lundi 17 février 2020

Homélie 6ème dimanche TO année A 2020


Homélie 6ème dimanche TO année A 2020

Père Maurice BOISSON - Carmel de Saint Maur
Si 15,15-20 ; 1Co 2,6-10 ; Mt 5,17-37.

            « J’ai pas tué, j’ai pas volé... ». Tout va bien, je suis en règle ! Le reste : ce n’est pas grave !... Mais, suis-je bien sûr « d’être en règle » avec Dieu, avec ma conscience, avec les autres si je n’ai pas manqué aux Grands Commandements de Dieu, en particulier à celui que Jésus cite en premier : « Tu ne tueras pas » ? Et bien, ce n’est pas ce qu’on vient d’entendre dans la bouche de Jésus : « Il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ! Et bien moi, je vous dis : si quelqu’un se met en colère contre son frère il devra passer en jugement, s’il insulte son frère il devra passer par le tribunal, s’il le traite de fou, c’est-à-dire de « tête vide », il sera passible de l’enfer ! ».
            Jésus nous invite à aller plus loin que l’attitude « d ‘être en règle » et en ce cas de ne pas commettre de meurtre physique.  Mais comment te comportes-tu envers l’autre ?

 Le frère, ici, ne désigne pas seulement le frère ou la sœur de sang, mais tout être humain qui est, de fait, notre frère, notre sœur en humanité et dans la foi. « Vous êtes tous frères, vous n’avez qu’un seul Père » dit Jésus. La nouveauté de Jésus est de nous entraîner plus loin que la Loi, que le Règlement. Tu n’as pas tué physiquement, mais est-ce que tu as aimé ? Tu n’as peut-être pas fait de mal à l’autre, mais est-ce que tu as fait le bien ? Qu’est-ce que tu as dans ton cœur, dans tes paroles, dans tes attitudes vis à vis de l’autre ? « Je n’ai pas tué », pas physiquement, bien sûr. Le meurtre c’est une destruction, c’est la négation de l’autre. Ne parle-t-on pas de paroles assassines qui tuent, d’attitudes qui peuvent détruire l’autre ? Le Pape François revient régulièrement sur ce qu’il appelle : « Ce cancer diabolique ». « Calomnie, médisance, ragotage, insulte » ce sont ses mots. Et le Pape continue : « La solution la plus mesquine pour détruire un être humain c’est la calomnie et le faux témoignage (c’est-à-dire ces gros mensonges dont Jésus parle aussi dans cet Evangile) ». « La calomnie tue », continue François, « la médisance tue, l’insulte tue, la langue peut tuer. Ces attitudes naissent de la volonté de détruire la réputation d’une personne, et parfois la personne elle-même ! On peut déjà tuer l’autre dans son cœur. » (fin de citation).
            Il ne s’agit pas, bien sûr, de tout bénir, de tout accepter. Ce qui est mauvais est mauvais. Jésus lui-même s’est affronté aux Pharisiens et à ses proches amis, à Pierre entre autre, mais sans intention de les diminuer ni de les détruire mais de les faire grandir. Après avoir bien secoué Pierre et que celui-ci lui ait renouvelé son Amour, Jésus lui confie la plus haute responsabilité. Je ne pense pas (je ne peux pas me mettre à la place de Jésus), je ne pense pas qu’on irait en enfer, comme dit Jésus, si dans une discussion un peu vive et passagère, on dit à quelqu’un « Tu n’as rien dans la tête ! »... Non. Jésus veut nous faire réfléchir : Qu’est-ce qu’on a dans le cœur ? Quelles sont nos intentions ? Détruire l’autre par la violence et lui nuire ou chercher un chemin de vérité dans le respect mutuel ? On pourrait continuer avec les autres commandements qui sont cités dans cet Evangile. Quelle est notre intention intérieure dans notre relation aux autres par rapport au désir de posséder, non seulement des choses mais  de posséder l’autre, par rapport à l’exigence de vérité...
            Au fond, le message de ce dimanche nous invite à réaliser peu à peu ce que nous sommes  en vérité, en nous rapprochant de la manière et des « airs » de Dieu, puisque nous sommes ensemble ses enfants. Ces manières d’être de Dieu, son cœur, nous sont dites par son Fils Jésus, le Christ notre frère. Il nous apprend à ne pas nous contenter de ce que nous ne devons pas faire, ce qui est déjà pas mal. Mais à faire le bien : c’est-à-dire à aimer, et on n’a jamais fini car il n’y a pas de limite. Jésus nous renvoie à l’essentiel : au-delà des façades et des vernis, à la qualité de notre intérieur, à ce que nous avons dans le cœur et dans la tête aussi... « J’ai pas tué, j’ai pas volé... » mais est-ce que tu as fait le bien ? Est-ce que tu as aimé ?

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