médicales, le sel donne du goût. La Foi, l’Evangile, le
témoignage, la prière « relèvent » les plats que nous servent la vie,
les évènements, le quotidien. Il peut arriver qu’on n’ait plus de goût à rien,
ou que plus rien n’ait de goût... « Le
plus grand danger est de perdre le goût de Dieu » dit l’écrivain
Julien Green. « Quand le sel
s’affadit, il ne sale plus » dit Jésus, « Il ne vaut plus rien ». « Vous êtes le Sel de la terre ». Avant les congélateurs on
conservait les aliments dans le saloir. Jésus ne nous dit pas d’être « des
conservateurs » mais de garder fraîches, savoureuses, la qualité et les
valeurs de l’Evangile : la vie, l’amour, la charité et de garder le bon
goût de la vie.
« Vous êtes la Lumière du monde » ... ».
Que dire de la « Lumière »?
Sinon qu’elle est faite pour éclairer. On est bien petit quand on est dans le
noir, dans la nuit, qu’elle soit physique ou morale. Parlant de la lumière,
Jésus ne voyait que des lampes à huile, la lumière du jour ou celle du feu. La
lumière permet de se repérer, de savoir où l’on est et où l’on va, de pouvoir
regarder les êtres et les choses qu’elle met en valeur.
La présence
des chrétiens comme « Lumière »,
n’est pas d’attirer le regard vers eux mais vers Celui qui est la vraie Lumière
éclairant tout être humain... «Je suis la Lumière du monde » dit
Jésus. « Vous êtes la Lumière »
dit-il de nous. Nous sommes des rayons de l’unique « Lumière » qu’est le Christ. « Vous êtes le sel » à condition qu’il ne reste pas dans la
salière mais qu’il soit dans la soupe. « Vous êtes la Lumière », à condition qu’on ne mette pas la
lampe sous un cuveau mais à la bonne place pour éclairer la pièce. « Que votre Lumière brille devant les hommes »
nous dit Jésus. A quoi sert le meilleur parfum s’il reste dans un flacon fermé,
même si le flacon est beau ! Être le « Sel », être « la Lumière »,
c’est être présent dans la vie, la nôtre et la vie du monde, pour y apporter du
goût, du sens, de la clarté, de l’intérêt, de la beauté, de la saveur, tout ce
qui fait la bonne odeur et la douce Lumière de l’Evangile que nous avons reçues
à notre Baptême.
A quoi
reconnaît-on que nous sommes « Sel »
et « Lumière » ? La
réponse est dans la dernière phrase de cet Evangile : « Si les gens voient ce que vous faites de
bien ». En voyant nos actes, le
témoignage de notre vie ! C’est aussi le message de la 1ère
lecture : « Ta lumière se
lèvera dans les ténèbres, elle jaillira comme l’aurore, si tu partages, si tu
accueilles ou si tu fais disparaître le geste accusateur, la parole malfaisante... ».
Notre
société et notre monde vivent aujourd’hui des turbulences importantes. On a
besoin de retrouver le goût des vraies valeurs et un peu de « Lumière » dans cette l’obscurité de
l’actualité. Là où nous sommes, soyons cette petite pincée de sel qui donne
goût et courage, et soyons une modeste veilleuse indiquant la route dans la
nuit, rayon de Celui qui est « Lumière
du monde » !
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